18 mars 2018

Le retour



C’est fait ! Nous sommes de retour à Chalon, avons retrouvé sans trop de plaisir les rigueurs météorologiques de la France et nous nous réadaptons à notre vie habituelle.  Le voyage est encore bien présent en nous, tout frais ; il suffit de fermer les yeux et immédiatement,  réapparaissent les images, les saveurs,  les odeurs et même la sensation de chaleur sur la peau !
Ce voyage ne nous a pas déçus, il nous a fait découvrir des contrées inconnues de nous, des cultures différentes, des paysages étonnants. Bien sûr, il y avait ce filigrane douloureux, toujours présent, cette douleur au creux de nos consciences qui s’est accrue après l’annonce, pourtant attendue de la mort d’Hélène. Nous avions moins le cœur à la fête, au rire, sommes sans doute passés à côté de rencontres possibles, de petits plaisirs de voyage, de jouissance du moment présent, oui, certainement… Et puis, notre capacité d’émerveillement, d’étonnement, diminue au fil des voyages. Ce qui fait la joie et la surprise de certains,

 comme les marchés par exemple, nous lasse assez vite maintenant. Bien sûr, ils sont riches, colorés, odorants, ils bruissent  de mille voix aux sonorités incongrues à nos oreilles, ils sont particuliers et en même temps semblables à ceux du Mexique, de Bolivie, ou de Ouagadougou ! Mais il reste les paysages et le travail des hommes…
Le Vietnam nous a plu, beaucoup plu. Des pays que nous avons visités, pour certains à peine effleurés, c’est celui qui nous a offert le plus de diversité dans les images. Des rizières de montagnes soigneusement dessinées, aux surprenantes étrangetés géologiques de la baie d’Halong jusqu’à la jolie ville de Hoian, 
c’est un pays de carte postale. Il s’écharpe de brume ou s’évapore au soleil, mais toujours s’active, s’affaire. J’aurais aimé le découvrir plus tôt, il y a longtemps, quand il y avait encore un peu de mystère et moins d’organisation. Il est maintenant livré au tourisme de masse et en perd une partie de son charme.




C’est au Laos que nous avons retrouvé nos habitudes de voyage, seuls, autonomes, sans circuit fixé. Nous y avons pris plaisir et avons trouvé le pays d’autant plus accueillant. Il est moins joli que le Vietnam, moins soigné, moins peuplé aussi, mais plus attachant. On y retrouve le parfum de liberté et de simplicité

 que nous aimons et si les sites naturels, les paysages n’ont rien de fantastique ni de grandiose ils sont agréables à voir, à découvrir. Les laotiens sont rieurs et blagueurs mais toujours serviables et aimables. Et puis, les grand bus de tourisme sont encore rares ! 

Il est encore temps de visiter ce pays, mais il faut faire vite, il se développe à toute vitesse, les forêts se rasent, les cours d’eau s’embarragent, il devient à la mode.




Le Cambodge s’est résumé pour nous à Siem Reap et à Angkor, plus  une petite escapade sur les rives du Tonle Sap le grand lac du centre du pays. La ville est une usine à touristes et à engranger de l’argent. Pour qui veut visiter Angkor, elle est incontournable. Le dollar y règne en roi, le pays n’utilise même plus sa propre monnaie, et tout y est beaucoup plus cher que chez ses voisins. 

Mais le site, lui, est vraiment magnifique, vraiment ! Il se classe au plus haut dans notre top monument, avec le Machu Picchu et Tikal, et vaut la peine que l’on affronte les hordes déferlant des bus et la vie artificielle de la cité. Mais des cambodgiens, je n’ai qu’un aperçu succinct : Des commerçants souriants et accueillants à Siem Reap, et des pêcheurs pauvres et indifférents dans le village…

