27 février 2018

Cambodge


      Nous sommes au Cambodge depuis quelques jours, un très court séjour, principalement pour visiter Angkor, LE site phare du pays et même des pays voisins. Le voyage depuis Pakse, au Laos s’est déroulé sans problème, si ce n’est les quelques heures de retard habituelles, et les quelques dollars extorqués par les douaniers au passage de la frontière. Cette fois, il nous a fallu payer pour avoir le tampon de sortie du Laos, et bien sûr payer aussi pour entrer au Cambodge. Deux dollars pour avoir le tampon certifiant que l’on n’est pas contagieux ! C’est à la fois agaçant, risible, et peu onéreux. L’an dernier, les douaniers mexicains nous avaient extorqué quarante dollars par personne pour sortir du pays. Taxes bien sûr illégales, mais comment discuter, ergoter quand on est prisonnier des horaires d’un bus qui ne peut attendre indéfiniment qu’un passager résolve ses problèmes de douane. Les douaniers le savent bien, d’ailleurs dans ces pays c’est une des professions les plus prisées : Pas de risque et corruption organisée, tout le monde veut être douanier !

Siem Reap by night

Notre base, Siem Reap est LA ville de départ pour visiter Angkor. C’est une ville de touristes, peuplée de touristes et des gens qui en vivent. Salon de massage, hôtels, restaurants, commerces de souvenirs se succèdent dans les rues. Les clubs, bars de nuit, karaoké fonctionnent à outrance, jour et nuit et diffusent leur musique dans les rues par des sonos tellement saturées que les enceintes vibrent. Quelques rues du centre, le soir, deviennent piétonnes et s’illuminent de guirlandes, annonces publicitaires clignotantes, de lampes qui flashent, de panneaux lumineux qui vantent les mérites d’un établissement ou d’un produit. Un mélange de Las Vegas et de Times Square à la sauce cambodgienne, et là, défilent des flots cosmopolites en quête de je ne sais quoi ; un verre, un peu de dépaysement,  un moment de délassement ? La plupart ont déjà subi la foule des sites, ils ne peuvent plus s’en passer ! Les tuk-tuk, s’empressent, sollicitent, quémandent une course, près du marché les vendeurs font de même. Toute une armée de petits commerces est en quête de l’aubaine de quelques dollars.
Car ici, la monnaie nationale a disparu. Tout se traite en dollars, ce qui est officiel comme les entrées du très beau musée archéologique d’Angkor, très beau et très cher, le pass d’entrée des sites, les visas aux frontières, mais aussi les repas, les boissons, tout ! Le dollar est l’unité de base, en dessous on rend la monnaie en riels qui ne servent à rien, si ce n’est à partir en pourboire. Autant dire que le pays est bien plus cher que ses voisins et pourtant… Je me pose des questions sur le niveau de vie des habitants, car à côté des luxueux 4x4 qui sillonnent la ville existe une grande pauvreté. C’est aussi dans ce pays que l’on a vu le plus de mendicité…
En marge des temples d’Angkor, nous avons visité un village flottant sur le grand lac Tonle Sap. Nous avons fait une longue route en tuk tuk pour atteindre un village encore épargné par la fièvre du tourisme, un vrai village, authentique… Enfin, presque ! Il est vrai que les touristes y sont encore rares, et que la rue du village ne leur propose aucune boutique spécialisée dans l’attrape touriste !
Mais le village s’est constitué en association et prélève une belle taxe d’entrée, en dollars évidemment, qui donne droit, il est vrai, à une promenade en bateau.
Les gens vivent de la pêche, et, en saison sèche des cultures, haricots, riz, maïs, qu’ils établissent sur les berges asséchées du lac, car celui-ci recule de plusieurs kilomètres avant de se gonfler à nouveau, à la saison des pluies et de regagner des mètres de profondeur. Les maisons perchées tout en haut d’une forêt de minces poteaux en témoignent. En hautes eaux elles ont des terrasses « les pieds dans l’eau », alors que maintenant ce seraient plutôt des départs de saut à l’élastique ! En tout cas, tout ce petit monde vit pauvrement, très pauvrement. Ici, pas de belles voitures, quelques motos, fourgons de livraison qui bringuebalent sur la piste chaotique.
Les poissons sèchent sur des claies à même le sol et l’odeur nous a rappelé les berges du Niger à Mopti en à peine plus propre. Le bateau qui nous emmène rejoindre le lac fait un bruit d’enfer et suit un long chenal peu profond qui sinue entre les terres cultivées.
Ici, à la différence du Vietnam où la terre se divise en petits lopins, de grandes étendues sont cultivées d’un seul tenant et l’agriculture y est plus mécanisée. Pour arroser les haricots des remorques équipées de long bras haubanés, sont tirées par leurs fameux motoculteurs à tout faire. Elles donnent de loin l’impression de grands insectes gracieux. Le lac se dévoile enfin, immense et libre. Quelques maisons flottantes rôdent encore à quelques encablures, sans doute vouées à la pêche, on ne sait pas…

Une visite très intéressante et instructive, loin de l’industrie touristique qui nous a donné une autre vision du pays.
Un pays en train de se reconstruire après une longue guerre civile et une occupation qui, si elle a ramené la paix, a quand même été durement subie. Les vietnamiens ne sont plus très bien perçus, mais ils forment maintenant une minorité installée importante et je soupçonne que leur côté industrieux les a amenés à prendre une bonne part de l’économie renaissante. Le chauffeur de tuk-tuk qui nous a accompagné lors de la visite nous signalait : « Ici, vietnamiens, ici, vietnamiens ! » Leurs maisons n’étaient pourtant ni plus belles, ni mieux loties que les autres et ils avaient l’air de vivre dans le même dénuement…

On quitte le pays aujourd’hui, lundi, après une dernière visite de temple. Un petit temple merveilleusement ciselé un peu à l’écart du circuit général, à une trentaine de kilomètres de la ville. Une pure beauté, de grès rose finement sculpté…

Conscients de n’avoir pas visité le Cambodge, mais seulement un lieu tellement emblématique qu’il fausse la perception et la vision du pays nous gardons de cette escapade une impression contrastée, impressionnés par la beauté de ce que nous avons vu,
gênés par l’exploitation intensive qui en est faite, et choqués devant l’insolence d’une toute nouvelle richesse opposée à une si grande pauvreté générale. Cela heurte toujours nos convictions…

On quitte le pays, on a même quitté le pays au moment où l’on publie ce blog, d’un petit coup d’aile magique qui nous a posé délicatement bien plus au nord, à Luang Prabang, au Laos.



C’est une bien belle petite ville, on vous en parlera plus tard…



25 février 2018

Cambodge-Angkor


Lever de soleil sur Angkor Vat



Les « Chapsailleurs » ont observé une journée ou deux de silence, le cœur était ailleurs, la tête un peu aussi. Et pourtant, pourtant, Angkor !

Encore un nom mythique… Un nom à faire rêver… Notre première approche du site devait se faire vendredi, un vendredi gravé en noir dans nos têtes, c’était le jour des obsèques d’Hélène. Vendredi à cinq heures du matin, pour voir le soleil se lever… Une légère contraction de l’humanité, un infime pincement, un retrait minuscule, a déréglé le ciel d’Angkor. Le ciel s’est mis à pleurer sur les temples sacrés et s’est déchainé dans de sourds grondements de colère. Le soleil ne s’est pas levé, ce jour là, il est resté longtemps enfoui dans sa lourde chape grise. Nous nous sommes recouchés et avons changé notre programme.
Angkor se mérite, il faut braver la chaleur, la foule, les escaliers rebelles, et la surchauffe de la carte bleue ! Angkor se mérite, mais se révèle vraiment magnifique, un site, ou un ensemble de sites absolument sublimes. Car Angkor est immense, gigantesque ! Certains temples qui en font partie se situent à plus de soixante kilomètres du joyau Angkor Vat, le plus célèbre, le plus visité, l’icône et le symbole du Cambodge. Alors, il faut s’organiser, choisir, car on ne peut tout voir.

On passe donc par des circuits préétablis, conçus pour montrer le maximum de monuments intéressants avec le moins de déplacements possible. Le circuit court, d’une journée,  se contente des joyaux les plus connus, le circuit long s’effectue lors d’une deuxième journée et montre des temples ou bâtiments assez proches du cœur.
Nous avons pris un forfait trois jours qui nous permet en supplément de visiter un trésor plus éloigné. Les déplacements se font en tuk-tuk, sauf pour les chinois et les coréens qui se déplacent plutôt en troupeaux de bus !  Notre conducteur de tuk-tuk, Mr Phally, contacté tout simplement par le biais de l’hôtel, nous trimballe d’un endroit à l’autre, nous attend, nous extrait des files de bus et de motos, nous ramène enfin  à l’hôtel  pour prendre une douche longuement attendue.

Vendredi, donc, nous avons commencé plus tardivement, par le circuit long. Le ciel était bas, mais la pluie s’était arrêtée.
Preah Khan s’offre à nous… Ce n’est pas un temple, mais une ville, avec un temple au milieu ! Bien sûr, tout est en ruine, la majeure partie des bâtiments ne sont plus qu’un gigantesque amas de pierres, mais restent encore debout des portes majestueuses entièrement gravées, de longues galeries aux fenêtres garnies de colonnettes en pierre tournée, et des bas- reliefs partout, finement ciselés, des effigies de Brahma, Krishna et Vishnou car les Khmers qui ont édifié Angkor étaient des hindouistes avant de se consacrer à Bouddha.
On passe d’une cour à une galerie, d’un espace à un autre dans cette grande cité, où le moindre recoin est travaillé, orné des symboles religieux et de l’histoire des divinités.

A ce propos, je n’ai pas reçu beaucoup de propositions pour ma recherche de divinité au nom peu sûr… Seule ma vieille maman a effectué des recherches, mais ses travaux n’ont pas abouti à la bonne réponse !

Apsaras

Le nom de ses divinités est « Apsara » ce sont  des nymphes issues de l’Océan de lait après son barattage par les démons et les demi-dieux… Cet épisode mythologique fait la une des bas-reliefs ! Les Apsaras sont des déesses gracieuses, je n’ai pas eu la chance d’en voir une réellement, mais en  statues elles sont vraiment belles !

Donc Preah Khan. Nous errons parmi ces ruines grandioses, nous extasiant devant des gravures sur un bloc de pierre émergeant  d’un amas, devant un linteau représentant Vishnou, enserré dans les bras d’un grand banian. Le végétal s’infiltre, croit, repousse les pierres sculptées, recouvre les ruines de toute une végétation tropicale. Il nait de cette alliance imprévue une sorte de magie poétique, une communion destructrice, le trait gravé se prolonge en liane, les racines des grands arbres plongent au sein des murs éparpillant les symboles qui s’érodent lentement…

Le petit circuit, effectué dimanche, prolonge cette impression. Après l’image iconique du lever de soleil sur l’Angkor Vat, on visite ce pur bijou. On suit d’immenses galeries parfaitement conservées, qui d’un côté ouvrent sur la forêt, en partie déboisée il faut le dire, et sur le mur d’en face courent d’immenses fresques contant l’histoire des dieux, de leurs avatars, de leurs batailles et de leurs triomphes. Huit cent mètres de gravures d’une finesse et d’une richesse incroyable !
On grimpe des étages, on redescend, remonte de l’autre côté, partout des statues, des bas- reliefs, on en ressort ébloui, longtemps après…

Les temples qui suivent, souvent moins bien conservés, ont tous gardé des attraits, des particularités qui leur confèrent à chacun un charme différent. Un des derniers, le Ta Phrom, illustre à merveille l’osmose entre la pierre et le végétal. De grands fromagers ont poussé de leurs graines germées entre les pierres, leurs racines, comme d’immenses tentacules, embrassent Vischnou, enlacent les Apsaras, broient lentement les lourds blocs de pierre dans leur inexorable étreinte.
Cela, c’est le beau côté, celui qu’il faut garder, mettre en avant, cette merveille créée par les hommes il y a autour de mille ans. L’autre côté, celui qu’il faudrait oublier, ce sont les hordes de visiteurs qu’il faut affronter, qui déferlent sur tous les sites, les envahissent en groupes compacts suivant leurs guides, bloquent les accès, les galeries, et imposent leurs innombrables selfies aux vénérables pierres. Ce sont en immense majorité des asiatiques, et, parmi ces asiatiques, il y a une immense majorité de chinois qui ont investi en force tous les grands sites touristiques de l’Asie du Sud Est. A Siem Reap ils ont leurs hôtels, leurs commerces, leurs bus… Dommage qu’ils n’aient pas aussi leur Angkor ! 


Au retour de l’éreintante journée, commence le tri des photos et le choix des mots pour raconter, et je n’en retiens finalement que l’émerveillement. C’est à ce jour le plus bel ouvrage humain que j’aie jamais vu….






20 février 2018

Bribes ...


Mauvaise nouvelle.



Des nouvelles comme celle-là,  on s’y attend, on sait, on sait qu’elle va tomber, mais confusément on la repousse, on la nie, et pourtant elle arrive. Ce soir on a appris qu’Hélène avait définitivement lâché prise…  Nous sommes tristes,  infiniment tristes, nous qui l’avons vu grandir, qui avions partagé tant de ses moments d’enfance et de jeunesse, on est triste, mais on pense à ceux qui l’ont accompagnée, à nos amis de toujours, ses parents Jacques et Jo. Jacques qui se bat lui aussi contre un cancer, Jo qui s’est déchirée entre tous ces malheurs et qui tient, qui résiste malgré tout. Il faut, oui, il faut tenir. Nous ne sommes pas là, Jo, Jacques, vous nous aviez donné la route, nous ne sommes pas là, mais de toute notre volonté, de toute notre âme, de toutes nos forces nous vous accompagnons et vous soutenons.

Nous pensons aussi et nous désolons pour JB son mari, et ses enfants, encore si jeunes pour voir brutalement s’écrouler leur monde. Les mots sont vains devant tant d’affliction et d’injustice.

« Le vent se lève, il faut tenter de vivre… »

19 février 2018

Pakse


Le Laos continue de nous enchanter ; pas tellement par ses paysages, moins variés, moins beaux que ceux du Vietnam, ils ont souvent un air de savane africaine, mais par son ambiance chaleureuse, accueillante. Et puis, on a retrouvé un mode de voyage dans lequel on se sent finalement plus à l’aise. Moins de confort et davantage de liberté, avec bien sûr, à la clé quelques déboires…
et désenchantements. Par exemple, depuis Pakse, nous voulions aller visiter le Wat Phou, un grand site religieux, maintenant bouddhique, mais qui fut d’abord hindouiste, édifié par les Khmers au Vème siècle. J’avais été charmé par la description de la petite ville de Champassak, proche du site, et avais décidé d’y faire une halte. On prend donc, en petit bus privé, un aller simple pour Champassak, avec dans l’idée de prendre ensuite un tuk-tuk pour le site.
Mais la ville s’avère en fait un trou perdu, un village rue sans aucun intérêt, et nous négocions donc avec notre chauffeur une prise en charge supplémentaire pour nous emmener au site, puis nous ramener à notre point de départ. Ce qui nous a finalement coûté plus cher que si nous avions opté pour cette solution dès l’achat du ticket, car nos capacités de négociation avec un chauffeur qui oublie subitement toutes ses vagues notions d’anglais, sont très limitées !

Bon le Wat Phou est un site magnifique, encore un classé au patrimoine de l’humanité à juste titre. Ce sont de belles ruines, encore vaillantes, avec de magnifiques bas-reliefs et le site, comme toujours a été choisi avec soin pour célébrer l’alliance de la nature et de la spiritualité. On se fatigue un peu les genoux à escalader des volées d’escaliers raides et biscornus.
On se croirait presque au pied de pyramides mayas, mais non, c’est bien un sanctuaire hindouiste, puis bouddhiste qui se cache tout en haut, au pied de falaises de grès noir. On souffle un peu à l’ombre des grands frangipaniers, car il fait chaud, le soleil nous cherche de ses rayons perçants et nous laisse tout en sueur. Heureusement, nous sommes encore en hiver, il fait sec et le thermomètre ne dépasse pas les 37°, ce qui reste acceptable si l’on ne fait pas trop d’efforts !


Donc après quelques heures d’admiration et de balades dans ce vraiment très beau site, on rentre à Pakse avec notre chauffeur devenu soudain très content et bien plus prolixe, mais pas beaucoup plus doué en anglais. Avec le japonais qui partage la voiture nous essayons en vain de le comprendre. On leur expose notre projet de faire la petite boucle du plateau des Bolavens à moto.  Le japonais se récrie, disant que je ne peux infliger ça à madame, car il y a de la poussière, la route est bosselée en travaux, c’est impossible !
Mais nous avons persisté et avons loué une petite moto, en fait ce sont des scooters, très faciles à conduire (Je dis ça pour ceux ou celles qui pourraient éprouver quelque inquiétude à nous voir faire ça, « A notre âge ! »),
et nous allons effectuer ce parcours en trois jours. Configuration légère, on a laissé nos bagages chez le loueur, empilé le strict nécessaire, (dont l’ordi !) dans les petits sacs à dos et en route ! Ce plateau devenu assez touristique grâce à ses nombreuses chutes d’eau, ses petits villages « ethniques » et ses plantations de café s’est révélé très plaisant à traverser.  La moto ronronne, je me sens devenir vietnamien, c’est un mode de transport agréable et bien adapté, particulièrement ici au Laos, où la circulation est quand même bien moins dense qu’au Vietnam ! Nous nous sommes arrêtés à Tad Lo, un petit village au bord de la rivière, avec deux jolies chutes d’eau. 
Aujourd’hui dimanche, les familles étaient de sortie, venues pique-niquer au bord de l’eau et se baigner dans les eaux vives. Nous nous sommes contentés de nous mouiller les pieds, frileux que nous sommes et avons contemplé le bain des éléphants. Demain,  nous ferons une balade sur le dos de ces montures devenues rares dans le pays. Comme ailleurs, le moteur à explosion a balayé les vieilles coutumes ou les a reléguées au rang de folklore pour touristes… C’est une étiquette un peu péjorative, mais qu’il faut bien accepter parfois et puis… nous avions envie de nous offrir ce plaisir !
Les connexions étant un peu aléatoires, nous n’avons pu publier ce blog le jour de la rédaction. Je poursuis donc mon récit et tenterai à nouveau de le publier, complété, aujourd’hui. Contrairement à hier où nous étions dans une petite  guesthouse, très peu chère, et très rudimentaire mais bien sympa, aujourd’hui nous avons élu domicile dans le seul disponible, un beau « resort », ensemble de bungalows, magnifiquement placé près de la cascade de Tad Fane, et plus confortable, mais six fois plus cher !
Pour ce qui est de la qualité de la connexion, je me méfie, le prix n’y change pas grand-chose ! (Pour ceux qui s’intéressent un peu au coût des choses, le Laos reste très peu cher pour nous, par exemple la guesthouse nous a coûté 50000 kip, c'est-à-dire 5 euros, le resort 300000 kip, donc 30 euros, un luxe exceptionnel, un repas normal s’élève à environ 80000 kip pour deux, bières comprises, 8 euros.)

Donc ce matin, balade  aux pas lents de notre pachyderme. Perchés dans un palanquin rustique, on est loin du temps des maharadjahs, j’admire la placide assurance de notre monture. Il déroule soigneusement le pied pour se hisser habilement sur un sentier rocailleux, parsemé de gros blocs rocheux.



 
J’étais loin d’imaginer tant d’agilité ! On passe au-dessus d’une cascade, on traverse un village ou les enfants nous crient des « sabaaïdee ! » enjoués avant de revenir à notre base de départ. Un petit tour pour le folklore, mais bien agréable et bien plus confortable que le dromadaire ou même que le cheval, pour nous !
Ensuite on a repris la route, avec une halte dans une plantation de café, enfin, un village traditionnel qui produit du café. Là, un guide local nous a raconté pendant deux heures, tout sur le café, sur les ethnies, sur la vie du village et sur la sienne, sur les plantes médicinales. Je ne vous fais pas un résumé, il y en aurait pour dix pages ! 
Ensuite la route, qui malheureusement se dégrade, comme nous l’avait signalé notre japonais, ils sont en train de construire une deux fois deux voies, on se demande pourquoi, qui pour le moment se résume à une demie voie mal empierrée, poussiéreuse et chaotique.
Demain, après deux visites de cascades que l'on espère aussi belles que celle près de laquelle on va dormir, on poursuit la route , cette route en travaux, jusqu'à Pakse, point final de notre petite boucle. On rend la moto, récupère nos sacs, et trouve un hôtel pour prendre une bonne douche car nous serons certainement  poussiéreux des pieds à la tête! Et puis après demain, départ pour le Cambodge! Angkor nous attend!  

