Il pleut, il pleut…Depuis hier au
soir, il pleut, de grosses gouttes s’éclatent sur les toits de palme de la
Finca Tatin. Rien de vraiment étonnant, c’est normal ici, mais on s’était si
bien habitués au soleil !
Nous sommes ici, à Livingston,
enfin, à vingt minutes de lancha, de Livingston depuis avant-hier. La Finca
Tatin est un hôtel, isolé dans la jungle, au bord du rio Tatin, à une encablure
du rio Dulce. Il y a une grande paillote centrale, un espace collectif, où l’on
mange, on parle, on joue, on lit ou on attend en buvant des bières, et puis des
petites paillotes disséminées dans la forêt pour dormir… Le tout est très
rustique, très… Pas de confort, pas d’internet, à peine l’électricité aux
moments indispensables, mais une belle convivialité et quel
environnement ! 
Nous y sommes arrivés facilement
pourtant : Une réservation par internet depuis le précédent hôtel, un bus,
le bourg de Rio Dulce et la lancha collective
gare de lanchas de Rio Dulce |
qui normalement va directement à
Livingston, mais qui fait du porte à porte, et se permet même de faire un petit
détour touristique pour nous montrer le castillo de San Felipe sur le lac
Izabal, puis des sources d’eau chaude tenues par un collectif indien.
El castillo San Felipe |
Un bel
exemple de service public, à méditer ! Une seule amélioration à
suggérer : Installer des coussins sur les bancs de la lancha, car deux
heures de bateau à pleine vitesse qui tape à chaque creux d’eau, nous ont
laissé les fesses et les lombaires durablement endolories ! On pourrait
aussi leur dire d’aller moins vite, mais ce serait une offense, ils ont des
moteurs, ils s’en servent ! A fond !
Hier, après une première nuit
tranquille, sans chien qui aboie, sans moto qui passe, juste des bruits
d’insectes de la jungle, on s’était programmé un tour en lancha…
embarcadère de la finca tatin |
Les Garifundi qui peuplent Livingston, sont un peuple noir, descendants d’esclaves qui s’étaient échappés de la tutelle anglaise, dans les îles ou territoires avoisinants. Comme
Abandonnons lâchement ces pauvres
déshérités pour mettre la cap sur Playa Blanca ! La lancha de la Finca,
poussée par son gros moteur Mercury , à fond, nous fait traverser une partie de
la baie de Livingston. On longe la côte. La forêt s’y jette dans la mer, sa
seule limite infranchissable. Elle s’y résigne à grand peine, jetant parfois
des lianes et des tentacules, s’étirant en mangroves enchevêtrées. En face
c’est l’océan, à gauche on aperçoit les côtes du Belize, à droite, plus loin,
se dessinant à peine au dessus de l’horizon, c’est le Honduras… On débarque sur
cette plage,
une plage de dépliant publicitaire ! Vous savez, le soleil,
les cocotiers, le sable blanc, ajoutez-y des magnolias en fleur, pour une
touche de couleur et le vert de l’eau… On y boit du coco-rhum et on y déguste
des camarones à la plancha ! Vous verrez les photos, on ne les a pas
retouchées, promis !
L’eau est bonne, tout va bien…
Brutalement, un orage éclate… Des gros nuages sombres s’étaient subrepticement
réunis, derrière nous, là où personne ne regardait, et ont profité de notre
inattention pour nous déverser dessus une belle averse… Et puis ils se sont
lassés, renonçant à la tâche vaine de remplir l’océan d’eau douce…
Mais le
temps est brouillé, la lancha repart un peu en avance pour la dernière étape du
périple : Livingston…
On y débarque vers 14 heures, pour deux heures de
visite. Ell
es nous suffiront amplement pour en faire deux fois le tour et
attendre l’heure en sirotant une limonada. C’est un village, avec deux rues et
un quai. Sur le quai, on fait sécher la morue, on débarque la pêche et on
accueille les lanchas. Dans les rues, les commerces vendent un peu de tout, il
y a des restaurants qui proposent crevettes et poissons, ou bien, poissons et
crevettes cela dépend des préférences du cuisinier ! La population noire,
bien présente, ne m’a pourtant pas semblé majoritaire, cela dépend peut-être
des quartiers, on est resté au centre ! La ville n’est pas accessible en
voiture,
il n’y a pas de route pour y arriver : Des voitures il y en a
cependant, pour la ville et ses environs proches, pour le transport sur place,
ainsi que beaucoup de motos. Espace piétonnier? Concept hors de leur temps, de
leur façon d’être et de vivre. Marcher à pied, sur ses pieds, c’est être
pauvre, ne pas pouvoir faire autrement, c’est une résignation… Je crois que
dans la majorité des pays, il en est encore ainsi. Sauf dans notre vieille
Europe, mais c’est aussi une densité devenue insupportable dans son espace
étriqué qui l’a permis et sa richesse, car il faut être un pays riche pour se
préoccuper du bien-être de cette espèce généralement regardée avec
commisération : Le Piéton !
Après ce périple renversant,
retour à la Finca Tatin, pour de longs bavardages avec des gens de rencontre.
Des canadiens de Montréal, qui ont fui le froid en famille et nous enchantent
toujours de leur accent, des genevois, en voyage de noce,
et un breton qui a
quitté la pluie froide de sa terre natale pour s’installer sous les pluies
chaudes du Guatemala. Il a quitté son entreprise de boulangerie de Guatemala
Ciudad, pour quelques jours de vacances dans une autre jungle que celle de la
grande ville à la mauvaise réputation. Je ne sais quelle est la plus
inhospitalière, mais je sais celle que je préfère !
Le Fournil fournit en
pain français les restaurants et ses points de vente : Si vous passez par
là et que vous soyez lassés des tortillas, laissez-vous tenter ! En tout
cas ce fut une belle rencontre et j’ai beaucoup apprécié le temps passé à
échanger. Bonne chance à lui et à sa petite famille, sa compagne salvadorienne
et ses deux fillettes ! A la Finca, il y avait aussi des hollandais, une
argentine, deux israéliennes, des italiens… Une vraie tour de Babel ! Tout
ce petit monde se côtoie dans la bonne humeur et échange dans un spanglish
sympathique.
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