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La grande pyramide de Tikal |
Le dernier site maya de notre
périple, Tikal, au nord du Guatemala, dans le Peten, est sans doute le plus
beau, le plus émouvant, le plus inextricablement lié à la forêt qui le dévore,
l’engloutit si on la laisse faire.
Car Tikal est vert (Oui, je sais, je sais,
ça vole bien en dessous de la canopée, mais il fallait quand même que je m’en
délivre !), et vertical : quand,
au pied d’un grand ceiba (Kapokier dans d’autres contrées), on voit sa
cime piquée haut dans le ciel et ses
larges racines qui s’enfoncent comme des lames
jusqu’au fond de la terre, on
comprend mieux les mayas qui en avaient fait un arbre sacré, le lien
entre le ciel et la terre, les divinités de l’eau et de la croissance, l’arbre
de la vie.
Leurs constructions s’apparentent à cette recherche, la verticalité
se fait marches raides, hautes et étroites, on s’approche du ciel en une lente
procession diagonale, on dépasse, on domine la canopée qui s’étend à l’infini,
tout autour. Emergent, comme de rares
signaux humains lancés sur la mer verte quelques pointes de pyramides,
et, tout en bas, dans les trouées créées pour les visiteurs, des vestiges de
bâtiments imposants. On redescend, on redevient homo sapiens, on se mêle aux
autres, pas encore trop nombreux, l’heure est matinale, et on reste béat devant
les admirables proportions de la cour centrale et des bâtiments qui l’entourent…
Les mayas étaient de sacrés architectes qui, d’après notre guide
(Car cette
fois, nous avions un guide, un vrai maya dont l’anglais nous était
compréhensible à … 70%, l’espagnol à
40%, et dont le français se résumait à « c’est parti mon kiki » !),
qui d’après notre guide disais-je, savaient calculer toutes les orientations,
proportions, les angles des bâtiments entre eux pour créer des échos et des
ombres portées en fonction de la saison… Moi, je crois qu’il y avait sans doute
aussi une part d’empirisme, mais quoiqu’il en soit le résultat est
magnifique !
Certes, il faut se lever très tôt,
débourser pas mal de Quetzals, marcher et s’avaler un certain nombre de marches
mayas, mais les gentils organisateurs ont pensé à tout : Ils ont créé sur
le plus grande pyramide escaladable, toutes ne le sont pas, une sorte
d’escalier en bois aux marches bien plus douces, qui permet même aux genoux
fatigués de hisser jusqu’au sommet le visiteur comblé. Cela permet aussi,
accessoirement d’économiser les pierres du monument, qui n’ont sans doute
jamais, pendant les dix-huit siècles d’occupation de la ville connu un tel
passage :
Car seuls, les prêtres et les dignitaires montaient jusqu’au
sommet pour des cérémonies en grand apparat où le peuple restait en bas.
Pendant la balade qui mène au site, quelques
animaux de la forêt, ceux qui ne sont pas trop sauvages, nous croisent l’air
indifférent… Des coatis, des agoutis, (une sorte de gros rat croisé avec un
lapin haut sur pattes ! ) des dindes ocellées, et l’on aperçoit, on entend
surtout, les singes hurleurs dans les cimes.
On repart quand la plupart des
visiteurs arrive, le soleil est haut et cogne fort, on repart comme à regret,
en trainant un peu des pieds, c’est vrai qu’ils sont fatigués, les pauvres, et
on reprend contact avec la réalité en arrivant sur le parking où devrait nous
attendre notre navette…
Elle arrivera, à l’heure guatémaltèque, avec juste
assez de retard pour nous laisser reprendre nos esprits, oublier le rêve maya
et l’aventure irréelle de cette grande cité si longtemps vivante et qui s’est
oubliée des siècles durant aux plus profond de la forêt.
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