Le Cap Nord… Il y a longtemps, quand c’était encore compliqué d’y
arriver, presqu’une aventure, j’en rêvais déjà.
Cela faisait partie de mes destinations de rêves, de rêves d’aventure. Maintenant, nous y sommes ! Il n’y a plus d’aventure, mais le mythe perdure !
Cela faisait partie de mes destinations de rêves, de rêves d’aventure. Maintenant, nous y sommes ! Il n’y a plus d’aventure, mais le mythe perdure !
Les guides nous avaient mis en garde, mais nous étions décidés à
sacrifier au mythe et même pour cela prêts à en passer sous les fourches
caudines d’une commercialisation abusive. L’approche par la route empêche
d’ailleurs toute alternative, sauf à chausser ses bottes de sept lieues,
parcourir de longues distances à pied dans la steppe et parvenir au Cap Nord
alternatif…
Beau Bill a donc suivi la route jusqu’au parking final, est passé
fièrement devant les postes de péage, où l’on doit normalement acquitter la
taxe exorbitante qui accorde le privilège de contempler le bout du monde…
Personne au péage, barrière ouverte, ce n’était pas l’heure, ou notre heure de
chance. On est passé. Et on a contemplé…
En fait, il n’y a pas grand-chose à voir ! Devant l’océan vide,
derrière le paysage vallonné, érodé,
lissé par le vent, une terre d’ardoise et de plantes rases, à gauche le
cap alternatif, et, sous nos pieds, la dernière falaise, au bord soigneusement
balisé par une barrière de sécurité à toute épreuve. (On est quand même en
Norvège, non !). Le vent est froid, le temps couvert mais la visibilité
est bonne…
Il n’y a pas grand-chose à voir mais c’est grand et c’est le bout de
l’Europe. On essaie de voir le pôle Nord, on caresse l’idée de la banquise, on
imagine l’hiver ici, quand la nuit règne, on est content, on a accompli un
vieux rêve…
Un chauffeur de bus danois, rencontré sur le parking du musée viking,
nous a demandé pourquoi il y avait tant de français qui montaient au cap nord,
plus que d’autres… La question était étrange et difficile… Peut-être sommes
nous, plus que d’autres tentés d’aller au bout, même si c’est inutile, même si,
au fond cela n’apporte rien, ou pas grand-chose, juste arriver au bord du monde
et contempler l’infini…
On repart. Les guichets de péage sont ouverts pour ceux qui arrivent
maintenant. Nous avons par hasard évité l’arnaque la plus septentrionale
d’Europe comme le dit un de nos guides… et cela renforce notre sentiment de
contentement !
Finalement, on a changé encore d’avis et on a décidé d’aller à
Kirkenes, vers la frontière russe ET au centre du pays sami. Cela ne fait que
500 km de plus, on n’est plus à ça près ! La route est belle, elle longe
l’océan Arctique, enlace des fjords, encore des fjords, traverse des étendues
de steppes où paissent paisiblement des troupeaux de rennes, des forêts
rabougries d’arbres tordus par le vent dans lesquels se nichent, à l’affut du
touriste innocent, des myriades de moustiques affamés.
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