Le Tet...
Le Vietnam est en effervescence,
en ébullition. Tout le monde s’agite, cogite, tout le monde court et s’affaire.
Mais qu’arrive-t-il donc ? Non, ce n’est pas la finale de foot de la coupe
d’Asie perdue devant le Kirghizistan, pas
plus que le début des JO d’hiver en Corée, ni même cet hiver qui restera dans les annales et que nous avons eu
la malchance de partager avec eux, non, c’est un évènement tout à fait courant,
normal, habituel, puisqu’il est annuel, c’est la fête du Tet. La fête du Tet,
nouvel an selon le calendrier lunaire, nouvel an chinois pour faire simple, c’est
LA fête du Vietnam. Le pays s’y prépare longtemps à l’avance. Tout doit être
nettoyé, récuré, astiqué, absolument tout ! Dans les temples on sort les
dorures, les statues, on les brosse, les nettoie, on les revivifie, les
trottoirs, les rues, vont enfin recevoir un coup de jet d’eau qui va les rendre
présentables un temps, un tout petit temps, et même, si, si, nous l’avons vu, l’immense
grotte du Paradis était en train d’être soigneusement balayée pendant que nous
la visitions !
Et puis, il faut que tous les
symboles soient là pour que la fête soit réussie : Une branche, au moins
une branche de pêcher en fleurs, un vrai petit pêcher c’est encore mieux et
puis un mandarinier en fruits, fleurs et bourgeons, et puis des fleurs jaunes
et encore les présents pour l’autel des ancêtres… Heureusement tout le pays se
mobilise, il faut au moins ça ! Les pêchers sont coupés, arrachés,
descendus de la montagne à moto, puis des camions les regroupent, les mandariniers mis en pots plus ou moins
grands. Aux abords des villes des forêts de mandariniers sont ainsi
transplantées en quelques jours, des milliers de pots de chrysanthèmes jaunes
hantent les bords des avenues et des rues, qui se pavoisent et s’illuminent. C’est un peu la même fièvre que les sapins et
les fêtes de Noël chez nous, mais qui concerne encore plus de monde car
personne n’y échappe !
Et puis les offrandes, ah !
Les offrandes : Il faut d’abord brûler celles de l’an dernier, purifier l’autel
pour qu’il soit prêt à recevoir les nouvelles. Dans la rue, dans la bassine à
tout faire, d’innombrables petits foyers
s’allument et leur fumée de carton s’ajoute à celle des échappements. Les
motos, une fois encore s’en donnent à cœur joie, elles transportent, plantés à
l’arrière comme de grands étendards les malheureuses branches parsemées de
fleurs roses, elles s’empanachent des mandariniers véhiculés avec précaution,
elles arborent les échafaudages dorés des paquets d’offrandes tout prêts,
vendus dans tous les marchés, les kiosques, les petits commerces. Il en faut
des offrandes, il en faut : Pour l’autel familial, pour les temples, les
pagodes si l’on est bouddhiste. Il faut que les ancêtres soient rassasiés, que
les génies des autels domestiques soient satisfaits pour que la chance sourie,
que le bonheur et la prospérité arrivent.
Alors devant tant à faire, tout
le monde s’affaire, s’active, s’enivre d’achats divers, prépare encore et
encore. Le jour du Tet, le 15 février cette année, la tension va tomber
brutalement. Tout doit être prêt, ou il sera trop tard et les augures seront
néfastes. La famille va se rendre visite, et fêter dignement ce nouvel an qui
commence. Tout le monde est en vacances, le pays est paralysé, plus rien ne
fonctionne ; les jours qui suivent on rend visite à ceux qui sont plus
loin, on se déplace, on retourne à la campagne qui se repeuple d’un coup de
tous ses exilés citadins, chaque village organise sa fête, ses fêtes…
Nous, on ne fait pas la tête,
non, mais on fuit le Tet en quittant le Vietnam le douze. Il paraît qu’au Laos,
la vie s’entête à continuer malgré le Tet…
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