Dans une bribe je parlais du lent
travail de l’homme qui a façonné le paysage du Vietnam. Plus notre voyage se
poursuit dans les montagnes à priori hostiles du Nord Vietnam, plus cette
conviction prend forme. De la forêt qui occupait la majeure partie du terrain,
ne reste que des franges sur les flancs trop escarpés, des sommets retranchés,
des à-pics inexploitables, car l’homme laborieusement, opiniâtrement, laboure,
terrasse, cultive, de plus en plus haut, de plus en plus pentu.
Les larges
terrasses bien dessinées des rizières des plaines, se rétrécissent, suivent les
courbes de niveaux des flancs auxquelles elles s’accrochent, elles se
superposent presque tellement le dénivelé entre deux augmente.
Les canalets qui les alimentent et leur permet de se déverser l’une dans l’autre, de les mettre en eau, de les assécher se font tuyau en cascade. Mais toujours l’homme est là, courbé sur la terre, qui laboure avec son fidèle assistant le buffle, capable d’exploits dont est incapable le moindre tracteur.
Les canalets qui les alimentent et leur permet de se déverser l’une dans l’autre, de les mettre en eau, de les assécher se font tuyau en cascade. Mais toujours l’homme est là, courbé sur la terre, qui laboure avec son fidèle assistant le buffle, capable d’exploits dont est incapable le moindre tracteur.
Mais le bois de construction se fait plus rare, plus cher, trop cher. Alors les maisons qui se construisent perdent beaucoup en charme, elles se bétonnent comme partout, deviennent de vulgaires cubes de moellons, mal finis, mal commencés. Désormais elles sont un vestige du passé, les belles maisons des Thaïes, de bois sur pilotis et celles des Tays, leurs cousins en prononciation, de bois et couvertes de palmes sèches. Le paysage va y perdre en harmonie, ce qu’il va conserver en nature.
Ces paysages, nous les aimons, nous les trouvons beaux parce qu’ils sont aussi humains. Entre paysage et jardin, entre travail et nature, ils se dessinent, s’estompent dans les brumes matinales, s’illuminent au couchant avec toujours des reflets d’eau, sur le calme des rizières et des bassins à poissons, sur le vif des torrents et des rivières. Ce sont des paysages doux, nés de notre imagination avec, parfois des singularités qui enchantent, comme ces montagnes en pain de sucre, chevelues, qui semblent naître d’un caprice des rizières, par lots de deux ou trois, et abritent dans leurs creux des villages de bois qui s’y nichent dans une végétation exubérante. Et partout, l’homme est au travail. Hommes et femmes attelés à toutes les tâches que réclame la terre, labourant, sarclant, piochant, repiquant, coupant, ramassant, transportant à dos, puis à moto.
C’est la différence avec les
paysages grandioses d’autres voyages que nous avons faits, des paysages sculptés
dans le minéral, forgés par de grands séismes, ou de lents bouleversements
géologiques. Le Sud Lipez en Bolivie, ou le Yellowstone, aux USA ne perdent
rien de leur beauté, bien sûr, mais ce sont des paysages qui nous transportent
ailleurs, dans un autre monde, où l’homme n’a guère sa place alors qu’ici il en
fait partie, c’est une des composantes majeures de ce pays, qui sans lui, sans
ses efforts laborieux, ne serait pas ce qu’il est.
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