01 janvier 2017

Bribes...



 Les «  tope »

Je vous avais dit que je vous parlerais des « tope », voilà, je vais le faire : C’est une spécialité locale, dont les locaux ont horreur ! Un « tope » c’est tout simplement ce qu’on appelle chez nous un ralentisseur, un gendarme couché…  Mais ils sont au ralentisseur de Bresse ce que l’Everest est aux Côtes chalonnaises ! C’est vrai qu’ils fleurissent aussi en France, mais le climat tropical du Mexique leur convient magnifiquement, et à l’instar de pas mal de mexicains, certains deviennent énormes !  Pas tous, car il y a tope et tope, une remarquable diversité,  et là encore, un côté fantaisiste dans la création qui met un peu de baume au cœur au malheureux automobiliste confronté à ces infernales créatures.
Certains sont filiformes, tout rond, de plus ou moins gros diamètre,  d’autres présentent des pentes puis une plateforme, d’autres  encore sont des gros clous métalliques à tête ronde, on trouve aussi des grosses cordes ou des vieux pneus mis à plat, une vraie floraison, je vous dis, une gamme différenciée pour des besoins similaires : Ralentir à tout prix la circulation ! Objectif atteint ! En ville, ou dans les villages, impossible de ne pas en tenir compte, vous êtes cruellement rappelé à la dure réalité : Au mieux vous vous êtes cogné la tête au plafond de votre voiture, au pire celle-ci git, cassée, sur le bas côté !
Car le « tope » ne pardonne pas, il est sans pitié ! Certains à Oaxaca, exigent d’être abordés en travers, au ralenti, une roue après l’autre, pour ne pas trop racler, et encore à condition que la voiture ne soit pas chargée ! Les plus fins préviennent souvent qu’un gros va suivre, comme la première averse de l’orage, ce qui est bien car on peut ouvrir son parapluie : Ralentir encore… Car le tope est évidemment peu ou mal signalé. Un panneau général indique à l’entrée des villages l’existence possible de ces monstres de la route, ensuite une vigilance générale s’impose. Les yeux de tous sont requis pour signaler leur présence ! Souvent ils sont signalés, quand même, par un panneau posté juste à leur niveau. Le panneau est fréquemment tordu, cabossé, illisible ou caché, mais quand on le voit, il est trop tard, le tope est sous vos roues !  Mieux vaut donc tenter de les repérer de visu. Une certitude : le tope est un animal grégaire, il n’est jamais seul, quand on repère le premier, d’autres suivent… et ne se ressemblent pas forcément !
Certains tope ont été arasés par la vindicte populaire, il n’en reste qu’un sillon moins brutal dans la chaussée, d’autres ont été blessés par leurs victimes et présentent des cassures, des trous, des nids de poule, des failles et sont encore plus dangereux, c’est la double peine… Parfois, on se demande bien pourquoi, ils ne sont présents que sur une demi- chaussée, sans surprise, tout le monde passe par l’autre !
Le tope a peut-être permis d’épargner quelques piétons, mais en plus de permettre aux mécaniciens de vivre confortablement, il a une autre utilité sociale : De multiples petits  vendeurs aux échoppes mobiles s’installent auprès des plus gros, des plus ralentisseurs, et proposent à l’automobiliste en équilibre instable sur ce sommet, de l’eau, des sodas, du coca, des bonbons, des sachets de fruits, des tamales, des enchiladas, des…. Provoquant un véritable ralentissement !
Le tope est une institution nationale et comme toutes les institutions il est ici honni et décrié par tous. La critique est facile, l’art est difficile…

Aucun commentaire: