30 avril 2015

Bribes...


Pérou chantier…

Au Pérou, nous avons vu des merveilles du passé, enchâssées  dans des merveilles naturelles, des ruines aux pierres ajustées, rigoureusement alignées, taillées, préparées, des constructions soigneusement adaptées à leur environnement, qui épousent les montagnes… Il y avait un souci évident d’esthétisme en plus de l’aspect pratique, fonctionnel, et même antisismique grâce à l’architecture trapézoïdale de ces bâtiments.

Au Pérou, nous avons aussi vu les horreurs de présent, toutes les banlieues, quartiers extérieurs et toutes ces villes qui semblent pousser comme des champignons, des champignons vénéneux ! Aguas Calientes, au pied des ruines les plus célèbres, Juliaca, près du lac Titikaka,  Ilave, près de la frontière bolivienne, capitale du pays Aymara, sont toutes d’immenses chantiers habités. La technique de construction est simple : Sur une dalle de béton on élève des piliers, on coule une nouvelle dalle, puis on remplit les murs avec un briquetage léger, on laisse des ouvertures fermées avec des portes en tôle, une sorte de plexiglas fumé ou peut être du verre très fin pour les fenêtres et hop ! Le rez-de- chaussée est habitable ! Bien sûr on prévoit des fers à béton pour les étages futurs : Ils dépassent de plusieurs mètres des piliers existants, on les réunit en bouquet et on plante un joli seau en plastique dessus pour les protéger. Jamais de crépi, de toiture terminée, tout est toujours inachevé et néanmoins habité. Les antennes de télévision qui hérissent ce qu’il faut bien appeler les toits, sont là pour le prouver, ainsi que les étendages qui mettent la seule note de couleur gaie. A Juliaca, une grosse ville, autour de trois cent mille habitants le plan d’urbanisation est ahurissant. De grandes avenues traversent la ville, elles sont larges et ont en leur milieu une allée piétonne qui serpente, avec des abribus, de jolis luminaires et même je crois des panneaux décoratifs ; c’est bien n’est ce pas ? Mais voilà, de chaque côté c’est un chantier ! Les voies ne sont que partiellement goudronnées, les véhicules circulent dans une anarchie complète dans la boue en zigzaguant pour éviter les nids de poule qui jalonnent leur trajectoire… L’allée piétonne est vide, inutile, inaccessible…En bus, nous avons mis une grosse demi-heure pour traverser la ville. Je crois que je n’y ai pas vu une seule maison terminée… Chaque rue, chaque aspect de la ville est le même, une perspective de briquetage mal finis, des terrasses encombrées de tôles, d’étendages, hérissées de fers à béton, des escaliers sans rampe, qui débouchent sur rien, des rues, ruelles, non revêtues, sales, dignes des villes africaines, la chaleur en moins . C’est une vision d’une tristesse infinie, que cette attente indéfinie d’un futur meilleur, que cette absence définitive de beauté, du moindre élément destiné à rendre joli, propre, agréable à voir… Que sont devenus les incas ? Leur rigueur, leur sens de l’organisation ?

Leurs descendants qui portent aux nues leurs soi-disant ancêtres feraient bien de s’en inspirer un peu, pour rendre avec les techniques actuelles leurs villes plus confortables, plus agréables à voir.

28 avril 2015

Lac Titikaka



 
Encore un nom magique ! Lac Titikaka… Depuis l’école  primaire, où le nom prête à rire, il figure en bonne place dans le bestiaire des lieux lointains, exotiques, presque inaccessible comme situés dans un autre monde… Et voilà qu’on y est !

Depuis Cuzco on a pris un beau bus, touristique, qui s’arrêtait dans des lieux à visiter… C’était un luxe un peu inutile, après le Machu Picchu,  difficile d’exciter l’intérêt… On attend le lac !

Avant d’y arriver, on traverse Juliaca et puis on arrive à Puno, LE point d’accès au lac. Puno est une ville sans aucun intérêt touristique mis à part le lac. On s’y arrête, on y dort, on y mange et on y prend le bateau. Cette fois on a décidé d’éviter toutes les agences, toutes les propositions commerciales trop tentantes pour être honnêtes… Il nous faudra faire quelques impasses, mais on part sur les barques publiques de l’île  de Taquilé, où l’on passera une nuit, encore une excursion avec petit sac à dos, une nuit chez l’habitant.

