30 avril 2015

Bribes...


Pérou chantier…

Au Pérou, nous avons vu des merveilles du passé, enchâssées  dans des merveilles naturelles, des ruines aux pierres ajustées, rigoureusement alignées, taillées, préparées, des constructions soigneusement adaptées à leur environnement, qui épousent les montagnes… Il y avait un souci évident d’esthétisme en plus de l’aspect pratique, fonctionnel, et même antisismique grâce à l’architecture trapézoïdale de ces bâtiments.

Au Pérou, nous avons aussi vu les horreurs de présent, toutes les banlieues, quartiers extérieurs et toutes ces villes qui semblent pousser comme des champignons, des champignons vénéneux ! Aguas Calientes, au pied des ruines les plus célèbres, Juliaca, près du lac Titikaka,  Ilave, près de la frontière bolivienne, capitale du pays Aymara, sont toutes d’immenses chantiers habités. La technique de construction est simple : Sur une dalle de béton on élève des piliers, on coule une nouvelle dalle, puis on remplit les murs avec un briquetage léger, on laisse des ouvertures fermées avec des portes en tôle, une sorte de plexiglas fumé ou peut être du verre très fin pour les fenêtres et hop ! Le rez-de- chaussée est habitable ! Bien sûr on prévoit des fers à béton pour les étages futurs : Ils dépassent de plusieurs mètres des piliers existants, on les réunit en bouquet et on plante un joli seau en plastique dessus pour les protéger. Jamais de crépi, de toiture terminée, tout est toujours inachevé et néanmoins habité. Les antennes de télévision qui hérissent ce qu’il faut bien appeler les toits, sont là pour le prouver, ainsi que les étendages qui mettent la seule note de couleur gaie. A Juliaca, une grosse ville, autour de trois cent mille habitants le plan d’urbanisation est ahurissant. De grandes avenues traversent la ville, elles sont larges et ont en leur milieu une allée piétonne qui serpente, avec des abribus, de jolis luminaires et même je crois des panneaux décoratifs ; c’est bien n’est ce pas ? Mais voilà, de chaque côté c’est un chantier ! Les voies ne sont que partiellement goudronnées, les véhicules circulent dans une anarchie complète dans la boue en zigzaguant pour éviter les nids de poule qui jalonnent leur trajectoire… L’allée piétonne est vide, inutile, inaccessible…En bus, nous avons mis une grosse demi-heure pour traverser la ville. Je crois que je n’y ai pas vu une seule maison terminée… Chaque rue, chaque aspect de la ville est le même, une perspective de briquetage mal finis, des terrasses encombrées de tôles, d’étendages, hérissées de fers à béton, des escaliers sans rampe, qui débouchent sur rien, des rues, ruelles, non revêtues, sales, dignes des villes africaines, la chaleur en moins . C’est une vision d’une tristesse infinie, que cette attente indéfinie d’un futur meilleur, que cette absence définitive de beauté, du moindre élément destiné à rendre joli, propre, agréable à voir… Que sont devenus les incas ? Leur rigueur, leur sens de l’organisation ?

Leurs descendants qui portent aux nues leurs soi-disant ancêtres feraient bien de s’en inspirer un peu, pour rendre avec les techniques actuelles leurs villes plus confortables, plus agréables à voir.

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