Les «
tope »
Je vous avais dit que je vous
parlerais des « tope », voilà, je vais le faire : C’est une
spécialité locale, dont les locaux ont horreur ! Un « tope »
c’est tout simplement ce qu’on appelle chez nous un ralentisseur, un gendarme
couché… Mais ils sont au ralentisseur de
Bresse ce que l’Everest est aux Côtes chalonnaises ! C’est vrai qu’ils
fleurissent aussi en France, mais le climat tropical du Mexique leur convient
magnifiquement, et à l’instar de pas mal de mexicains, certains deviennent
énormes ! Pas tous, car il y a tope
et tope, une remarquable diversité, et
là encore, un côté fantaisiste dans la création qui met un peu de baume au cœur
au malheureux automobiliste confronté à ces infernales créatures.
Certains sont filiformes, tout
rond, de plus ou moins gros diamètre,
d’autres présentent des pentes puis une plateforme, d’autres encore sont des gros clous métalliques à tête
ronde, on trouve aussi des grosses cordes ou des vieux pneus mis à plat, une
vraie floraison, je vous dis, une gamme différenciée pour des besoins
similaires : Ralentir à tout prix la circulation ! Objectif atteint !
En ville, ou dans les villages, impossible de ne pas en tenir compte, vous êtes
cruellement rappelé à la dure réalité : Au mieux vous vous êtes cogné la
tête au plafond de votre voiture, au pire celle-ci git, cassée, sur le bas
côté !
Car le « tope » ne
pardonne pas, il est sans pitié ! Certains à Oaxaca, exigent d’être
abordés en travers, au ralenti, une roue après l’autre, pour ne pas trop
racler, et encore à condition que la voiture ne soit pas chargée ! Les
plus fins préviennent souvent qu’un gros va suivre, comme la première averse de
l’orage, ce qui est bien car on peut ouvrir son parapluie : Ralentir
encore… Car le tope est évidemment peu ou mal signalé. Un panneau général
indique à l’entrée des villages l’existence possible de ces monstres de la
route, ensuite une vigilance générale s’impose. Les yeux de tous sont requis
pour signaler leur présence ! Souvent ils sont signalés, quand même, par
un panneau posté juste à leur niveau. Le panneau est fréquemment tordu,
cabossé, illisible ou caché, mais quand on le voit, il est trop tard, le tope
est sous vos roues ! Mieux vaut
donc tenter de les repérer de visu. Une certitude : le tope est un animal
grégaire, il n’est jamais seul, quand on repère le premier, d’autres suivent…
et ne se ressemblent pas forcément !
Certains tope ont été arasés par
la vindicte populaire, il n’en reste qu’un sillon moins brutal dans la
chaussée, d’autres ont été blessés par leurs victimes et présentent des
cassures, des trous, des nids de poule, des failles et sont encore plus
dangereux, c’est la double peine… Parfois, on se demande bien pourquoi, ils ne
sont présents que sur une demi- chaussée, sans surprise, tout le monde passe
par l’autre !
Le tope a peut-être permis
d’épargner quelques piétons, mais en plus de permettre aux mécaniciens de vivre
confortablement, il a une autre utilité sociale : De multiples petits vendeurs aux échoppes mobiles s’installent
auprès des plus gros, des plus ralentisseurs, et proposent à l’automobiliste en
équilibre instable sur ce sommet, de l’eau, des sodas, du coca, des bonbons, des
sachets de fruits, des tamales, des enchiladas, des…. Provoquant un véritable
ralentissement !
Le tope est une institution
nationale et comme toutes les institutions il est ici honni et décrié par tous.
La critique est facile, l’art est difficile…
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