Le matin, on quitte l’hôtel après une nuit diluvienne, toute la ville est privée d’électricité, pour rejoindre le port où nous attend le bateau. Le lever du soleil a balayé les nuages, il fait beau, le ciel est d’un bleu profond. Le lac se présente d’abord sous la forme d’une mer de roseau dans laquelle sont tracés des chenaux, une mer à l’horizon fermé par des îles, ou des presqu’îles, on ne sait pas bien. Mais c’est là que se situent les fameuses îles Uros, ces îles flottantes artificielles sur lesquelles vivaient des tribus de pêcheurs. Il y a maintenant  des tribus de touristes de différentes origines, aux idiomes variés qui y déambulent et empruntent, moyennant une « participation » à la tête du client, les fameuses barques d’osier. Ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire notre curiosité, nous nous sommes mêlés sans hésitation à ces néo-autochtones et les avons accompagnés dans leurs rituels : Passage attendri devant les vendeuses d’objets artisanaux, écoute attentive du chef de l’île qui nous raconte un mode de vie ancestral maintenant entièrement dédié au tourisme, petit tour, pour finir dans les barques de roseau. Les îles Uros font maintenant partie du folklore, du passé, elles sont une sorte de musée historique dont la visite reste très intéressante, il ne faudrait pas que cela tourne au parc d’attraction !
 
 

On reprend notre barque et cap sur l’île de Taquilé, encore loin. Les roseaux disparaissent, le lac s’ouvre. On passe un dernier promontoire et… la mer ! Immense et bleue ! Au loin, très loin, du côté bolivien, on aperçoit les sommets enneigés de la Cordillère Royale. On aborde l’île et on accède au village par un joli chemin empierré qui longe un petit ruisseau. La montée se fait lentement, au milieu d’une riche végétation.
 De temps  en temps on se retourne, pour souffler et admirer le superbe lac bleu.
 On nous montre notre logement, très rustique, mais avec une magnifique vue sur le lac. On pourra admirer le lever du soleil depuis la fenêtre de la chambre !



La petite île est superbe à parcourir, par ses chemins pavés, bordés de murs de pierre, souvent entrecoupés de marches d’escalier, ses quartiers bornés par des portes en arc, ses terrasses cultivées et ses multiples enclos à bétail tous soigneusement entretenus et surtout par les vues superbes qu’elle offre sur le lac.


La nuit n’est pas très confortable, coupée par un bel orage dont les gouttes crépitent longuement sur les toits de tôle, mais au moins on est pleinement éveillé pour le lever du soleil, magnifique !

Notre hôte nous fait essayer les superbes costumes locaux, je ne suis pas sûrs qu’ils soient très seyants sur nos silhouettes d’européens retraités… et nous propose, bien sûr d’acheter quelques articles de sa production…

 Normalement l’île est entièrement gérée sous forme coopérative, la production mutualisée et les bénéfices répartis… Mais, il faut bien vivre, n’est ce pas ?

En début d’après midi on descend vers un autre petit port où l’on doit embarquer pour repartir vers Puno. Un long et abrupt escalier qui sinue jusqu’à une minuscule crique abritée où dansent sur l’eau claire quelques barques vides.
 
 
 
 
 Le soleil darde et nos petits sacs sont rebondis des multiples couches que l’on a enlevées. Vers 5h00 de l’après midi, on approche de Puno, le ciel s’est noirci de gros nuages, on remet avec un brin de nostalgie les pulls et les anoraks et on regagne notre hôtel pour une ultime nuit au Pérou. Demain, mercredi 28, on passe en Bolivie !

 

 

Machu Picchu


Mon blog a du retard ! J’écris le très nécessaire article du Machu Picchu alors que nous venons de terminer notre petit séjour à Puno au bord du lac Titikaka et que nous nous apprêtons à quitter le Pérou pour la Bolivie. Il faut dire que le voyage est tellement riche, tellement dense que je ne trouve pas toujours le temps d’écrire… Et puis il y a le côté aléatoire des connexions internet, des jours avec des jours sans, les excursions de  deux jours où nous abandonnons l’ordi à l’hôtel pour n’avoir avec nous que les petits sacs à dos avec le strict nécessaire, c'est-à-dire la brosse à dents et des vêtements chauds !

Justement, Machu Picchu était de celle-là !
 
La fameuse excursion achetée à une agence, un pack de trois jours qui nous est resté un peu en travers du portefeuille. Donc le matin on visite la vallée sacrée, des sites magnifiques et l’après-midi, à la gare d’Ollantaytambo on prend le petit train qui nous emmène à Aguas Calientes, au pied du mythe. Le trajet dure près de deux heures, dans un super wagon genre Orient Express (Enfin, j’imagine, je n’ai jamais pris l’Orient Express) avec service stylé à bord, profonds fauteuils en cuir, au point qu’on en oublierait presque le paysage ! Ce serait dommage, il est magnifique : Le train s’enfonce dans le fond de la vallée sacrée, au bord du tumultueux torrent. La nature est sauvage, les montagnes s’élèvent de chaque côté, pas de village, pas de route, seulement ce train qui cahote lentement dans ce profond sillon. La nuit tombe, les formes s’estompent, les montagnes s’éteignent dans la brume du soir… On arrive à Aguas Calientes.

Finie la poésie ! Brutalement le monde mercantile bruyant reprend le dessus. Aguas Calientes est une ville en train de se construire, rien n’est fini, les immeubles poussent, se serrent dans un imbroglio infernal, les enseignes sont posées avant les vitrages, les fers à béton hérissent les étages, on est sollicité à chaque mètre pour manger, boire, se faire masser, dormir… On nous attendait et on nous accompagne dans l’hôtel réservé par l’agence…  Bizarre, il a changé de nom et sans doute de … catégorie ! C’est un chantier dans lequel on nous ouvre des chambres au deuxième étage auxquelles on accède par un escalier sans rampe, tout est neuf et déjà déglingué, plomberie aléatoire, une odeur d’égout dans la chambre… Mais ce n’est que pour une nuit, et le lendemain on se lève tôt pour accéder au Machu.


Machu Picchu, un nom qui fait rêver, on l’a vu et revu en photo, j’ai un peu peur d’être déçu comme à Nazca, je crains qu’escalader un mythe ne le désacralise… Mais non ! Cette fois le mythe perdurera ! La navette nous dépose au pied du site, que l’on commence à explorer seuls, le guide de l’agence devant nous rejoindre plus tard avec un groupe. Le ciel est bleu pur, quelques écharpes de brume s’accrochent encore aux flancs des montagnes voisines et les ruines grandioses se dévoilent

Au fur et à mesure de notre lente montée.(Les marches sont nombreuses et hautes !) En haut du site la vue est vraiment extraordinaire avec la montagne du Wayne Picchu en face, on flâne, on prend beaucoup de photos.
 Il y a plusieurs balades possibles à faire autour du site, on décide d’aller voir le pont inca. La première grimpée est rude, mais ensuite le sentier serpente à flanc de montagne offrant une superbe vue sur la vallée. Quand on redescend le guide nous attend et on le suit pour visiter le site avec explications en anglais. L’anglais parlé avec l’accent quechua sonne bizarrement à nos oreilles et j’ai mis longtemps à comprendre que « warrior » était en fait « water », mais je ne suis pas un élève très attentif ! Cependant la visite guidée est utile vu  l’immensité du site pour aller aux endroits essentiels et mieux comprendre l’organisation de la ville, mais davantage que l’histoire, davantage que la mythologie inca c’est la beauté du site qui étonne. Ces montagnes en pain de sucre et cette ville aux ruines majestueuses blottie entre deux, ces terrasses qui les escaladent et s’y lovent…
 
Non, décidément on n’est pas déçu, seulement émerveillé. On voulait se lancer dans l’ascension de La Montana, la hauteur en face de Wayne Picchu , mais plus facile à grimper…
 
 
 Seulement voilà, l’agence ne nous avait pas réservé les billets que l’on avait demandés (et payés) et donc on a dû se contenter d’aller à la Porte du Soleil, une balade libre. Finalement, on n’a pas regretté, le ciel s’est brutalement couvert, la pluie a commencé à tomber, quelques gouttes d’abord, juste de quoi nimber le paysage d’un halo de grisaille, puis de plus en plus drue et le paysage a disparu !
 
 
Et nous, on a fait demi-tour un peu avant d’atteindre la Porte du Soleil, la mal-nommée.

Lente redescente sur les pavés glissants, en bas, évidemment la pluie cesse, mais c’est trop tard, le train nous reprend, puis un bus jusqu’à Cuzco où nous passons une dernière nuit.

Autour de Cuzco


Pour visiter les environs de Cuzco, qui regorge de sites plus ou moins intéressants, nous avions décidé d’embaucher un taxi local et de nous faire conduire aux sites accessibles avec le fameux « boleto touristico ».  Serrés dans la petite Yaris, on part visiter d’abord Chinchero,
 
des terrasses incas au bord d’un magnifique vallon. Tout en haut les espagnols ont édifié une jolie petite église à l’intérieur entièrement peint.
 
C’est notre premier site, on l’apprécie beaucoup. On s’aperçoit aussi que visiter des sites incas c’est essentiellement monter et descendre d’interminables séries de marches abruptes. On visite aussi des salines en terrasse,
 
des milliers de petits bassins encore exploités, accrochés au flanc d’une montagne, les premiers sont pré-incas ! C’est assez étrange, inattendu et puis au terme de cette première journée on visite des jardins incas, terrasses concentriques. (Certains pensent que c’est l’INRA, Inca National Recherche Agricola, qui a construit ces jardins bizarres pour faire des recherches, des essais.)
Le chauffeur, qui est resté mutique la plus grande partie de la matinée, semble pressé de nous faire rentrer au bercail, le retour se fait cramponnés aux poignées de maintien. On est déposé place des Armes encore à temps pour manger !

Le lendemain commence le pack  d’excursions que nous avions acheté à une agence d’Arequipa. Hé, oui ! Nous avons fait cela… Pour être sûrs que tout soit organisé pour le retour de J&J dans le voyage, parce qu’il n’est pas facile d’aller au Machu Picchu sans avoir planifié un minimum… Bon, on s’était donc laissé tenter, on avait sombré dans la facilité. Finalement, de Cuzco, on aurait eu le temps d’organiser les mêmes tours, en économisant sans doute un certain nombre de dollars !

Donc, le mardi 21, on a rendez vous avec l’agence relais de Cuzco, on finit de payer notre dû, et on attend le bus… Il finit par arriver avec une guide volubile qui parle l’espagnol et l’anglais avec un accent quechua qui rend l’un et l’autre incompréhensible pour nous. On visite d’abord un monastère à Cuzco même, établi sur un ancien temple inca.
 
Il en reste quelques murs aux énormes blocs de pierre impeccablement jointoyés, puis on part dans les abords de la ville visiter quatre sites incas. Petit à petit on s’initie à la mythologie inca, à leurs rites, à leur histoire en essayant de comprendre le langage effréné de notre charmante guide. Saqsaywaman nous offre de grandes terrasses et de grands murs en blocs cyclopéens,
 
Q’enqo un lieu de culte dans des roches naturelles avec une table sacrificielle,  Tambomachay un lieu dédié à l’eau et Puka Pukara une forteresse aux pierres rouges… A la fin de la journée, saoûlés d’explications que l’on peine à comprendre, les sites ont une fâcheuse tendance à se superposer dans nos têtes. Voilà que l’on ajoute des terrasses aux terrasses ! Et l’on se dit, que finalement ils se ressemblent un peu tous. Prenez des terrasses soutenues par de beaux murs, des escaliers, quelques restes de portes ou d’habitations, et voilà un site inca ! C’était sans compter avec la journée du lendemain qui allait nous réserver de belles surprises !

Le lendemain en effet on visite Pisac et Ollantaytambo deux sites majeurs de la vallée sacrée, sur la route du Machu Picchu.
 

 Les emplacements sont magnifiques au cœur de cette vallée fertile et les vestiges impressionnants. Des terrasses,
bien sûr mais aussi des restes de temples, de greniers, des murs d’enceinte, des portes monumentales en trapèze, des fontaines. C’est magnifique et comme on a changé de guide on comprend presque tout dans les deux langues !
 L’architecture inca est simple, c’est sa technique qui impressionne. Des blocs de plusieurs tonnes, amenés, découpés, façonnés, ajustés, mis en place au millimètre près ! C’est aussi la quantité de travail qui étonne : Des milliers et milliers de terrasses qui s’étagent à perte de vue sur les montagnes,
 
celles bien nettoyées des sites, mais aussi toutes celles encore utilisées, où pousse du maïs, du quinoa, où paissent des animaux, et d’autres, énormément d’autres  qui ont laissé leurs traces dans la montagne en griffant leurs flancs de milliers de lignes parallèles,
 
 comme si les hommes avaient voulu redessiner le paysage aux prix d’un labeur acharné. Les villes et l’agriculture incas avaient réussi à s’intégrer au sein de ces paysages magnifiques en  une parfaite harmonie. Nous quittons le site d’Ollantaytambo émus et nous dirigeons vers la gare, la gare ferroviaire pour une fois, où nous allons prendre le train pour Aguas Calientes, la dernière étape avant le Machu Picchu !
 
 

25 avril 2015

Cuzco


 
Cuzco, porte d’entrée du Machu Picchu , dernière capitale de l’empire inca… Cuzco, l’incontournable !


