27 janvier 2018

Ethnies




Nous avons troqué les lunettes de soleil contre les parapluies, enfin plutôt les imperméables, car il pleut. Retour de mousson, il paraît qu’il y en a pour une semaine ! C’est une petite pluie fine et pénétrante, comme dans une certaine région de France que je n’ose pas nommer ici de crainte de représailles. Par contre, ici, contrairement à cette région où la pluie est parait-il sélective, il pleut sur tout le monde de façon égalitaire, communisme oblige ! Nous poursuivons donc nos sauts de puces, de village en village, en tutoyant la frontière chinoise, (camaraderie de mise !) d’ethnie en ethnie.
Les villages « ethniques », je n’aime pas beaucoup cette expression, ni d’ailleurs le concept qu’il recouvre.  Imaginez que l’on ose, je ne sais d’ailleurs pas si j’ose l’écrire, traiter par exemple Ploumanac’h ou Pont Aven, ou bien encore Santa Lucia De Tallano de « villages  ethniques » ! Les uns barreraient immédiatement les routes coiffés de bonnets rouges, les autres sortiraient les fusils ! Pourtant, pourtant cela correspondrait à peu près à la définition : Une population minoritaire, d’origine différente, parlant une autre langue et ayant conservé des caractéristiques propres, dans les coutumes, l’habitat, le costume…. A ce titre certains arrondissements de grandes villes ou quelques banlieues pourraient être aussi qualifiés ainsi… Mais là, je deviens carrément provoc !
Pour en revenir à nos buffles, le Vietnam compte de nombreuses minorités ethniques qui occupent surtout le nord du pays, justement, et comme par hasard, la région que nous visitons !

Ici, ces minorités ne se rebellent pas contre le fait d’habiter des « villages ethniques » je crois même qu’elles en profitent pour modifier leur mode de vie. Certains villages, faciles d’accès, proches des villes, sont devenus de petits centres touristiques. Les maisons se rangent, s’astiquent un peu, les costumes locaux féminins sont de rigueur, (Pour les hommes on ne les voit guère, ils sont occupés ailleurs, habillés comme tout le monde ils passent inaperçus.) et vente de tissages traditionnels, très jolis d’ailleurs. Nous avons bien sûr visité certains de ceux-là, mais 
aussi d’autres, plus loin, beaucoup plus loin, qui ne portent pas officiellement la qualification… L’aspect change beaucoup. Certes les costumes sont là, mais seulement parce que c’est leur costume, celui de tous les jours, celui du travail, les maisons sont souvent délabrées, rafistolées, mal tenues, et les villages sont sales. Les ruisseaux servent de dépotoir, les rues, les caniveaux aussi. Rien à vendre, mais des sourires et des « hello » de bienvenue. Ceux là vivent mal de leurs cultures,
s’endettent longtemps pour acheter la moto et le smartphone, indispensables attributs de la vie moderne. Les uns, les labellisés, entretiennent leur passé pour envisager l’avenir, les autres tentent d’attraper l’avenir quitte à oublier le passé… Les deux voies sont sans doute des leurres….

Ceux-là sont ceux des montagnes, les plus mal lotis, comme partout refoulés des plaines faciles et fertiles. Les H’mongs sont les plus nombreux, chassés de Chine il y a  longtemps, confinés dans les montagnes hostiles ils se les sont appropriées, y ont bâti un mode de vie isolé, longtemps semi-nomade. Maintenant ils sont sédentarisés, abandonnent peu à peu la chasse et les brûlis sauvages. Il y a des H’mongs bleus, rouges, noirs et même d’après notre guide des H’mongs fleurs.  Je crois que ces appellations
reflètent essentiellement des différences vestimentaires, un peu comme les tissus écossais ! Nous avons visité des villages de H’mong bleu, mais surtout noirs, et aussi des Dzao, dont je ne sais pas grand-chose, des Thaïe, ils sont nombreux et répandus dans une bonne partie du Vietnam et enfin des Tays qui ont de belles maisons. (La différence de prononciation entre Thaïe et Tay est subtile, et mon oreille pas assez discriminante pour la percevoir. Apparemment le « a » de Tay est plus aigu plus fermé, mais c’est surtout le « i » final qui change tout. L’un est plus haut que l’autre !)





Je vous propose une galerie de portraits, de paysages, glanés au cours de nos visites.

1 commentaire:

Unknown a dit…

C’est trop trop beau!
Vraiment ça fait vraiment envie, et la culture semble accessible malgré la langue, t’ois le monde a le sourire sur vos photos !
Grosses bises