Un jour sans...
Des jours comme ça, il y en a
toujours au cours d’un voyage. On espère qu’il n’en sera rien, que tout sera
toujours parfait, mais non. C’était dimanche, dimanche 28. La veille déjà, la
mousson s’était faite pluie et grisaille une partie de la journée, mais elle
nous avait épargné les plus beaux sites et les balades. Mais ce jour là, on
quitte l’hôtel, dans la brume, avec une petite pluie fine, intermittente. On
espère comme la veille que tout va aller mieux ensuite. Mais non ! Au menu
du jour sont prévus des cols et des montagnes avec des paysages et des aperçus
magnifiques. On escalade le premier col dans un brouillard qui s’épaissit
jusqu’à devenir impénétrable. Les paysages il fallait les deviner, les
imaginer, et subodorer les aperçus. Au
sommet du col, premier arrêt, pour aller visiter les « Portes du ciel ». Certes
elles ne seront pas celles du paradis pour nous : Après un interminable
escalier, on débouche sur une plate-forme, tout en haut de la montagne qui
domine le col. De là, on ne voit rien, strictement rien ! Autour de nous
l’opacité la plus totale ! A l’humidité se joint une désagréable sensation
de froid pénétrant… Nous redescendons vite nous mettre au chaud dans la voiture
et reprenons la route. Elle se fait longue, longue et extrêmement lente. Dans
le brouillard qui ne desserre pas son étreinte, le chauffeur roule prudemment,
évitant les motos qui déboulent tous feux éteints, les camions qui ne se
rangent pas, les cars qui passent klaxon bloqué pour se signaler. La route se
fait chantier, elle est de boue et d’ornières, on ralentit encore. On grimpe toujours
pour arriver à notre deuxième étape : Long Cu (Je vous fais grâce des
mauvais jeux de mots qui m’ont traversé l’esprit !) C’est une tour,
perchée au bout des 387 marches précisées par notre guide, qui marque la limite
entre le Vietnam et la Chine. Une tour symbole, avec un immense drapeau
vietnamien qui flotte en haut et un bas relief représentant les guerres entre
les deux états. Un symbole vous dis-je, et on ne peut passer à côté d’un
symbole sans lui rendre visite. D’autant plus que, ce que je n’avais pas bien
compris, il était le but ultime de la longue journée de route, car Long Cu est
en fait un cul de sac ! On souffle jusqu’au bout des 387 marches, se doutant
bien de ce qui nous attendait : Un brouillard qui noie tout, le grand
drapeau à peine visible en haut de son mat, une stèle commémorative auprès de
laquelle il est de bon ton de se faire photographier. Transis, car le froid
s’est accentué, on redescend, et on part vers notre gîte, tout proche. C’est
une maison de Lolo bleu (de froid), une ancienne maison, toute de bois et de
vent coulis, aménagée de bric et de broc. L’accueil n’y est pas très
chaleureux, le contraire m’eut réconforté, le repas animé par les ouvriers qui
construisent un deuxième gite, en moellons, pour le maître des lieux et la
soirée glaciale. On plonge sous les couettes et couvertures, heureusement en quantité suffisante pour nous assurer une
nuit au chaud. Il n’est pas 19 heures, la nuit va être longue !