On y arrive de Nazca, par une longue, longue route qui serpente dans la montagne. La Cruz del Sur, une compagnie réputée, nous y transporte en  quinze heures d’un bus très confortable, mais que Jacky et Jo, encore mal remis de leur retour rapide, n’ont que très moyennement apprécié…

Cuzco est une ville qui s’étage dans les montagnes, escarpée, aux ruelles étroites qui dévalent en pente raide ou en escaliers, vers la place d’armes, la place centrale. Notre hôtel est situé à… un quart d’heure d’escalier de la place, un peu moins le matin quand on descend, un peu plus le soir, au retour des visites, où les jambes se font lourdes et le souffle court. Il faut dire que l’on est autour de 3500 mètres d’altitude, l’air y est vivifiant, mais rare !

C’est une ville agréable, au temps changeant… Il faut y adopter une tenue style oignon sans omettre la dernière pelure imperméable !
Le ciel peut y être d’un bleu pur, avec le soleil et une température agréable, et dans la demi-heure qui suit des nuages arrivent, se font vite menaçants, le vent se lève et une pluie froide vous transperce… Puis le soleil finit par revenir. Mais dans les chambres sans chauffage, rien ne sèche vraiment et il persiste une pénible impression de froid et d’humidité.

Cuzco est surtout une ville qui vit par le tourisme, pour le tourisme. La vie y est beaucoup plus chère qu’ailleurs au Pérou, les prix s’exhibent en dollars, les américains très nombreux font flamber les billets verts. Des centaines d’agences de voyage démarchent sans arrêt dans la rue, les restaurants racolent, vous supplient d’entrer,  de venir chez eux,  des marchandes vous proposent uniformément les mêmes articles, tissus, lainages, poteries avec l’estampille  Cuzco, certifiés incas, naturellement…
On se sent… sollicité, très, trop, et cela devient un peu fatigant ! On se sent exploité, très, trop et cela est vite énervant ! Mais il est difficile d’échapper au système, très organisé, très huilé de l’exploitation du touriste à chaque niveau. Par exemple, il existe un très officiel billet sésame, une sorte de pass  obligatoire et couteux  qui donne droit à l’entrée d’un certain nombre de sites… Mais pas tous ! Certains échappent à cette règle et vous taxent d’un droit d’entrée particulier. Visiter Cuzco et ses environs revient cher mais cela en vaut la peine, la palme revenant bien sur au Machu Picchu !

Nous avons bien visité la ville, avec ses beaux bâtiments coloniaux souvent bâtis sur des fondations incas, des églises bien sûr, aux décors chargés, d’anciens monastères ou maisons riches transformées en hôtels de luxe, parfois en musées.
 Beaucoup de places, placettes, toujours avec de la végétation, des fleurs, on est haut certes, mais aussi en climat tropical, la jungle n’est pas loin ! On a aimé flâné sur la magnifique place d’Armes, le cœur de la ville, sa seule zone piétonne,  à l’animation incessante.
Sur trois de ses côtés des arcades l’encadrent, aux nombreuses  boutiques, restaurants, et …agences de voyage ! L’imposante cathédrale limite le dernier côté. Le  lendemain de notre arrivée, le dimanche avait lieu une sorte de manifestation, avec fanfare, défilé militaire, des associations et corps constitués, assez bon enfant, malgré sa tribune de dignitaires aux amples poitrines largement décorées.

On a assisté aussi, grâce à notre « boleto touristico general » à un spectacle de danse folklorique, au Centre Culturel des Arts Natifs…  Bon… Beaux costumes, mais le tout très répétitif, le meilleur moment du spectacle a finalement été un moment de danse latine, entre tango et flamenco empreint d’une grande beauté et d’une étonnante technique de danse.

Ici, le peu qui reste de la culture inca est encensé, porté aux nues, tandis que l’héritage espagnol est voué aux gémonies, nié.  Il faut admettre que la conquête a été rapide, brutale, que l’empire inca s’est effondré totalement, et que le nombre de la population a drastiquement baissé, davantage d’ailleurs par les maladies que par les faits de guerre. Mais on nous présente les incas comme un peuple paisible d’agriculteurs alors qu’ils venaient à peine de soumettre eux aussi toutes les tribus et cultures indiennes à leur joug militaire et administratif… Autre temps, autres mœurs…
 
Mais ces incas, en tout cas, nous ont légué de magnifiques vestiges. Au cours de la semaine passée à Cuzco nous en avons visité beaucoup, presque tous, en plusieurs excursions qui nous ont menés des plus modestes vestiges aux abords de la ville au prestigieux et mythique Machu Picchu !

