On le savait : Voyager en
Norvège implique de prendre des ferries. On le savait, mais difficile d’évaluer
combien, sur des trajets prévisionnels. Les cartes achetées en France sont trop
peu précises. L’atlas routier acheté en Norvège donne déjà beaucoup plus de
précisions sur leur nombre. Quant à leur coût sur un voyage…
Alors voilà ! Des ferries il
y en a partout, des ferries en veux- tu en voilà. Les innombrables fjords, bras
de fjords, fjordinets et fjordinettes,
qu’il faut bien franchir pour aller de l’avant, donnent lieu au rituel
du ferry. Un rituel rapide, d’une efficacité remarquable : On arrive avec
Beau Bill, on se range sur une file plus ou moins longue avec d’autres
véhicules volontaires pour la même opération. Le monstre arrive, ouvre haut sa
gueule de requin, dégurgite ses proies précédentes et avale autos, camions,
motos et Beau Bill à une vitesse prodigieuse. Pour pouvoir être dégurgité de
l’autre côté de l’eau, il faut payer son écot, sa dîme, sa rançon. Les cartes
bleues se lamentent, évoquent une surchauffe douloureuse, les porte-monnaie se
ferment, se fripent d’effroi mais il faut en passer par là !
Alors on quitte Beau Bill un
instant et on monte, on monte tout en haut sur les ponts pour oublier ces viles
contingences. Le spectacle est magique, les eaux profondes des fjords
serpentent entre les montagnes, certaines encore blanches, d’autres toujours
vertes, des vallons couverts de vergers en fleurs, des cascades qui coulent de
partout, des torrents aux eaux impétueuses, pressés de rejoindre l’eau salée
pour s’y perdre corps et biens…
Et puis, vite la gueule va
s’ouvrir, on regagne Beau Bill qui patientait au fond du ferry et dans un
fracas de tôles on émerge pour découvrir un petit port dans un minuscule
village aux maisons rouges et blanches tout pareil à celui que l’on venait de
quitter.
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