15 avril 2015

Cabanaconde




Cabanaconde, on y échoue pas par hasard, non, il faut l’avoir voulu, c’est encore un village de bout du monde, un village perdu hors des vraies routes.
 
 Prenez, si vous en avez une, une carte du Pérou, cherchez Arequipa, dans le sud, de là, prenez la route, la grand route qui mène à Puno, pas très loin sur la carte, vous tournez sur une route à gauche pour atteindre Chivay. Chivay,
au terminal terrestre de Chivay
 c’est le début du canyon de Colca, après la route se mue en piste, et Cabanaconde est au bout de la piste, c’est aussi le bout du canyon.
 
On y arrive sous un ciel bas, un ciel menaçant. Vite, très près, l’hôtel est là qui nous accueille, nous et un couple de français qui a fait le voyage en même temps que nous. On s’y réfugie, l’orage éclate !
Il fait froid, on sort les grosses polaires. Cabanaconde est autour de 3300 mètres, ici les altitudes ne sont pas indiquées, pour le Pérou, c’est de la moyenne montagne ! D’ailleurs le paysage est assez pyrénéen, beaucoup de verdure, des vaches qui paissent dans des enclos, des ânes, des moutons, et des ruisseaux qui cascadent.
 Le lendemain, le soleil est revenu, on va pouvoir admirer le fameux canyon, on est venu pour cela !
On sort les plans, tous faux, les péruviens ne sont pas non plus très forts pour la cartographie, pour atteindre des points de vue réputés et pas trop loin. Les balades sont sympas, un peu au hasard, malgré les explications pléthoriques de notre hébergeur, ce n’est pas de sa faute, on n’en a compris que la moitié, et encore, on en avait chacun une version différente !
  Mais on atteint les miradors, et c’est vrai la vue est magnifique. On plonge littéralement vers le fond du canyon, loin, très loin vers le bas. Tout autour des sommets à plus de 5000 mètres se penchent sur le mince ruban d’eau.
Pour nous, d’ailleurs le mot canyon n’est pas le mieux adapté. Vallée irait mieux, vallée profonde certes, mais large aussi, car il y a des petits villages accrochés au flanc de cette vallée, en face de Cabanaconde…  Il y a même, tout au fond, dans une anse du cours d’eau, un minuscule hameau, avec des hébergements destinés aux courageux, dont nous ne faisons pas partie, qui descendent et remontent au fond du canyon. Cela se fait en deux ou trois jours.
C’est très beau mais beaucoup moins impressionnant que le Grand Canyon, en Arizona. Là, le Colorado entaille le plateau  d’une profonde coupure, nette, ici le rio Colca s’est tracé une magnifique vallée au milieu de très hautes montagnes. Mais en plus, il y a les condors !
Nous en avons vu lors de notre trajet en bus, sans possibilité d’arrêt malheureusement, c’est un des défauts de ce mode de voyage, nous espérons en revoir. Demain, s’il ne pleut pas, (Mais si nous avons bien compris, il ne pleut que l’après midi à partir de 4h00, mas o menos, plus ou moins… Aujourd’hui c’était 3h30, plutôt menos, donc !) S’il ne pleut pas, on va reprendre un bus jusqu’au mirador des condors, et revenir à pied… Cela fait une bonne trotte, il va falloir rentrer avant la pluie !
Lundi 14…
Nous sommes l’après-midi, vers 17h00, heure locale. Le ciel reste couvert, mais la pluie s’est arrêtée après le gros orage de tout à l’heure. Ce matin, quand nous avons voulu partir pour la Cruz del Condors, le temps était nuageux, mauvais pour les condors paraît-il, pire, il n’y avait pas de bus en partance à 9h00.  Mauvais signe, tout ça ! Mais tout finit par s’arranger… Finalement, un petit bus a bien voulu nous prendre et nous emmener à ce fameux point de vue. Là-haut, le mirador était envahi par une horde de touristes venus de Chivay, d’Arequipa, ou d’ailleurs, mais pas de Cabanaconde ! Et dans le ciel miraculeusement dégagé, de grands condors planaient silencieusement, surgissant du canyon, portés par des courants ascendants,


tournant lentement presque au dessus de nos têtes et replongeant en un ballet féerique. Féerique, mais de courte durée, à l’heure syndicale, les artistes, probablement intermittents du spectacle, regagnent leurs aires cachées dans les montagnes, s’éloignent, redeviennent mythiques jusqu’au lendemain. Sur notre route de retour, Cabanaconde à pied, nous en reverrons quelques- uns toujours aussi majestueux, puis les condors ont disparu au profit de menaçants nuages. Hâtant le pas, nous n’avons devancé l’orage que de quelques minutes, le temps de passer à l’hôtel retirer le linge étendu et de nous réfugier dans un restaurant pour y manger un plat chaud en regardant tomber le déluge.

Aucun commentaire: