Depuis hier nous sommes à bord de la Reina de Enin, notre hôtel
flottant… Nous avons mis un peu plus longtemps que prévu pour le
rejoindre ! Normalement un petit coup d’aile depuis La Paz et c’était
joué, mais c’était sans compter les caprices de la météo. On quitte La Paz sous
un grand soleil, moins d’une heure après l’appareil se pose à Cochabamba, une
escale non indiquée sur le billet. De là une partie des passagers continue sur
Sucre, mais nous, on descend et on nous fait changer d’avion… Bon, on réinvestit un nouveau Boeing, on
attend le décollage mais rien ne se passe… Au bout d’un bon moment on nous
annonce que le vol est retardé, l’aéroport de Trinidad étant paralysé par la
pluie qui s’abat sur la région. Finalement on décolle vers 15 heures au lieu
des 9 heures et quelques annoncées. Quand on se pose, on comprend vite,
qu’effectivement il a beaucoup, beaucoup plu ! Malheureusement ce n’est
pas fini ! Le taxi qui nous emmène au port louvoie entre d’énormes flaques
d’eau, franchit des gués, et ses essuie- glaces et la buée ne laissent qu’une
faible visibilité, dans le jour qui décline déjà. Au « port »,

c'est-à-dire l’endroit où les pirogues peuvent accoster, une barque nous
attend. On descend avec précaution les berges boueuses, on nous prête,
heureusement, des ponchos de toile de plastique et l’on part, moteur ronflant
vers l’hôtel qui nous attend. Pour une découverte de l’Amazonie, c’est une
vraie immersion ! Le ciel se déverse dans la rivière, ou bien peut-être
l’inverse, on ne sait pas trop. De chaque côté une muraille verte cerne
vaguement le flot d’eau qui nous entoure.
Françoise essaie de faire quelques
photos… Mais l’appareil ne se remettra pas de ces tentatives. L’électronique
noyée va rendre l’âme… Françoise espère qu’après séchage il y aura une
résurrection, mais si elle a lieu, comme toute résurrection, elle tiendra du
miracle ! Nous arrivons donc trempés au « flotel ». C’est un
très curieux engin. Un catamaran, surmonté de deux ou trois étages, des velum
pour protéger du soleil, ou de la pluie, des appendices divers, des barques en
remorque… le tout planté dans la forêt infinie, au détour d’une rivière… On se
croirait dans un dessin animé de Myazaki, au cœur d’un de ses contes magiques.
Pour l’heure, on s’essore, on s’égoutte, on prend pied sur ce qui
était quelques jours de luxe coûteux dans notre voyage !
On se remet devant un bon repas,
le charme des cabines et la qualité de l’accueil nous mettent du baume
au cœur sans toutefois ôter la chape d’humidité qui nous imprègne.
Le personnel nous propose diverses possibilités d’activités,
d’excursions, de découvertes en fonction, bien sûr du temps qu’il va faire.
Mais celui-ci s’améliore, indéniablement. La pluie diluvienne de la veille a
laissé place à une sorte de crachin breton, qui devant son incapacité à nous
mouiller vraiment finit par rendre les armes. Le ciel reste gris, mais nous
verrons apparaître, dans l’après-midi de rares rayons de soleil. Le matin une
longue balade en pirogue nous fait découvrir faune et flore du coin. Beaucoup
d’oiseaux, des hérons et des martin- pêcheurs fréquents au bord du Doubs (Mais
à quoi ça sert d’aller si loin pour voir les même bestiaux que chez
nous !), mais aussi des cormorans, des rapaces et plein de beaux, grands
arbres… L’après-midi on réitère, mais cette fois on s’enfonce dans d’étroits
chenaux qui se perdent dans cette terre qui n’est ni terre ni eau.
Des lacs,
des lagunes, s’ouvrent, se ferment, on passe d’une rivière à l’autre, d’un bras
à l’autre. Parfois, le long d’une berge, un espace découvert, plus ou moins
déboisé, avec une petite chaumière, une velléité de culture, de plantation,
vient rompre la monotonie de l’immensité verte. On s’enfonce dans un chenal, la
petite barque louvoie, effectue des contorsions, elle s’insinue au cœur de la
végétation, dans un passage plus bas, plus étroit, on baisse la tête pour
éviter d’être giflé par les branches qui essaient de nous barrer le chemin.
Françoise pousse un cri, ses lunettes ont disparu, happées par la main
malicieuse d’un petit singe jaune, ou plutôt jetées à l’eau par une branche
revancharde. On cherche, on fouille, on repasse, on scrute…Sergio, notre jeune
guide plonge, fouille à tâtons l’eau boueuse, il faut finalement entendre
raison, les lunettes sont bel et bien perdues…
Françoise n’a plus que ses
lunettes de soleil ce qui n’est pas l’idéal pour lire le soir, ni même pour
distinguer au loin un dauphin rose émergeant subrepticement de l’eau sous un
ciel gris et menaçant… De retour à La Paz nous essaierons de lui trouver une solution
provisoire.
Ce matin, mercredi 6 mai, nous partons à la pêche aux piranhas. En route, nous passons à
« l’office » de l’hôtel, ce qu’ils appellent leur bureau. C’est un
coin de la grande rivière, encombré de troncs et de branchages, où bizarrement il
y a un brin de connexion téléphonique. 
Puis on pénètre encore une fois dans le labyrinthe vert, pour lancer nos cannes. Les piranhas voraces dévorent les morceaux de viandes avant qu’on ait le temps de les ferrer. Vu mes talents de pêcheur je n’avais guère d’illusions sur mes chances de réussite, mais seuls nos accompagnateurs réussiront une modeste pêche, que l’on a mangé à midi. C’est bien bon le piranha, c’est comme de la petite friture, mais en plus gros !
Puis on pénètre encore une fois dans le labyrinthe vert, pour lancer nos cannes. Les piranhas voraces dévorent les morceaux de viandes avant qu’on ait le temps de les ferrer. Vu mes talents de pêcheur je n’avais guère d’illusions sur mes chances de réussite, mais seuls nos accompagnateurs réussiront une modeste pêche, que l’on a mangé à midi. C’est bien bon le piranha, c’est comme de la petite friture, mais en plus gros !
L’après-midi, c’est découverte de la forêt, de ses plantes et de leurs
vertus thérapeutiques supposées. Au cours d’une balade boueuse, dont nos
vêtements et nos chaussures, nos uniques chaussures, reviendront dans un triste
état, nous nous enfonçons dans la silva.
Sergio nous arrange le passage à la machette et commente les plantes, les
arbres…
Il m’a beaucoup rappelé, en bien plus jeune, les tradipraticiens
africains, leur foi dans une phytothérapie ancrée dans la tradition, leur
méfiance du modernisme à tout prix, de la société de consommation. Plus éduqué,
notre jeune guide se veut écologiste, ouvert au monde, il gagne sa vie avec les
voyageurs qui passent, et a des rêves de jeune homme moderne, mais se sent quand même séduit par des modes
de vie autarciques au cœur de cette forêt qu’il aime et qu’il défend.
Le soir, à la brune, on ressort une barque pour tenter de voir des
caïmans, ou des alligators on ne sait pas trop… C’est une superbe promenade
sous les étoiles qui parsèment les nuages. L’eau est noire, l’eau est partout,
des lucioles scintillent parfois, le silence est ponctué par les sauts des
poissons qui retombent bruyamment dans l’eau.
Des yeux brillent sous le feu de
la torche, ce sont de petits caïmans, qu’Ariel qui nous guide ce soir, attrape
d’un geste vif derrière la tête pour nous les montrer de près. Les grands
caïmans qui laissent de profondes traces sur les rives sont restés invisibles…
Le paysage est immensément calme. On rentre à La Reina, amarrée au
confluent des deux rivières, seules quelques lampes la signalent et lorsque le générateur
sera éteint tôt dans la soirée, la nuit régnera entièrement.
2 commentaires:
Salut les aventuriers!
Vous pourriez juste mettre une ou deux photos de popi et momie car mes enfants (surtout Raphael) me demandent régulièrement ou sont popi et momie...!!! Arthur et Hugo nous ont fait des petits coup de blues "on veut voir popi et momie" et là Raphou est bloqué sur "Popi y pêche?"...!!!
On vous embrasse bien fort et profitez bien!
Les Zims Zoreilles, en transit à CDG !
coucou les amis , c'est le même souvenir que pour notre séjour au Vénez , la pluie et les caillements en moins.
gros bisous Annick
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