Reste la Thaïlande… Mais pour nous la Thaïlande est à découvrir. Bangkok n’est pas la Thaïlande, et ce que nous avons vu du reste du pays n’offre guère d’intérêt. Il n’y a pas de touriste et pour cause, il n’y a rien à voir. Les villes sont laides et sans attrait, les gens vaquent à leurs affaires et ne s’occupent pas des deux égarés un peu paumés qui essaient de comprendre comment fonctionne le pays. Quant à la capitale, c’est une ville gigantesque qui ne manque pas d’atouts ;

 mais nous y avons passé quatre ou cinq jours et cela suffit… Les régions les plus belles sont bien sûr les plus attractives et, parait-il, la pression touristique y est très forte, on verra… Peut-être ! Ou pas…
Les prochains voyages sont encore à définir, rien n’est fixé ! Nous avons des envies, de vagues projets, mais pas d’ordre ni de dates. Un long périple le long de la Cordillère pour retrouver l’Amérique du Sud, un autre voyage en Asie avec le Myanmar et le Sri Lanka deux pays dont on nous a dit le plus grand bien, plus près de nous l’Afrique du nord dont nous ne connaissons que la Tunisie et puis plein de destinations sur de courtes durées qui nous tentent aussi…

Promis, on vous tiendra au courant, et le blog, tel un phœnix, reprendra de la plume et vous fera nous accompagner au gré de nos envies…








14 mars 2018

Bangkok





  Dernière étape de notre voyage, nous voilà de retour à Bangkok, dans la même petite guesthouse, chez Mr Tavee. Nous aimons bien cette petite auberge qui sert de lieu de rencontre, une étape tranquille dans la trop grande ville. Beaucoup de clients sont des habitués qui à chacun de leur passage  à Bangkok viennent et reviennent ici, avant de repartir vers d’autres destinations, en Thaïlande ou ailleurs. A cinq minutes à pied, la rivière 

et un arrêt des bus fluviaux offrent toutes les possibilités pour se plonger dans la ville. Nous voulions souffler un peu mais aussi, pour ne pas sombrer dans une oisiveté qui, comme chacun sait, est mère de tous les vices voir d’autres quartiers de la ville,  encore inexplorés. 

C’est ainsi que nous sommes allés dans un coin empli de buildings ultra modernes, de hautes tours aux formes futuristes et que nous nous sommes lancés dans la visite avortée de la tour Baiyoké.

Je ne reviens pas sur cette semi déception ! Bangkok se hérisse de gigantesques chantiers, des grues pointent vers le ciel, et enfantent de beaux immeubles de verre et d’acier. Certains arborent des formes nouvelles, hardies, aux lignes déchiquetées et semblent déjà se fragmenter en ruines incongrues ; d’autres plus sages, s’arrondissent en nid d’abeilles de béton lisse. Le long de la rivière, en particulier s’érigent de luxueuses résidences qui vont côtoyer les misérables cabanes qui s’accrochent  encore aux rives.  Eventrant le centre ville vers le nord,
l’énorme chantier  du train aérien se prolonge jusqu’aux banlieues… Bangkok est une ville qui bouillonne, qui vit, qui croît, qui change. Peu de traces du passé subsistent excepté les grands temples et la résidence royale ; ce qui fut n’est déjà plus, ce qui est ne le sera sans doute plus longtemps…

Restent  les quartiers chinois et indiens, cette fois nous les avons trouvés, qui ne sont en fait que de grands marchés où se presse une foule hétéroclite dans les venelles étroites. Tout se vend au fil des milliers d’échoppes, mais tout est semblable, les articles se répètent à l’infini, et finalement, le seul intérêt réside dans cette vie affairée, qui concentre tant de gens en si peu de place.

Les commerçants, ceux qui les approvisionnent en moto, avec des diables ou des chariots qui peinent à se frayer un passage, des voitures parfois qui s’aventurent dans les voies les plus larges, et bien sûr, des badauds, venus d’ici et d’ailleurs, du monde entier. Ils s’arrêtent devant des colifichets, des rayons de montres de contrefaçon, des centaines d’échoppes de tissus, vêtements, chaussures, des gadgets, des bricoles qui ne servent à rien.

De Bangkok, nous avons vu l’essentiel, l’essentiel selon les guides et les critères touristiques qui sont les nôtres. Mais une telle ville ne s’appréhende pas si facilement, des quartiers entiers nous restent inconnus, des quartiers qui contiendraient facilement une grosse ville moyenne de France !

Autant dire que nous avons effleuré Bangkok, comme nous avons effleuré la Thaïlande. Cependant les villes, à l’instar des marché chinois, se répètent, se perpétuent et se ressemblent d’un endroit à l’autre. Je pense que c’est le cas ici, comme presque partout et qu’en dehors du centre, des quartiers historiques et des endroits où se construit la ville de demain, il n’y a d’autres choses à voir que la morne cité des petites gens, vivant recluses derrière leur barrière de lignes électriques, dans de minuscules logements sans fenêtre. Alors, même si nous revenons, et je pense que nous reviendrons car le pays lui-même offre bien plus de diversité
et sert de base pour partir à la découverte d’autres contrées, nous nous contenterons de faire une halte chez Mr Tavee, de bavarder avec les gens de passage ici,  et de repartir plus loin, en train, en bus, ou en avion !

13 mars 2018

Bribes...


 La tour Baiyoké

Baiyoké est la plus haute tour de Bangkok, et elle se visite, un peu comme l’Empire State Building à New York, où d’autres sommets de la construction humaine un peu partout dans le monde. Nous décidons donc de voir Bangkok de haut et au terme d’un parcours admirablement maîtrisé, bateau et métro aérien, nous arrivons à proximité. Dans la rue, un thaï nous interpelle, nous vante les mérites d’un shopping dans l’autre sens et nous avertit qu’il y a énormément de monde, des chinois. Nous poursuivons néanmoins notre route et nous approchons du pied de la tour. Nous nous apercevons vite qu’il ne nous a pas menti : Le nombre de bus garés dans l’allée qui y mène, trahit la présence d’une cinquantaine de groupes, forcément chinois ! Une petite hésitation plus tard nous prenons nos tickets pour monter. Pas de queue aux guichets, les groupes avaient réservé, par contre une foule compacte attend son tour pour prendre les ascenseurs. Nous piétinons un moment dans le troupeau transhumant. Des bergers de fortune brandissent désespérément des drapeaux colorés et morigènent leurs ouailles pour les tenir groupées. Coincés entre deux groupes, nous attendons…

Les liftiers nous semblent un peu nerveux, pendus à leurs téléphones, eux aussi attendent… Apparemment les trois ascenseurs qui nous font face ont pris la clé du ciel. Ils se sont envolés, évaporés, ne reviennent plus. D’un coup les lumières s’éteignent, le troupeau bêle sans cependant céder à la panique, heureusement. Un moment s’écoule dans la pénombre. Les lumières clignotent, s’éteignent à nouveau, finissent par se rallumer. Un ascenseur arrive délivrant un petit groupe de passagers hagards. Derrière nous la foule grossit, encore et encore. Un temps de flottement et nous décidons de rebrousser chemin et de tenter de nous faire rembourser notre mise. On se fraie un chemin dans la foule épaisse, le terme n’est pas usurpé, on se fraie littéralement notre passage. Au guichet pas de problème, le remboursement est immédiat.

J’étais soulagé, je n’avais aucune envie, mais alors aucune, d’être bloqué dans un ascenseur autour du 80ème étage, même et peut-être surtout, en compagnie d’une douzaine de chinois !  Je n’avais jusqu’à présent jamais ressenti aucune tendance de xénophobie, nulle part, envers quiconque, mais là, je l’avoue, à ma grande honte, cet envahissement constant et ce comportement impérieux, égocentrique, m’irrite…  

11 mars 2018

De Surin à Pak Chong…


Temple de Phi Mai

  Mon dernier article était un peu dépité, mais c’est vrai que nos débuts de routards en Thaïlande n’ont pas été une réussite majeure ! Heureusement, nous avons corrigé, non pas le tir mais nos trajectoires et destinations et tout s’est arrangé. En fait, l’erreur a été de s’obstiner à aller à Surin : D’après notre bien-aimé guide franco-français, c’était une bonne base de départ pour des excursions dans la région, et bien non ! Si vous allez par là-bas, évitez, je vous le dis, évitez ! Surin est une ville qui ne doit exister que lors du festival des éléphants, grande manifestation annuelle, le reste du temps, comme maintenant, rien ! 

