11 janvier 2017

Livingston






Il pleut, il pleut…Depuis hier au soir, il pleut, de grosses gouttes s’éclatent sur les toits de palme de la Finca Tatin. Rien de vraiment étonnant, c’est normal ici, mais on s’était si bien habitués au soleil !
Nous sommes ici, à Livingston, enfin, à vingt minutes de lancha, de Livingston depuis avant-hier. La Finca Tatin est un hôtel, isolé dans la jungle, au bord du rio Tatin, à une encablure du rio Dulce. Il y a une grande paillote centrale, un espace collectif, où l’on mange, on parle, on joue, on lit ou on attend en buvant des bières, et puis des petites paillotes disséminées dans la forêt pour dormir… Le tout est très rustique, très… Pas de confort, pas d’internet, à peine l’électricité aux moments indispensables, mais une belle convivialité et quel environnement !
Nous y sommes arrivés facilement pourtant : Une réservation par internet depuis le précédent hôtel, un bus, le bourg de Rio Dulce et la lancha collective

gare de lanchas de Rio Dulce

qui normalement va directement à Livingston, mais qui fait du porte à porte, et se permet même de faire un petit détour touristique pour nous montrer le castillo de San Felipe sur le lac Izabal, puis des sources d’eau chaude tenues par un collectif indien. 

El castillo San Felipe

Un bel exemple de service public, à méditer ! Une seule amélioration à suggérer : Installer des coussins sur les bancs de la lancha, car deux heures de bateau à pleine vitesse qui tape à chaque creux d’eau, nous ont laissé les fesses et les lombaires durablement endolories ! On pourrait aussi leur dire d’aller moins vite, mais ce serait une offense, ils ont des moteurs, ils s’en servent ! A fond !
Hier, après une première nuit tranquille, sans chien qui aboie, sans moto qui passe, juste des bruits d’insectes de la jungle, on s’était programmé un tour en lancha…
embarcadère de la finca tatin

Départ vers 9h00, on pose des gens à Livingston et cap sur les cascades des « 7 altares ».
Ils ne se sont pas cassé la tête pour le nom, mais le site lui, mérite le détour. C’est un petit rio, qui descend vers la mer qui l’attend, en sept étapes nonchalantes. Il y va comme à regret, s’attardant dans des profonds bassins aux eaux claires, puis glisse sur de grandes dalles de pierre lisse, ou creuse une rigole étroite pour s’échapper… Un sentier suit son cours, à moitié sur les rives, à moitié dans l’eau. Au dernier bassin, baignade populaire, les gens du coin et les touristes viennent se rafraîchir, se faire doucher sous la cascade, voire pour certains tenter d’épater les autres en sautant du haut de la cascade ! Tout le monde rit et s’éclabousse.  Là aussi le site est géré par un collectif « Garifundi »…  Deux mots sur les Garifundi avant de vous emmener sur la Playa Blanca… (Besoin de traduction ?)
Les Garifundi qui peuplent Livingston, sont un peuple noir, descendants d’esclaves qui s’étaient échappés de la tutelle anglaise, dans les îles ou territoires avoisinants. Comme Livingston était difficile d’accès, un lieu caché, ils s’y sont réfugiés et y ont survécu à défaut de prospérer. D’autres populations de proscrits, de bandits, d’ex- pirates, les ont rejoints, un peu comme au Belize. Au final une population métissée, hétéroclite, avec une langue et une culture particulières,  encore largement oubliée des autorités. Pas d’école, pas de système de soins, les gens vivent de la pêche et du tourisme. Gageons que si celui-ci se développe encore, on va vite s’occuper du lieu ! Mais pour le moment, c’est encore un coin tranquille… et magnifique ! Des poignées de routards du monde entier investissent les auberges et hôtels de Livingston, d’un standing insuffisant pour les tour-operators, à une ou deux exceptions près.


