Il pleut sur les villes, Bergen, puis Alesund,
il pleut sur les villes
de bois, pour ne pas qu’elles s’enflamment une nouvelle fois, qu’elles se
figent pour l’éternité dans leur robe de gris.

La dernière s’est faite belle il
y a à peine plus d’un siècle, érigée sur les cendres de son incendie. Elle s’est
parée des attributs de l’art naissant, celui que l’on disait Nouveau et ses
maisons en portent fièrement les symboles les plus marquants. Bâtie et rebâtie,
la ville aux sept îles, n’est pas aussi illustre que celle aux sept collines,
elle s’est nourrie de la mer et du vent, de la rudesse du temps, de la rigueur
des hommes.

Il pleut sur les villes et les bois,
Il pleut sur la terre, là où elle s’égrène dans la mer en une myriade
d’îles, îlots, rochers caressés par les vagues.
La route s’insinue entre terre
et mer, entre terre et brume, elle joue la virtuose pour passer d’une île à
l’autre par des ponts excentriques, des ponts tordus, puis lasse de se
contorsionner ainsi, elle finit par s’enfoncer dans la mer en un long tunnel
blanc.

Nous sommes là, à quelques pas du cercle polaire, dardés nous aussi
vers le nord, avec juste l’esquisse d’un crochet vers les Lofoten que nous
espérons atteindre dans deux jours.
Il pleut, il pleut sur les bois et les hommes, mais parfois, comme échappé de l’infini, pointe un doigt de lumière qui illumine un coin de fjord, un pan de forêt, sous un lambeau de ciel bleu.
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