Eléphant à la recherche du touriste à Surin


Après une nuit morose dans notre immense hôtel minable, on a cherché des agences notées dans le guide, mais tout était fermé, définitivement si l’on en croit la poussière accumulée derrière les vitres et l’absence de toute affiche, panneau, pancarte signalant habituellement ce type de commerce. Ville sans taxis non plus, ni tuk-tuk ! Ou alors, en grève, ailleurs, partis en vacances ! Alors, décision prise, nous aussi on va voir ailleurs ! Les sacs sur le dos, on part vers la gare routière heureusement pas trop loin, c’est la seule chose de vraie à propos de l’hôtel, il était bien placé ! On prend un bus pour Nang Rong, une ville située à une soixantaine de km de là et proche des ruines khmères que l’on voulait absolument visiter. Et là, tout s’enchaine bien : A l’arrivée, un charmant taxi nous emmène dans un hôtel choisi au hasard sur internet, désormais nous EVITONS ceux du Routard et ne passons plus non plus par booking trop stressant et envahissant. On arrive et on voit ! La région est vide de touristes, ils sont ailleurs, à la plage...  A Nang Rong, l’hôtel était très bien, le taxi nous a emmené l’après-midi faire les visites des sites, dont l’un surtout valait vraiment le coup. Evidemment diront certains, il faut aimer les vieilles pierres, et après Angkor, si phénoménal, tout paraît rétréci, petit… Oui, mais nous aimons les vieilles pierres

et toutes ces constructions, tous ces temples témoignent de l’ampleur de civilisations disparues, de l’habileté des hommes de l’époque. Que ce soit les Incas, les Mayas, les Khmers, tous, à peu près à la même époque ont bâti des édifices prodigieux qui défient le temps et l’imagination. Leurs croyances ont aussi des points communs, que ce soit la Pacha Mamma pour les Incas, les différents dieux de la Terre et de l’eau pour les Mayas ou les fondements teintés d’animisme de l’hindouisme khmer, c’est toujours la liaison entre les éléments et l’homme avec la terre qui nourrit, l’eau qui fertilise, et des médiateurs, des intercesseurs… 

C’est aussi l’époque en Europe de l’érection des grandes cathédrales, mais je ne trouve pas les mêmes fondements religieux dans la chrétienté… Bon, passons, le petit temple de Phanum Rung, magnifique, vraiment, valait la peine et le détour.
Le même taxi, nous a, le lendemain, raccompagnés à la station de bus, et après avoir hésité, nous avons choisi de ne pas rallier directement Bangkok,


pour ne pas y arriver tardivement sans avoir réservé, car dans cette ville immense ce pourrait être plus compliqué. Une étape dans un très bel hôtel chicos, une fois n’est pas coutume, où le personnel a fait comme si nous n’arrivions pas avec nos sacs à dos dans un tuk-tuk  catarrheux, qui visiblement n’avait jamais posé ses roues ici !



Petite pause avec notre chauffeur de  taxi pour se ravitailler en pastèques et en déguster!!






09 mars 2018

Des jarres et des déboires…




 Notre voyage vit ses derniers jours, nous sommes en Thaïlande, et c’est vrai, avons quelques petits déboires, rien de bien méchant, juste de quoi nous agacer et nous faire dire que finalement ce sera pas mal de rentrer !

Mais avant, je vais vous raconter les jarres de Phonsavan, au Laos. Nous y sommes arrivés fatigués par une route longue,  bosselée, sinueuse à l’excès. La ville est sans charme aucun, une longue ville rue, (notre premier hôtel était situé à une extrémité et était inhabitable et d’ailleurs inhabité, nous avons vite déménagé !) et les quelques touristes qui s’y croisent sont venus admirer les jarres !

Ces champs de jarres sont en fait des nécropoles préhistoriques et ces grands récipients taillés dans la pierre des urnes démesurées.
On visite les trois zones, l’une entre deux collines ombragées de pins, on se croirait en Méditerranée,  une autre au bout d’une jolie petite balade dans les rizières, elle aussi sur une petite colline et la dernière, la plus grande, la seule où l’on ait croisé quelques visiteurs, près de la ville, sur une…colline, mais oui, c’est encore vrai ! Les sites sont agréables, les urnes assez mystérieuses, (Une légende locale veut qu’elles aient servi à inhumer les défunts dans du « whisky », (alcool de riz abondamment fabriqué, et consommé, dans la région) et celles qui ont résisté aux dommages du temps et aux intenses bombardements américains qui ont frappé la région sont des témoignages étranges ;

on se pose bien sûr la question : Comment faisaient-ils il y a si longtemps pour dégager, creuser puis transporter ces énormes blocs de pierre ? Mais les gens, ici, sont plus préoccupés par le déminage des munitions anti-personnel présentes encore par millions dans le sol, que par la réponse à ces questions sans grand intérêt !

Nous  sommes repartis pour Vientiane, la capitale du Laos, dont nous avons visité l’essentiel par une très chaude journée, ville agréable, très aérée, avec beaucoup de verdure et sommes passés en Thaïlande en fin de journée, pour anticiper un peu un long voyage.
Précaution utile, car voyager ici s’est révélé plus ardu qu’au Laos ou au Cambodge. D’abord, presque personne ne parle anglais, mais en bons asiatiques, ils font semblant de vous comprendre et vous disent n’importe quoi ensuite. Ensuite le système de bus semble plus proche de l’Amérique du sud : Diverses compagnies s’affrontent sur les mêmes destinations et vous racolent, quitte ensuite à annuler le bus si celui-ci n’est pas rentable ! Enfin, les affichages demeurent complètement incompréhensibles, je crois qu’il nous faudra longtemps pour déchiffrer l’écriture thaïe et ensuite savoir ce qu’elle signifie !
Donc, en arrivant à Nong Khay une fille nous renseigne, c’est bien, il y a un bus de sa compagnie à huit heures trente qui va nous emmener à Nakhon Rakhasima. On se lève assez tôt, évidemment, tuk-tuk, gare routière et là, la fille a disparu, son bus aussi, et le petit bureau est vide. En cherchant bien, on trouve une autre compagnie qui va nous emmener, mais à dix heure quinze… Alors, on attend ! Son internet est en panne, elle ne peut nous délivrer les billets que juste avant de partir, mais tout se passe bien.  Françoise, en étudiant la carte avait vu que le trajet du bus frôlait notre vraie destination Phimai et voulait s’arrêter à ce village, j’ai préféré aller jusqu’à Nakhon pensant que ce serait plus facile.

Ca l’a été, mais nous avons fait trois heures de bus supplémentaires ! Le temple khmer  de Phimai valait le détour, encore une chance ! Ce matin, après avoir visité, on quitte Phimai pour retourner à Nakhon et prendre un bus pour Surin, une ville qui doit nous servir de base pour des excursions dans la région. Tout se passe bien, jusqu’à l’arrivée. On descend du bus à Surin, enfin ce que l’on croit être Surin, et là, on demande pour l’hôtel où l’on veut aller… Personne ne connaît, mais quelqu’un croit savoir et nous fourre dans un tuk-tuk collectif qui part…L’hôtel devait être près de la gare routière, mais l’engin roule gaillardement et s’éloigne.

Françoise réagit, fait arrêter le conducteur et on tente de s’expliquer. Eux, vont à un village trente kilomètres plus loin dont le nom ressemble à celui de l’hôtel. Nous regagnons la gare à pied, avec nos gros sacs sur le dos. Et là, miracle, une vendeuse de fruits parle l’anglais assez bien et comprend que nous nous sommes trompés d’arrêt ! Surin est plus loin, trente kilomètres plus loin, et ici, c’est seulement le district de Surin qui commence. Je peste contre l’aide chauffeur du bus qui nous a vendu les billets et ne nous a pas prévenu de l’erreur ! 
Nous refusons la chambre que ces braves dames nous proposent et prenons un taxi jusqu’à l’hôtel. Un petit trou dans le budget, encore que les taxis, ici, soient très bon marché par rapport à la France ! Et l’hôtel, décrit dans le guide comme un peu suranné mais parfait, nous transporte dans un autre monde… Immense, vide, lugubre, les chambres miteuses n’ont pas vu de plumeau à poussière depuis des décennies, des couloirs labyrinthiques, il a comme un arrière- goût de soviétisme déplacé… Nous changerons demain !

Je m’étais dit, ce n’est pas grave, on va se trouver un bon repas ce soir pour nous changer les idées, mais nous n’avons déniché qu’une petite gargote aussi miteuse que l’hôtel… Pas de chance, je vous dis, des petits déboires, qui aident à finir un voyage !





07 mars 2018

Bribes ...


 Attendre fait partie du voyage…



« Attendre fait partie du voyage »… Je l’ai déjà dit dans un texte devenu presque célèbre, du moins pour le tout petit groupe d’initiés de notre troupe théâtrale ! Mais c’est très vrai. Ainsi, notre départ de Phonsavan, ville laide et sans aucun caractère mais où nous avons passé deux nuits, dans deux hôtels différents, car le premier ne méritait pas cette appellation, et d’où nous avons visité la Plaine des Jarres ! A l’agence où nous achetons le ticket, car la gare routière est à dix kilomètres, on nous dit : Le bus est à sept heures, rendez-vous devant l’agence à six heures trente pour le départ en tuk-tuk. Ok, on prend note. Un peu plus tard dans la soirée, en passant devant l’agence, le responsable nous hèle et nous dit : « Changement de programme, le bus est à six heures trente, le tuk-tuk passe vous prendre à six heures… » (Je traduis librement de l’anglo-lao au français !) Je me dis que c’est une chance que nous soyons repassés par là et qu’il nous ait aperçus, mais aussi adieu le petit déjeuner, à cinq heures trente les petits restaurants qui les servent ne sont pas ouverts. Bon, on se lève, le tuk-tuk, pour une fois précis nous emmène à six heures à la gare routière au diable vauvert. Il fait froid, nous sommes équipés pour la grosse chaleur qui n’est pas encore arrivée ! A la gare, on nous dit, que non, rien n’a changé, en fait le bus part à sept heures trente, comme d’habitude ! Donc nous attendons et admirons le lever de soleil sur la gare de Phonsavan, un spectacle rare que peu de touristes peuvent se vanter d’avoir vu. Ce n’est pas comme celui d’Angkor dont des milliers de photos peuvent témoigner ! Evidemment le bus ne part que vers huit heures, ce qui nous a laissé tout le temps de choisir les bonnes places, ce qui est tout un art ! Quand vous vous apprêtez à passer une bonne journée dans un bus le choix de la place est primordial. Il faut vérifier que l’espace pour les jambes est libre, sans colis, système de clim, marchepied qui vous laisse les genoux à hauteur du menton. Ensuite le dossier, réglable si possible, mais avec des crans qui tiennent et vous laissent le choix entre la couchette et le serre-livres, et qui ne tremble pas au moindre cahot, car à coup sûr, ils seront nombreux. Enfin, et c’est là que l’on voit les voyageurs aguerris, il faut tenir compte de l’orientation générale du trajet pour éviter le soleil de l’après midi et choisir le BON côté du bus, si l’on ne veut pas avoir un bras grillé !

Installés confortablement, on finit pars décoller. Enfin, c’est manière de dire, ce bus soi disant direct ne l’est que d’un arrêt à l’autre ! Comme il est parti plus qu’à moitié vide, on s’arrête à chaque endroit susceptible de procurer un passager supplémentaire, ne fut-ce que pour quelques kilomètres ! Le trajet initialement prévu d’une durée de sept heures grâce à la nouvelle route reliant Phonsavan à Vientiane, s’allonge immédiatement de façon indéterminée. D’autant plus que la nouvelle route est encore en construction ! Les chinois ont beau s’activer il faut zigzaguer entre le goudron frais, les bulldozers, les rouleaux compresseurs, les passages en terre. On prend et on dépose des passagers, des colis aussi. L’arrivée à Vientiane est tout aussi chaotique, la grande artère qui contourne la ville est complètement bouleversée par des travaux. Elle est en reconstruction. Finalement il n’est pas loin de dix huit heures quand on arrive en gare. Il ne reste plus que dix kilomètres de tuk-tuk pour arriver à l’hôtel que l’on a choisi en plein centre ville. Flemmard, il nous pose à deux cents mètres, histoire de s’éviter un détour. On se hisse les sacs qui deviennent de plus en plus lourds (Ce n’est pas une impression, c’est vrai, toutes les petites bricoles ramenées finissent par peser !)



Voyager c’est cela, se lever tôt, pour rien, pour un lever de soleil sur un endroit improbable, attendre un bus, attendre que le voyage s’écoule, lentement, c’est vrai, attendre fait partie du voyage…

03 mars 2018

Luang Prabang et Nuong Khiaw


nouveau coucher de soleil sur le Mékong

Nous voici revenus au Laos depuis quelques jours, quelques journées très riches passées à visiter, aller et venir, voire même revenir ! Luang Prabang, ville classée au Patrimoine Mondial de l’humanité, encore une, est notre base d’exploration de cette région.


 C’est une jolie ville, agréable, qui s’étire le long du Mékong jusqu’à son confluent avec une petite rivière la Nam Prabang peut-être. C’est une ville basse, aucun bâtiment n’y excède les deux étages et seuls dépassent un peu les arbres qui foisonnent joyeusement dans les jardins et les flèches dorées des innombrables temples et pagodes, certains très beaux. Rien de très spectaculaire, simplement une certaine douceur de vivre, à la laotienne et un cadre agréable. Une première journée a été consacrée à sa visite et à une balade à pied dans un village voisin. Il suffit d’enjamber la rivière par un petit pont de bambou et on accède par un chemin  à un des villages qui alimentent Luang Prabang en artisanat pour touristes. On y trouve des tissages, bien sûr, mais aussi et c’est une des raisons de cette visite, des fabriques de papiers artisanaux !
Du beau papier végétal travaillé à la main sur des cadres fins et séché au généreux soleil de la région. (C’est l’hiver ici, mais il fait 35°, il vaut mieux parler de saison sèche !) C’était le but de la balade nous avons ramené un certain nombre de grandes feuilles idéales, je l’espère, pour les travaux d’impression de Françoise. Le plus difficile a été de les caser dans les sacs sans trop les abimer !  Nous étions partis avec une grande marge de remplissage, sacs au trois quarts, c’est fait, ils sont pleins, 100% full, emplis de tous les achats réalisés depuis le départ.
Mais bon, nous sommes sur la fin du voyage… Donc une première journée pédestre ! Pour la seconde, pour reposer nos pieds fatigués et aussi pour élargir notre champ d’exploration nous avons loué à nouveau une petite moto. C’est décidément un mode de déplacement agréable et bien adapté au pays. Les mœurs de circulation sont faciles à adopter, il suffit de faire ce que l’on a envie en prévenant et en tenant compte des gabarits respectifs. Par exemple, les camions sont nettement prioritaires dans absolument tous les cas de figure et il vaut mieux s’abstenir de faire jouer un droit inexistant face à eux !
Il faut aussi garder un œil vigilant sur la chaussée car dans ce pays d’éléphants les nids de poule ont tendance à prendre des proportions insolites ! C’est je crois le plus gros danger ici, se prendre un trou profond et y laisser sa roue avant et plus si pas de chance ! Donc conduite au milieu, louvoyante et se serrer si un plus gros que vous arrive en face. Avec cette moto, nous sommes allés visiter des cascades, un premier site très fréquenté  et très joli, mais où nous sommes arrivés assez tôt pour éviter la foule, et un deuxième désert, complètement vide de visiteurs et d’eau ! On y a effectué quand même une chouette promenade, seuls  dans la forêt pour grimper aux cascades qui ne délivraient plus qu’un minuscule filet.














Ayant presque épuisé les charmes de la ville, nous sommes allés ensuite à Nuong Khiaw, un gros village à trois heures de route au nord. Plusieurs voyageurs rencontrés en chemin nous en avaient vanté les mérites. Un minivan surchargé nous y emmène de cahot en cahot. Nous prenons logis dans une modeste guesthouse au bord de la Nam Ou, la belle rivière qui magnifie ce lieu.
C’est un gros affluent du Mékong, et il y a peu on pouvait arriver à Nuong Khiaw en bateau en venant de Luang Prabang. Mais les temps changent et les chinois investissent ! Ils ont construit des barrages sur la rivière et très légèrement amélioré la route qui desservait le village. Il n’empêche, c’est un beau lieu. Le matin, le soleil peine à dissiper les brumes nocturnes et nimbe la vallée d’une étrange lumière, fantomatique,
puis quelques rayons dardent, faisant luire les feuilles des bananiers, des tecks et de  toute cette flore qui s’accroche follement aux flancs des monts escarpés.

Nous avons effectué là, une excursion d’une journée en bateau, entrecoupée de visites de villages et d’une longue promenade vers une cascade, encore une, qui elle était encore bien en eau. Les plus courageux du petit groupe s’y sont baignés.
En fait nous sommes les seuls à être restés sagement les pieds dans l’eau. Deux jeunes suédois ont plongé sans appréhension et ont déclaré l’eau très bonne, les deux hollandaises qui constituaient le reste de la troupe y sont allé plus délicatement mais ont quand même pris la douche sous le puissant  jet d’eau. La promenade en elle-même était plus que sympathique et comblait déjà nos velléités sportives. Le but final de l’excursion était un petit village, Muang Ngoi, autrefois un vrai trou perdu et devenu en quelques années un vrai refuge pour routards en quête de bouts du monde. Les agriculteurs se sont vite reconvertis et ont bâti des guesthouses et des restaurants à qui mieux- mieux.

Le retour en bateau fut une petite épopée… Le conducteur débutant qui avait déjà eu de gros problèmes dans la matinée pour démarrer son moteur, à chaque arrêt très récalcitrant pour se remettre en marche, nous a fait cette fois, le coup de la panne d’essence !


Une longue attente en dérive sur la Nam Ou, avec le soleil déclinant, le spectacle était de toute beauté, mais une certaine impatience gagnait quand même le groupe jusqu’à ce qu’une petite barque vienne, à la rame, nous délivrer un bidon d’essence.


Aujourd’hui, samedi, nous avons repris le bateau jusqu’au barrage, vers l’aval. Trois heures de navigation très belle, avec un conducteur-guide qui nous a beaucoup parlé. Adepte de la méditation bouddhique, calme et souriant, avec lui les arrêts dans les villages furent agréables et instructifs. Cette fois c’étaient des villages qui n’avaient plus vu de touristes depuis très longtemps, peut-être jamais. Dans l’un, les habitants vivent de l’agriculture et de la pêche, dans l’autre aussi mais les femmes tissent pour le marché de Luang Prabang. J’aime mieux visiter ces villages que les soi- disant villages « ethniques ». Ils sont finalement plus authentiques car ils reflètent la vraie façon de vivre actuelle des villageois.
Les habitats sont récents, certains en bois et bambous tissés, d’autres de moellons, les costumes ne sont plus traditionnels ou seulement en partie, la vie s’y déroule paisiblement, avec ou sans touristes.

Depuis le barrage, retour en van inconfortable sur Luang Prabang pour une dernière nuit dans la ville.

Nous avons décidé de modifier l’itinéraire prévu pour la fin de notre voyage.
On ne fait plus la croisière sur le Mékong pour passer dans le nord de la Thaïlande en deux jours. Différents avis nous ont laissé penser que les bateaux collectifs sont vraiment trop lents et inconfortables et on ne sait même pas s’ils remontent le Mékong, 
et ceux de croisière trop onéreux, donc, après une ultime excursion au Laos de trois jours dans la plaine des Jarres,  on descend sur Vientiane et on passe dans l’est de la Thaïlande pour une petite semaine de visite.

Mais nous ne sommes que le 3 mars, on peut encore changer d’avis ! Vous aurez certainement l’incomparable plaisir de me lire encore une ou deux fois avant notre retour et je vous raconterai, soyez en sûrs !

Pour ceux qui aiment les photos : petite sélection...