Abandonnons lâchement ces pauvres déshérités pour mettre la cap sur Playa Blanca ! La lancha de la Finca, poussée par son gros moteur Mercury , à fond, nous fait traverser une partie de la baie de Livingston. On longe la côte. La forêt s’y jette dans la mer, sa seule limite infranchissable. Elle s’y résigne à grand peine, jetant parfois des lianes et des tentacules, s’étirant en mangroves enchevêtrées. En face c’est l’océan, à gauche on aperçoit les côtes du Belize, à droite, plus loin, se dessinant à peine au dessus de l’horizon, c’est le Honduras… On débarque sur cette plage, une plage de dépliant publicitaire ! Vous savez, le soleil, les cocotiers, le sable blanc, ajoutez-y des magnolias en fleur, pour une touche de couleur et le vert de l’eau… On y boit du coco-rhum et on y déguste des camarones à la plancha ! Vous verrez les photos, on ne les a pas retouchées, promis !

L’eau est bonne, tout va bien… Brutalement, un orage éclate… Des gros nuages sombres s’étaient subrepticement réunis, derrière nous, là où personne ne regardait, et ont profité de notre inattention pour nous déverser dessus une belle averse… Et puis ils se sont lassés, renonçant à la tâche vaine de remplir l’océan d’eau douce… Mais le temps est brouillé, la lancha repart un peu en avance pour la dernière étape du périple : Livingston…
 On y débarque vers 14 heures, pour deux heures de visite. Elles nous suffiront amplement pour en faire deux fois le tour et attendre l’heure en sirotant une limonada. C’est un village, avec deux rues et un quai. Sur le quai, on fait sécher la morue, on débarque la pêche et on accueille les lanchas. Dans les rues, les commerces vendent un peu de tout, il y a des restaurants qui proposent crevettes et poissons, ou bien, poissons et crevettes cela dépend des préférences du cuisinier ! La population noire, bien présente, ne m’a pourtant pas semblé majoritaire, cela dépend peut-être des quartiers, on est resté au centre ! La ville n’est pas accessible en voiture, il n’y a pas de route pour y arriver : Des voitures il y en a cependant, pour la ville et ses environs proches, pour le transport sur place, ainsi que beaucoup de motos. Espace piétonnier? Concept hors de leur temps, de leur façon d’être et de vivre. Marcher à pied, sur ses pieds, c’est être pauvre, ne pas pouvoir faire autrement, c’est une résignation… Je crois que dans la majorité des pays, il en est encore ainsi. Sauf dans notre vieille Europe, mais c’est aussi une densité devenue insupportable dans son espace étriqué qui l’a permis et sa richesse, car il faut être un pays riche pour se préoccuper du bien-être de cette espèce généralement regardée avec commisération : Le Piéton !
Après ce périple renversant, retour à la Finca Tatin, pour de longs bavardages avec des gens de rencontre. Des canadiens de Montréal, qui ont fui le froid en famille et nous enchantent toujours de leur accent, des genevois, en voyage de noce, et un breton qui a quitté la pluie froide de sa terre natale pour s’installer sous les pluies chaudes du Guatemala. Il a quitté son entreprise de boulangerie de Guatemala Ciudad, pour quelques jours de vacances dans une autre jungle que celle de la grande ville à la mauvaise réputation. Je ne sais quelle est la plus inhospitalière, mais je sais celle que je préfère ! Le Fournil fournit en pain français les restaurants et ses points de vente : Si vous passez par là et que vous soyez lassés des tortillas, laissez-vous tenter ! En tout cas ce fut une belle rencontre et j’ai beaucoup apprécié le temps passé à échanger. Bonne chance à lui et à sa petite famille, sa compagne salvadorienne et ses deux fillettes ! A la Finca, il y avait aussi des hollandais, une argentine, deux israéliennes, des italiens… Une vraie tour de Babel ! Tout ce petit monde se côtoie dans la bonne humeur et échange dans un spanglish sympathique.

 

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