25 février 2024

Retour

 


Nous voilà de nouveau à Chalon sur Saône ! Le voyage retour s’est bien passé, même s’il fut long et éprouvant. Nous avons quitté Carthagène des Indes et sa lourde chaleur moite, une ville privée d’eau depuis trois jours, ce qui a gâché un peu notre appréciation de cette belle dernière étape. Quand on en est privé, on se rend vraiment compte de l’importance de l’eau dans notre vie, et du confort qu’elle apporte. Au cours de cette étape, on a appris également que notre ami Pascal vivait ses derniers jours, même quand on s’y attend plus ou moins, ce sont toujours des nouvelles tristes à vivre, une sorte de couperet inéluctable qui finit par tomber.  Pour finir, dans l’aéroport de Bogota, notre ordinateur de voyage s’est séparé de nous … sans notre consentement ! Un mystère que l’on n’a pas résolu : Volé ? Perdu ? Oublié quelque part ?  Une seule chose est sûre : On ne l’a plus ! Sa perte nous a affectés, on l’aimait bien notre petit ordi, il avait déjà fait de beaux voyages, de longs blogs, et il avait la capacité d’en faire encore beaucoup …  On a lancé une recherche aux objets trouvés de Bogota… Vous y croiriez-vous ? Nous, pas vraiment !


Donc, nous voilà dans cet hiver qui n’en est pas vraiment un, une grisaille fraîche, comme l’ambiance sociale, politique, médiatique de notre pays. Si j’avais su, je serais pas venu ! Mais il était temps pour nous , nos activités, nos amis, nos familles,  nous réclamaient et nous manquaient.


 

Alors, tirer une conclusion d’un tel voyage, n’est pas facile. Il est encore trop présent, nous ne l’avons pas tout à fait quitté, il y a encore trop d’images, de souvenirs qui se bousculent. Il nous faut faire le tri, le digérer lentement. C’est un voyage foisonnant, de lieux, de cultures diverses, de villes et de campagnes.

 


 Des paysages de montagnes, des lacs, des lacs, des océans, des îles, des climats du grand sud, semi-polaire, à l’équatorial, tempéré de haute montagne, puis tropical… Tous un peu lissés par le réchauffement global, nous n’avons eu que deux ou trois jours de pluie sur l’ensemble du voyage ! C’est d’ailleurs un leitmotiv général, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, tout le monde est inquiet et craint le manque d’eau et la chaleur qui se généralise avec ses corollaires, les incendies dans des pays mal armés pour lutter contre.


     L’un des paysages les plus marquants, le plus beau sans doute, restera le glacier Perito Moreno, avec sa muraille bleue qui plonge dans le lac… Mais les lacs chiliens sont bien beaux aussi, et la Cordillère Blanche au Pérou offre de somptueux paysages de montagnes. Ce que nous avons parcouru de la Colombie, une petite partie de ce grand pays, nous a beaucoup plu aussi, avec son exubérante végétation, qui recouvre collines et montagnes d’un tapis vert. 


     Du côté villes, sans conteste ce sont les villes coloniales de Colombie qui sont le plus jolies, avec, en particulier, la petite cité de Barichara que nous avons beaucoup aimée . Carthagène est très belle aussi, si l’on parvient à faire abstraction de son américanisation à notre goût outrancière. On y parle trop américain et le dollar y règne en maître. Mais Santiago, la capitale chilienne, possède aussi pas mal de charme, du moins dans son centre- ville. Les cités péruviennes, elles, semblent toujours en construction, les maisons y sont toutes inachevées et pourtant occupées. Toujours, il y a un étage en construction, hérissé de fers à béton, rafistolé de tôles, encombré de baraquements de bric et de broc, d’étendages familiaux. Les façades de briques nues, mal jointes, attendent indéfiniment un revêtement qui ne vient jamais. Les villes, les villages péruviens, heurtent notre sens esthétique, ils sont laids.


     Mais en culture, le Pérou redresse la tête ! C’est le pays qui offre au visiteur intéressé le plus grand nombre de sites préhispaniques, et les plus riches. Des cultures disparues, oubliées parfois, tombées sous la domination inca ou rayées de la carte par la colonisation espagnole, dont il reste, là une pyramide tronquée, là un vaste palais à moitié effacé par le vent, ailleurs un temple aux dieux oubliés, ou un village citadelle, comme à Kuelap, aux murailles grandioses.


     Un point commun à tous ces pays : Les habitants y parlent espagnol bien sûr, pas vraiment le même d’ailleurs, il est souvent coloré d’idiomes qui ne nous ont pas aidés dans la compréhension, mais surtout, presque partout, ils se sont montrés accueillants, aimables, heureux de nous voir et prêts à rendre service, à nous aider. Cette gentillesse générale, l’ambiance de bonne humeur ont bien contribué à faire de ce voyage un grand moment de plaisir.





