Je crois que c’est le quatrième ou cinquième
site classé que l’on visite. Il faudra que je les recompte sérieusement…
Hé bien, Iguazu mérite
amplement et le classement et le détour !
Bien sûr, ne croyez pas que l’on découvre ces immenses chutes, comme
ça, au bout d’un chemin boueux, vaguement indiqué par quelques panneaux
difficiles à lire… Non, Iguazu est un grand, un très grand site touristique,
superbement organisé, balisé, exploité, sécurisé, afin que le touriste en voie le maximum en toute
sérénité et dépense le plus possible en toute quiétude.
Des touristes il y en
a, beaucoup, du monde entier, qui se pressent sur les passerelles métalliques
surplombant les chutes et les lacs qui les alimentent. Mais cette visite reste
malgré tout superbe, dans un cadre absolument envoûtant. La jungle sert
d’écrin, un écrin vert, exubérant, foisonnant, à cet étonnant cirque de
cascades. Nous n’avons pas eu la chance
d’effectuer cette visite lors de grandes eaux, certaines chutes étaient
maigres, le niveau du lac supérieur assez bas et malgré tout, malgré tout, le spectacle est impressionnant. Impossible de
dénombrer toutes ces chutes, cascades, ruisselets, qui se précipitent dans cet
amphithéâtre de verdure. Le lac semble soudain s’affaisser, disparaître un
nuage d’embruns s’élève, haut, et
lorsqu’on s’approche du vide, sur les passerelles glissantes, on ne voit qu’un
énorme tourbillon d’où s’élève une
poussière d’eau.
Du côté brésilien, car nous avons fait une minuscule incursion dans
l’immense territoire brésilien, juste pour voir les chutes de l’autre côté, on
a une vue d’ensemble, presque, un peu plus de recul, c’est à la fois moins
impressionnant car on ne ressent pas la
puissance du débit, et plus beau car l’œil ne se perd pas dans le détail et
perçoit mieux l’étendue et la variété d’Iguazu. On en a profité pour visiter le
parc aux oiseaux, juste à côté.
D’immenses volières, noyées dans la forêt,
permettent de voir, d’approcher même car on pénètre dans plusieurs de ces
volières, les oiseaux caractéristiques de la forêt. Des perroquets aux
incroyables livrées, des toucans avec leur bec invraisemblable, des aras, des
nandous et d’autres… plein d’autres dont j’ai oublié le nom.
On avait gardé le côté argentin pour la fin, il est réputé plus beau,
plus intéressant. C’est vrai, au cours des circuits que l’on a effectués, on
approche au plus près des chutes, les balades nous font tourner autour du
cirque, en haut, en bas, en étant toujours plongé dans l’épaisse forêt
tropicale.
Le point culminant, après avoir effectué un court trajet dans un petit train, est le
parcours qui mène à la « Garganta del Diablo ».
C’est au moins la
troisième Gorge du Diable que nous voyons, mais celle-là est de très loin, celle
qui mérite le mieux son nom. C’est la partie la plus haute de l’amphithéâtre,
celle où le plus gros bras du fleuve, ou la plus grande partie de l’eau se
déverse soudainement dans un rugissement assourdissant, un fracas d’eau qui
éclabousse loin tout autour, un bouillonnement sans fin.
On en revient étonnés,
heureux et …mouillés ! D’autant plus que la pluie s’est mise à tomber, une
pluie tropicale, accompagnée de roulements de tonnerre. Une pluie de courtes
averses, drues et malheureusement pour nous trop fréquentes !
Et puis, aujourd’hui, mercredi, 27, notre avant dernier jour de
voyage, on s’est offert une petite excursion aux Misiones Jésuites…
On l’avait
prévue, on a tergiversé pour savoir comment se rendre à San Ignacio, la plus
belle des missions argentines… En bus sur deux jours, en excursion sur un jour,
en location de voiture, en vélo, non, c’est une blague, le site est quand même
à 250 km d’Iguazu ! Finalement, il n’y a pas de voitures à louer sur
place, le bus nous revient plus cher sans s’arrêter partout où on voudrait, on
s’offre donc une excursion !
Au passage arrêt dans une mine de pierres semi précieuses… La visite
en elle-même, courte, chère, aurait pu être intéressante, mais à notre goût
elle a été en partie gâchée par les propos du guide qui nous a vanté tant et
plus les vertus médicinales, énergisantes, aphrodisiaques, drainantes,
calmantes du …quartz ! Jo, notre scientifique rationaliste a été outrée de
ce qu’on a pu lui traduire ! Malheureusement le quartz, au nombre de ses
pouvoirs ne conférait pas le don des langues, sinon, baigné dans ses vibrations
bénéfiques, nous aurions pu dire en pur castillan ce que nous en pensions… (Il
y a là une contradiction, car si cela s’était avéré, nous n’aurions plus rien
eu à lui dire !)
Bon, on a repris la route sans rien acheter, jusqu’aux ruines de la
mission San Ignacio Mini… Encore un ensemble classé au patrimoine de
l’humanité ! Non pas tant pour la beauté des ruines, mais plutôt pour ce
qu’elles ont représenté : Une tentative réussie menée par les jésuites d’élaborer au XVIème
siècle un type de société modèle, avec
les indiens Guaranis. L’histoire est un peu trop longue à raconter sur un blog,
mais c’est une belle histoire, qui se finit mal… Comme beaucoup !
Cette fois le guide était intéressant, même si pour comprendre son
point de vue il nous a fallu aller à l’extrême limite de notre pauvre
espagnol !
Les ruines dans leur grand parc vert sont belles, les portiques
sculptés de motifs étranges, ignorés chez nous, des lianes, des serpents…
Le minibus repart pour, croit-on nous ramener directement à Puerto
Iguazu, mais non, c’était sans compter une petite halte commerciale dans une
coopérative de production d’herbe à maté, très consommée ici, de confitures, de
cornichons… Tout le monde dans le bus remplit ses cabas, c’est vraiment une
halte très prisée, sauf nous, bien sûr… Ramener des cornichons d’Argentine en
France, de la confiture ? Non merci, de la confiture de papaye, en
plus !
A la nuit on arrive à l’hôtel. La pluie s’est enfin tue. La ville
s’éponge, ruisselle.
Demain, c’est notre dernier jour de voyage, un jour de repos, sans
rien faire, rien de prévu, au grand dam de Françoise qui aurait aimé
« profiter » jusqu’au dernier instant, découvrir encore, continuer
jusqu’au bout, voyager encore un peu, un tout petit peu…