Cabanaconde
Décidés à atteindre ce village
nous sommes partis au matin d’Arequipa, sommes montés sans crainte dans un bus
hors d’âge de la compagnie Andalucia, un Volvo haut perché, aux moquettes
mitées style sixties. Arequipa n’en finit pas de finir… On monte, on monte, les
quartiers s’étirent de plus en plus pauvres, délabrés, des quartiers de tôles
et de misère. Le bus chauffe, perd de l’eau, on s’arrête souvent pour remettre
quelques litres, puis enfin, la route… Une belle route, celle de Puno, une
route à camions. Le chauffeur double, double, soucieux sans doute de rattraper
son retard. On quitte la grand route pour attaquer le col avant Chivay. On
monte très haut, plus de 4000, on essuie une tempête de grésil et on attaque la
redescente… Le bus s’arrête en croisant son collègue, le deuxième bus de la
petite, très petite compagnie Andalucia, et là, hop ! En deux temps, trois
mouvements, on fait l’échange des bus… Tous les bagages, et ils sont nombreux
et disparates car les passagers sont essentiellement des locaux, sont déchargés
puis rechargés à une vitesse record. Les passagers remontent dans leurs
nouveaux bus, qui repartent chacun en sens inverse. Nous on y a gagné au
change ! Le bus, quoique bon lui aussi pour une retraite bien méritée, est
en meilleur état et offre une bien meilleure visibilité aux passagers. Ces
autocars péruviens ont la cabine chauffeur bien séparée des passagers, par une
porte aux rideaux clos, sans doute pour que ceux-ci ne s’affolent pas en voyant
dans quelles conditions le chauffeur s’autorise certains dépassements… Hé bien
notre nouveau chauffeur, son copilote plutôt, a obligeamment laissé cette porte
ouverte pour que nous puissions admirer le paysage à l’avant, il a même fait
descendre Françoise près de lui, afin
qu’elle essaie de prendre en photo les condors
qui jouaient dans les courants d’air. Très, très difficile dans un bus
cahotant de prendre en photo un condor qui plonge dans le canyon, réapparait
plus loin porté par un courant ascendant, disparaît soudainement derrière un
repli de montagne… Mais nous, nous les
avons vus, majestueux, impériaux, dignes des légendes incas.
On laisse derrière nous le fameux
mirador aux condors, traversons encore précautionneusement un ou deux gués, et
atteignons bientôt, Cabanaconde, le village du bout de la route…
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