Laissez-moi le temps, de classer mes idées, nos photos et vous verrez !

21 avril 2015

bribes

 Les chiens

Des chiens, des chiens partout. De Valparaiso à Salta, de Mendoza à San Pedro, de Nazca à Cuzco, dans les villes, dans les campagnes, au détour de tous les chemins, partout des chiens, grands, petits, de toutes les couleurs, toujours hirsutes, efflanqués. Peu semblent appartenir à quelqu’un, la plupart errent, livrés à eux-mêmes. Solitaires, ou en bandes, ils ont délimité des territoires invisibles aux frontières dangereuses à franchir pour eux. Ils ne sont pas agressifs, silencieusement,  ils quémandent un peu de nourriture, un geste de tendresse, une velléité d’adoption. Ils se nourrissent des chétifs restes des hommes, éventrant les poubelles, rôdant dans les tas d’immondices, se livrant à une lutte sans merci pour une parcelle indéterminée à se mettre sous la dent.
Et le soir, quand s’éteignent les voix et les bruits des hommes, monte au ciel leur clameur commune. Dans le ciel immobile,  la lune pâle qui  luit à son déclin, les écoute et se tait, laissant au soleil qui point à l’est, le soin quotidien d’apaiser leur voix en faisant éclore celle du coq…

Nazca


Nasca et sa plus haute dune de sable du monde!!!



Nazca…Nazca, on y vient pour les lignes, ces fameuses mystérieuses lignes que l’on voit du ciel. Sinon, il n’y a rien à voir, au milieu du désert, une nécropole avec des momies,
 une « pyramide », vestiges de la culture Nazca, des indiens qui précédèrent de beaucoup les incas, habiles dans la poterie, et dans le tracé de ces lignes qui enflammèrent les imaginations.
 
Les archéologues, les historiens ont réduit à rien la part de mystère, ils ont daté, expliqué, commenté, mais il nous fallait voir, voir par nous-mêmes, confronter le mythe à la réalité.

Nous avions réservé un vol tôt le matin, c’est paraît-il la meilleure lumière pour découvrir les géoglyphes. Nous avons finalement décollé vers midi, il faisait beau, le ciel était bleu, à peine une légère brume nimbait les plus hautes dunes. Le petit avion se penche à gauche, à droite, tourne autour des figures les plus emblématiques, en un parcours rigoureusement chronométré, balisé.

On aperçoit ainsi le singe, le lézard, le condor, l’arbre, des triangles et quelques figures géométriques,
 
 une représentation humaine, dite astronaute, une spirale… Toutes ces figures semblent rétrécies par rapport à notre imaginaire, on peine parfois à les distinguer…
 L’avion ne s’élève pas pour avoir une vue d’ensemble, pour voir ces fameuses lignes droites tracées sur de grandes distances, simplement à l’aide de cordes et de piquets, on se contente de l’anecdotique, du figuratif…

J’ai été, nous avons été un peu déçus ; on s’attendait à plus grand, plus marqué, plus significatif. C’est le risque de se confronter à des lieux mythiques : Visitez un mythe, il n’en restera que des images, des souvenirs, des impressions. Finalement, ces géoglyphes de Nazca, ne sont que des sublimes graffitis destinés à être vus des dieux, à les impressionner, mais ils sont aussi le témoignage de l’habileté, de l’ingéniosité des hommes et de sa volonté à toujours s’élever.

Et puis, et puis il reste les lignes, ces grandes lignes, ces immenses figures géométriques que nous n’avons qu’entrevues partiellement, que voulaient-elles dire ? Quel message emportaient-elles vers ces dieux énigmatiques ? Il reste finalement une part, une petite part de mystère, le mythe peut survivre, avec un peu d’imagination…

17 avril 2015

Bribes...


 J&J, le retour… à quatre voix

Narrateur :
J&J avaient soigneusement planifié leur retour, pour être au plus vite et au mieux dans le voyage, après le pénible mais nécessaire retour en France. Depuis leur chez eux, confortablement, pour être tranquilles… Grâce à Une Terre Nette, la gigantesque plate-forme mondiale de  « communicacion, vulgarizacion, mondialisacion y planificacion »  tout semblait s’enchaîner parfaitement, l’avion avec l’arrivée à Lima, une navette jusqu’au terminal de bus, le bus réservé et l’arrivée à Nazca, où dans le charmant et accueillant  hôtel Camiluz nous les attendions avec impatience.
Mais voilà, entre planificacion et realidad, il y a les taxis de Lima…

Voix de Jacques (SMS)
Première étape. Bien arrivés à Lima. On fait comme tu dis pour l’hôtel. On se voit au petit déjeuner. Dis-nous à quelle heure !

Voix de Françoise (SMS)
 Super, petit déj à 9h ça vous va ?

Voix de Jo
Arrivés à Lima, nous avons attendu longtemps nos bagages… Pour rattraper le temps perdu, nous choisissons la compagnie officielle de taxis : plus chers mais plus sûrs, nous avait-on dit.

Voix de Jacques : (SMS)
OK. Je vous confirme quand on est dans le bus, car ça été long pour récupérer les bagages et on est un peu short en temps. Le taxi file, mais ça circule ! A toute !

Voix de Jo
 On nous dépose au terminal TEPSA mais au comptoir on nous dit que notre bus part d’un autre terminal… Nous n’avons pas d’argent péruvien pour reprendre un autre taxi, heureusement la dame du terminal accepte de nous changer quelques dollars et arrête un taxi, plutôt bringuebalant… Nous reprenons les rues encombrées de Lima et patientons dans les bouchons… mais pour arriver à bon port cette fois. Naturellement nous sommes très en retard et notre bus pour Nazca est parti.

Françoise (SMS)
Ok, on attend… Alors vous êtes dans le bus ?

Jacques (SMS)
Non. Le taxi ne nous a pas emmenés au bon endroit !!! On est dans un autre taxi, mais je crains que ce soit râpé pour ce soir ! Je vous tiens au courant !

Voix de Jo
Nous nous voyons passer les 24 heures suivantes dans le terminal… Mais non,  on nous indique une autre compagnie qui part immédiatement pour Nazca : course dans le terminal, explications en espagnol qu’on ne comprend pas mais on nous prépare quand même des billets, pourparlers pour changer des dollars, confusion dans les prix, etc…

 Narrateur :
Dans notre chambre confortable, nous nous inquiétons pour J&J. Lima a la réputation d’être une ville mal famée, où il faut se méfier un peu de tout, et en particulier des taxis, la nuit, dont certains sont affiliés à des gangs et déroutent les voyageurs égarés pour les détrousser…  Un dernier coup de fil, pour savoir où ils en sont de leurs pérégrinations. Ouf ! Ils s’apprêtent à monter dans un autre bus qui va arriver presque à l’heure prévue, très tôt le matin.


Voix de Jo
Finalement nous montons dans le bus et partons pour une nuit de voyage. A Nazca un tout petit taxi encore plus déglingué nous amène en 5 mn à l’hôtel et nous retrouvons avec plaisir Françoise et Jean, encore tout endormis. Il est très tôt le matin, nous avons quelques heures pour nous reposer dans ce lieu coquet et confortable avant de reprendre les visites !

16 avril 2015

Arequipa, le retour…


Arequipa, je vous en avais parlé dans un article précédent, parlant de la densité effarante de la circulation, et de la beauté des lourdes portes de bois qui s’entrouvrent sur des successions de cours, d’arrière-cour ou, plus directement, sur des halls d’apparat, souvent ceux de banques ou d’organismes gouvernementaux dont l’utilité m’échappe. Mais voilà, pas de photo pour illustrer cela, rien…

Alors, lors d’une deuxième visite, nous avons pris soin d’en prendre capables d’illustrer mes dires. Pour les portes, c’est sûr, pour la circulation, une simple photo ne montre guère qu’une image figée, peu parlante… Elle ne dit rien, de la cacophonie incessante, des coups de klaxon, des policiers aux coups de sifflets permanents et … impuissants, de l’odeur, de la pollution qui envahit la ville, elle ne dit pas
qu’être piéton ici, c’est revenir longtemps en arrière chez nous, quand il faut traverser à l’instinct, deviner la voiture qui hésite, il y en a peu, celle qui va vous laisser passer, ne pas se fier aux feux tricolores, surtout pas, même s’ils sont relativement respectés, le flot de voitures qui encombre le carrefour et qui finit de passer ne laisse aucun moment sûr aux piétons. L’avantage est que la circulation est lente, ce qui, finalement, minimise le risque !
 

15 avril 2015

Cabanaconde




Cabanaconde, on y échoue pas par hasard, non, il faut l’avoir voulu, c’est encore un village de bout du monde, un village perdu hors des vraies routes.
 
