Sortir de sa bulle.
Nous quittons le Vietnam en
reprenant notre mode habituel de voyage, bus, gares routières, motos-taxi, etc…
Nous sommes très vite dans le bain : Un Hiace déglingué vient nous
chercher à l’hôtel, il dénote un peu devant notre dernier trois étoiles et nous
amène, au cœur de la gare routière, contre le bus qui part à Savannakhet. Le
bus, on l’aperçoit à peine, il est à demi caché par une montagne de colis,
paquets, cartons, sacs et marchandises diverses auxquels on ajoute modestement
nos sacs. Je n’imagine pas une seconde que tout cet amas est destiné à être
chargé dans le bus…et bien si ! Nous nous installons un peu à l’avance
dans les sièges que l’on nous désigne. Je suppose que le responsable du bus a
jugé qu’ils conviendraient à notre qualité d’étrangers un peu âgés. Alors
commence le travail de chargement : Dans l’allée du car se succèdent sans
interruption des porteurs, qui emplissent tout l’arrière du véhicule des
marchandises stockées sur le quai. Des dizaines et des dizaines de gros
baluchons de bananes, des cartons, des ballots soigneusement scotchés, de
grandes et lourdes boîtes de polystyrène et nos sacs !. D’autres s’activent
sur le toit et y montent les marchandises trop encombrantes pour passer dans l’allée
qui se raccourcit. Les dessous des sièges ne sont pas oubliés, tous les paquets
qui peuvent s’y installer sont poussés là, comprimés. Les passagers s’installent
sur les quatre rangées de sièges qui restent disponibles. Seize places… Nous
voyageons en compagnie de deux jeunes espagnols, d’une japonaise égarée là, et
d’une vingtaine de vietnamo-laotiens accompagnés de quelques enfants. Tout ce
petit monde se comprime, se contorsionne, finit par s’installer qui sur une
petite chaise plastique coincée entre deux colis, qui à cheval sur un ballot au
contenu indéterminé, voire sur des cartons de canettes de bière qui n’arriveront
pas fraîches, ça c’est sûr ! Une fois tout le monde casé, les aides-
chauffeurs manutentionnaires hissent à l’avant les derniers reliquats, s’assoient
dessus et donnent le signal du départ… Il est 9h 30, environ, nous avons déjà
passé une heure trente, immobiles dans le bus immobile. Le moteur ronronne
sourdement, on roule en souplesse. Les suspensions sont tellement sollicitées
que, par moment, on a l’impression d’être dans une antique 2CV qui roule,
balance et tangue. Un premier coup de frein, nous rassure sur leur efficacité
et permet de caler chargement et passagers. Les paquets d’offrandes glissées
tout en haut, glissent tout autour des espagnols placés au dernier rang,
rendant très difficile leur éventuelle extraction. Une pause repas vers midi, nous
permet de tester nos capacités à enjamber, marcher sur des supports divers,
éviter des embûches variées, afin d’avaler vite fait un bol de riz agrémenté de
quelques morceaux de porc grillé. On réintègre nos places, dans l’ordre, afin d’éviter
d’inextricables embouteillages. Le bus est devenu un jeu de pousse-pousse
grandeur réelle. Chaque déplacement d’objet ou de personne en implique toute
une série d’autres ! Il faut bien calculer et n’avoir absolument aucune
envie pressante !
Ces longues heures de bus, car
nous avons mis presque 11 heures pour arriver à destination, nous ont bien fait
sortir de la bulle dans laquelle nous avions traversé le Vietnam, et nous ont
rappelé bien des souvenirs et rapproché de la vie réelle. Il y avait comme un
petit côté africain dans ce voyage, si on fait abstraction de la pluie qui nous
a accompagné jusqu’à la frontière du Laos, et du meilleur état mécanique de
notre engin ! Bien sûr nous en sommes sortis, un peu cassés, un peu
fourbus, les jambes raides de n’avoir jamais pu s’étendre, mais l’ambiance bon
enfant, les tentatives mal abouties de discussion et les sourires nous aident à
mieux supporter ces inconvénients. Et nous avons une petite réserve de
paracétamol pour soigner les maux du corps!
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