16 février 2018

Premiers pas au Laos


Coucher de soleil sur le Mékong



On arrive au Laos lentement, par un bus surchargé qui nous a trainés de Hué à Savannakhet.  La gare routière où nous arrivons est calme, paisible, il n’est pourtant pas si tard.
Les tuk-tuk alignés ne se précipitent pas tous, non, un seul se présente que nous partageons avec les deux espagnols et la japonaise qui vont, quel hasard, dans le même hôtel que nous ! C’est un petit ensemble de bungalows très rustiques mais sympa, dans un joli jardin. Des français qui résident là nous donnent plein de tuyaux pour la suite du voyage. Savannakhet présente peu d’intérêt, c’est juste une ville étape, donc nous repartons le lendemain pour Takhek une petite ville au bord du Mékong un peu plus au nord. Nous espérons explorer depuis cette base la région du Khammouane, un magnifique massif karstique qui s’ouvre depuis peu au tourisme.
Les karsts de Khammouane s’érigent en murailles grises découpées, en dentelles de pierre, en découpages étranges qui émergent de la végétation. Travaillées par les eaux, érodées, sculptées ces roches se creusent, s’ouvrent aux rivières qui s’y cachent, heureuses de trouver un peu d’ombre et de fraicheur, avant de ressortir un peu plus loin s’offrir au soleil pour s’y dessécher à nouveau. Un des endroits les plus réputés c’est la fameuse grotte de Konglor, qui n’est d’ailleurs pas vraiment une grotte mais plutôt un long tunnel qui dissimule la rivière pendant plus de sept kilomètres avant de la laisser s’échapper dans une nouvelle vallée. Le plus étonnant c’est que ce tunnel est navigable !  Des barques à moteur font l’aller retour.
Le trajet dans le noir complet à peine troué par le faisceau des frontales que l’on nous prête est une expérience étonnante. Le tunnel sinue, se heurte à des murailles rocheuses, il s’élève ou s’abaisse. Parfois le bateau racle sur des hauts-fonds, on est en saison sèche, avant de reprendre son élan. La grotte nous délivre après un dernier coude, dans une jolie petite vallée où se niche un village perdu. Bien sûr, avec l’arrivée des touristes, les villageois se sont révélés des artisans hors pair et proposent tissages traditionnels et boissons fraiches, mais dans une atmosphère très bon enfant, sans sollicitation ni rapacité. Les touristes n’arrivent pour l’instant qu’au compte goutte et c’est très bien ainsi car la route est longue pour arriver à Konglor !
Nous avons choisi de prendre une excursion, que nous avons partagée avec trois israéliens et deux canadiens. Ils se sont révélés de bien désagréables compagnons de route, surtout les israéliens, jamais contents, toujours en retard et fiers de l’être et bien peu respectueux des gens du pays. Une longue route pourtant fort belle mais avec trop peu d’arrêts, il nous a fallu plus de trois heures de route pour atteindre notre but ! D’autres plus jeunes et plus sportifs louent des motos et partent pour un circuit de trois, quatre jours.  C’était tentant mais nous avons su garder raison et nous nous sommes contentés de louer une seule journée un beau scooter avec lequel nous avons fait la fin de la fameuse boucle en partant de Tekhek.
Une belle route bien goudronnée, qui permet quand même de s’échapper sur des pistes plus ou moins chaotiques pour aller visiter des grottes, encore, des boucles de rivières et surtout de s’infiltrer au cœur du fameux massif… Vous vous souvenez ? Non, non, je ne suis pas sarcastique !  Mais oui, le massif karstique, c’est ça ! Et de vous offrir de belles photos souvenirs !
Le Laos nous plait bien. Nous aimons l’ambiance qui y règne, très décontractée, jamais pressée. Contrairement aux vietnamiens, ils ne sont pas en recherche d’efficacité, pas de compétition, pas de stress. Avec, par conséquence, quelques aléas : Votre application à passer commande au restaurant s’avère inopérante, après une longue attente, vous recevez la moitié de ce que vous avez commandé, dans n’importe quel ordre, mais le sourire est toujours là , avec un « sorry very much » attendrissant!
Les bus ont du retard et sont souvent un peu trop chargés, mais personne ne s’énerve, jamais. C’est bien ! Et puis, nous avons retrouvé le soleil et la chaleur. La journée en moto nous a laissé transpirant, poussiéreux, assoiffés et il faut bien l’avouer un tantinet vannés ! Comme lors de nos épopées africaines, mais les paysages sont plus beaux et les motos en meilleur état !

Demain nous reprenons un bus en direction du sud vers la ville de Pakse, où nous nous arrêterons quelques jours, il y a, là aussi, plein de choses à voir !