 Prenez, si vous en avez une, une carte du Pérou, cherchez Arequipa, dans le sud, de là, prenez la route, la grand route qui mène à Puno, pas très loin sur la carte, vous tournez sur une route à gauche pour atteindre Chivay. Chivay,
au terminal terrestre de Chivay
 c’est le début du canyon de Colca, après la route se mue en piste, et Cabanaconde est au bout de la piste, c’est aussi le bout du canyon.
 
On y arrive sous un ciel bas, un ciel menaçant. Vite, très près, l’hôtel est là qui nous accueille, nous et un couple de français qui a fait le voyage en même temps que nous. On s’y réfugie, l’orage éclate !
Il fait froid, on sort les grosses polaires. Cabanaconde est autour de 3300 mètres, ici les altitudes ne sont pas indiquées, pour le Pérou, c’est de la moyenne montagne ! D’ailleurs le paysage est assez pyrénéen, beaucoup de verdure, des vaches qui paissent dans des enclos, des ânes, des moutons, et des ruisseaux qui cascadent.
 Le lendemain, le soleil est revenu, on va pouvoir admirer le fameux canyon, on est venu pour cela !
On sort les plans, tous faux, les péruviens ne sont pas non plus très forts pour la cartographie, pour atteindre des points de vue réputés et pas trop loin. Les balades sont sympas, un peu au hasard, malgré les explications pléthoriques de notre hébergeur, ce n’est pas de sa faute, on n’en a compris que la moitié, et encore, on en avait chacun une version différente !
  Mais on atteint les miradors, et c’est vrai la vue est magnifique. On plonge littéralement vers le fond du canyon, loin, très loin vers le bas. Tout autour des sommets à plus de 5000 mètres se penchent sur le mince ruban d’eau.
Pour nous, d’ailleurs le mot canyon n’est pas le mieux adapté. Vallée irait mieux, vallée profonde certes, mais large aussi, car il y a des petits villages accrochés au flanc de cette vallée, en face de Cabanaconde…  Il y a même, tout au fond, dans une anse du cours d’eau, un minuscule hameau, avec des hébergements destinés aux courageux, dont nous ne faisons pas partie, qui descendent et remontent au fond du canyon. Cela se fait en deux ou trois jours.
C’est très beau mais beaucoup moins impressionnant que le Grand Canyon, en Arizona. Là, le Colorado entaille le plateau  d’une profonde coupure, nette, ici le rio Colca s’est tracé une magnifique vallée au milieu de très hautes montagnes. Mais en plus, il y a les condors !
Nous en avons vu lors de notre trajet en bus, sans possibilité d’arrêt malheureusement, c’est un des défauts de ce mode de voyage, nous espérons en revoir. Demain, s’il ne pleut pas, (Mais si nous avons bien compris, il ne pleut que l’après midi à partir de 4h00, mas o menos, plus ou moins… Aujourd’hui c’était 3h30, plutôt menos, donc !) S’il ne pleut pas, on va reprendre un bus jusqu’au mirador des condors, et revenir à pied… Cela fait une bonne trotte, il va falloir rentrer avant la pluie !
Lundi 14…
Nous sommes l’après-midi, vers 17h00, heure locale. Le ciel reste couvert, mais la pluie s’est arrêtée après le gros orage de tout à l’heure. Ce matin, quand nous avons voulu partir pour la Cruz del Condors, le temps était nuageux, mauvais pour les condors paraît-il, pire, il n’y avait pas de bus en partance à 9h00.  Mauvais signe, tout ça ! Mais tout finit par s’arranger… Finalement, un petit bus a bien voulu nous prendre et nous emmener à ce fameux point de vue. Là-haut, le mirador était envahi par une horde de touristes venus de Chivay, d’Arequipa, ou d’ailleurs, mais pas de Cabanaconde ! Et dans le ciel miraculeusement dégagé, de grands condors planaient silencieusement, surgissant du canyon, portés par des courants ascendants,


tournant lentement presque au dessus de nos têtes et replongeant en un ballet féerique. Féerique, mais de courte durée, à l’heure syndicale, les artistes, probablement intermittents du spectacle, regagnent leurs aires cachées dans les montagnes, s’éloignent, redeviennent mythiques jusqu’au lendemain. Sur notre route de retour, Cabanaconde à pied, nous en reverrons quelques- uns toujours aussi majestueux, puis les condors ont disparu au profit de menaçants nuages. Hâtant le pas, nous n’avons devancé l’orage que de quelques minutes, le temps de passer à l’hôtel retirer le linge étendu et de nous réfugier dans un restaurant pour y manger un plat chaud en regardant tomber le déluge.