La Norvège, c’est le pays des
fjords aux eaux pures, des glaciers qui viennent s’y baigner, c’est le pays des
trolls et du pétrole, c’est aussi celui des tunnels. Pour les fans de tunnel,
les agoraphobes, mais pas clostro du tout, des tunnels, il y en a, encore et
encore, pour tous les goûts. Des longs
et des courts, de larges tunnels tout droit, d’autres qui montent, (ou
descendent, c’est selon), d’autres qui montent et qui descendent, en général
avec un radar en bas de la descente, d’autres qui tournent et même qui font des
intersections, il y en a d’anciens à la
voute de roc mal façonnée, sombres et humides, d’autres tout récents en
béton lisse à la signalétique flambant neuve, certains sont gratuits, d’autres
payant. On en a même vu un, en rampe hélicoïdale, à une seule voie mais long de
4 km, qui desservait une ferme perdue en haut d’un fjord, habitée depuis 40 ans
par une dame. (Elle était jeune il y a 40 ans, mais plus maintenant !) Un
si long tunnel pour une vieille dame, cela nous a quand même interloqués !
On savait l’état norvégien pointilleux sur l’égalité des droits de ses citoyens
(d’autres feraient bien d’en prendre de la graine !), mais de là à engager
des travaux colossaux pour permettre à une seule personne d’aller chercher son
pain au village, il y a une marge que nous n’avons pas franchie. Renseignements
pris, c’est une compagnie électrique qui a construit le tunnel pour desservir certaines de ses installations et
la ferme en a profité, ainsi que les touristes qui montent et qui
descendent à horaires précis pour ne pas
se rencontrer !
Plein de tunnels, vous
dis-je ! Au point que sur certaines portions de route les vues sur les
fjords ou sur la montagne sont presque subliminales, un flash entre deux
tunnels, un éclair de liberté, un court espace de lumière et l’on replonge dans
le tube, restrictif, coercitif. On se réjouit les yeux et le cœur et l’instant
d’après l’obscurité est là. On attend la sortie, pour reprendre la
contemplation éperdue de ces paysages magnifiques, on guette sa lueur, on s’y
prépare, on regarde à gauche parce que le fjord était à gauche à l’entrée, mais
maintenant, raté, c’était à droite qu’il fallait regarder ! On tourne la
tête, trop tard, le tunnel suivant nous a déjà engloutis. (Je sens le sarcasme
poindre chez certains qui pensent que les têtes sont bien lentes à se tourner,
c’est un peu vrai, mais même une tête arthritique ne met pas si longtemps que
ça à faire un 180° en craquant, les tunnels se succèdent vraiment !) Sur
la E16, que nous avons empruntée un court moment on a compté 40km de tunnels
pour environ 60 effectués ! C’est un record, il y a même le plus long
tunnel du monde, 24km, c’est long et monotone.
Alors parfois, pour éviter un
trop long tunnel, on prend la petite route, celle d’avant, avant les foreuses
géantes, les vers de montagne, et on se
balade, lentement, suspendus au dessus des eaux par un fin ruban d’asphalte
usé….
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