La mousson se prolonge, elle nous
a apporté un temps plus gris que pluvieux et surtout un froid qui surprend beaucoup
les autochtones qui n’y sont pas habitués. Tout le monde grelotte et les
soirées sont vite écourtées pour se glisser dans les lits heureusement pourvus
en couettes et couvertures efficaces. Les paysages y perdent un peu en éclat et
parfois même se noient dans la brume, mais heureusement, pendant notre court
séjour à Ba Be, nous n’avons eu ni pluie, ni brouillard.
Ba Be, c’est un parc national, un
endroit où la forêt est protégée, où l’on peut voir encore de grands arbres, de
vieux arbres qui se mirent dans un lac aux eaux limpides. Car c’est un lac
aussi, un joli lac de montagne, le plus grand lac naturel du Vietnam nous
annonce avec une pointe de fierté notre guide, ce qui ne signifie pas grand-chose !
Alors, presque piqué, il nous dit qu’il figure parmi les cent plus grands lacs
du monde. Je veux bien l’admettre, mais alors dans les tous derniers rangs !
Mais pour nous, qu’importe le classement et cette manie contemporaine de
chiffrer, de mettre en concurrence des sites, puisqu’il est BEAU !
Pour
moi, et je le dis en catimini car Hiêù lit notre blog, pour moi c’est un bijou
de petit lac ! Enchâssé dans ses montagnes vertes il s’étire
langoureusement, se parsème d’ilots, se fait rizières au pied des villages.
Notre accueil était la dernière
maison du village, juste séparée du lac par un cordon de rizières. C’était une
belle maison Tay, avec des terrasses et une grande salle commune à l’étage. On
y a pris notre repas avec la famille qui nous a accueillis vraiment gentiment.
Trois générations assises par terre sur les nattes pour manier les baguettes
avec dextérité autour d’une table basse, très, très basse ! Notre
incapacité à nous asseoir en tailleur nous a valu d’obtenir des chaises basses
sur lesquelles nous avons pu monter tout notre talent à manier les baguettes.
Nous croyions avoir fait de réels progrès en la matière, mais la dame très
gentiment, nous a amené des fourchettes ! C’est quand elle nous a observé
en train d’essayer d’enlever l’arête centrale des délicieux petits poissons
grillés qu’elle a compris nos difficultés… Mais pour le reste, on progresse,
si, si !
Donc le lendemain, après une
soirée raccourcie et une nuit plongés sous les couvertures, on va prendre une
barque au petit embarcadère en bas des rizières. Le temps est gris et frais. On
traverse l’immense lac dans toute sa longueur (8km) en admirant le paysage.
C’est
vraiment très beau, cette forêt tropicale encore intacte qui se penche sur l’eau,
qui escalade des pentes abruptes et couronne les sommets de ces drôles de
collines pointues. La barque fend l’eau dans le halètement rythmé de son vieux
moteur, suit le rivage pour nous montrer le fond des criques soigneusement
cultivé, s’écarte un peu pour éviter un tronc si penché sur l’eau qu’il va
devenir pont s’il continue à croître. Au bout du lac, un peu dissimulée, s’amorce
une rivière que l’on va remonter jusqu’à une arche de pierre qu’elle traverse.
Les barques peuvent l’emprunter mais nous, nous nous arrêterons là.
C’est à
pied que l’on va aller voir la sortie de l’arche, en traversant la grotte
hantée par des nuées de chauve-souris.
Puis on redescend la rivière et on
poursuit son cours en aval du lac où elle s’abîme dans un autre lac, artificiel
cette fois, en une succession de rapides et de cascades. Après la balade jusqu’aux
cascades, on mange dans le petit restau du bout du monde où est amarrée la
barque, un excellent poisson juste péché dans le vivier. Et l’on retraverse le
lac, toujours aussi beau, même dans l’autre sens. On récupère nos bagages, on
prend congé de la famille, en l’occurrence il ne reste plus que les aînés et on
prend la route qui va, forcément, être longue !
J’ai vraiment beaucoup aimé cette
étape, cette douce harmonie entre l’accueil chaleureux dans une authentique
maison et une vraie famille, et ce paysage préservé dans un site magnifique. C’est
un lieu touristique, paraît-il, mais nous y étions presque seuls, en tout cas
nous nous y sentions seuls.
Pourtant d’autres maisons d’accueil, plus haut dans le
village recevait des touristes. L’une un groupe de motards namibiens que nous
avions déjà croisés quelques jours avant… Des motards namibiens, blancs,
barbus, buvant ferme de la vodka et parlant un anglais incompréhensible !
Plutôt le genre bikers texans sur le retour ! Il y avait aussi un couple
de roannais que nous avions aussi croisé plusieurs fois dans notre circuit.
Hé bien, sur le lac nous étions seuls… Quelques barques
passaient, transportant un passager avec son scooter, vers un endroit où
commençait une route. C’est un endroit encore tranquille, paisible, qui nous
ramène à des moments perdus, à ce qu’a dû être le Vietnam avant.
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