Ce fut vraiment un grand et bien beau voyage, que l’on ne peut résumer en un clin d’œil, ni en un article final de blog, il mérite plus et mieux. 













 

 

19 février 2024

Carthagène et Mompox

 


Carthagène des Indes… LA ville emblématique de la côte caraïbe, la ville touristique par excellence ! Nous y sommes arrivés hier depuis Mompox, au terme d’un long trajet en bus, plus long que prévu, qui nous a amené dans la belle ville, la nuit largement tombée. Puis grâce à un taxi partagé avec une jeune française rencontrée dans le bus, nous avons atteint notre gîte, une chambre dans l’appartement d’une dame très gentille. Notre grand désir d’une douche et d’un peu de calme après les six heures de musique colombienne du bus fut déçu : La ville souffre d’une coupure généralisée d’eau depuis le matin, et le magasin bar d’en face a fait la fiesta jusqu’à une heure du matin !

Le lendemain, on s’organise. Avec le colocataire slovène, on va au supermarché tout proche chercher des bidons d’eau. Les gens n’ont pas encore pris la mesure du problème et pensent que l’eau va être rétablie sous peu, mais je n’y crois pas et préfère prendre quelques précautions. Ensuite, nous partons nous balader dans la ville, vraiment très belle et vraiment très touristique. Il y a énormément de groupes, énormément d’américains qui font énormément grimper les prix. Les tarifs, ici, n’ont rien à voir avec le reste de la Colombie ! Nous nous promenons longuement dans les rues animées, sans cesse sollicités par des revendeurs de bijoux, de rosaires, de chapeaux, de lunettes, de sacs, de boissons, de nourriture, ou des gens qui n’ont rien à vendre mais qui font simplement la manche. En général, ils n’insistent pas, sauf si on a l’air intéressé, alors, ils se transforment en un essaim gluant : Sur une terrasse, où nous buvions une boisson un peu trop sucrée pour être désaltérante, une tablée d’américains, à côté de nous, après un premier achat d’une babiole souvenir, s’est vu assiégée par une nuée de propositions aussi variées qu’inutiles !

Mais cette ville, très métissée, possède une atmosphère particulière, et malgré les importuns, elle se laisse visiter avec grand plaisir. Il y a de la musique, de la danse, et de belles façades coloniales aux balcons de bois. Il y a des couleurs et du soleil, du soleil et l’Atlantique des Caraïbes… Mais nous n’irons pas explorer les plages, celles qui sont proches sont sales et surpeuplées (on pourrait peut-être dire surpeuplées donc sales ?) et nous n’avons ni le temps, ni la motivation pour aller plus loin dans la journée qui nous reste. Donc demain, notre dernier jour de voyage, nous resterons à Carthagène.



Nous avons acheté suffisamment de bouteilles et de bidons d’eau, avant qu’ils ne soient en rupture de stock, pour laver  notre sueur! Car la logeuse vient d’apprendre que l’eau ne reviendra pas avant mardi… Je m’en doutais un peu, mais elle, non ! Je sais, je suis un grand pessimiste, mais malheureusement, j’ai parfois, non ! souvent, raison ! Notre prochaine vraie douche sera donc à la maison, à moins qu’il n’y ait aussi des coupures d’eau à Chalon ?

Mompox...



La  magnifique petite cité s’alanguit dans une torpeur moite, le long du Rio Magdalena, bien assagi depuis San Agustin. Les touristes déambulent à pas lents sur la promenade ombragée et s’arrêtent boire un café ou une limonade glacée avant de replonger pour un temps dans le hammam naturel de Mompox. Les habitants, eux, circulent à moto, les plus pauvres à vélo, les plus riches en voiture. Mais le quartier historique, classé au patrimoine mondial, avec ses églises et ses maisons colorées qui tranchent sur le blanc général, se veut piéton…

Presque, car les deux roues s’y faufilent ! Les européens y retrouvent avec plaisir des terrasses, presque inconnues ailleurs en Colombie, c’est une ambiance de vacances, où la chaleur incite au farniente. D’ailleurs, il n’y a rien à faire à Mompox… Juste flâner un peu, se  balader dans les rues calmes, négocier un souvenir… Et puis faire un tour en bateau sur le fleuve. Ce que nous avions l’intention de faire. L’offre n’est pas pléthorique, à la mesure du nombre de touristes je suppose. Donc, nous sommes inscrits pour LE tour de l’après-midi.
On s’entasse à une bonne vingtaine sur une barque, serrés comme des sardines en boîte, histoire de baigner dans une transpiration commune. Au bout d’une demi-heure de navigation sur le Magdanela, enfin, un de ses bras, car il s’est déjà divisé, on accoste sur une berge boueuse. En haut, des motos triporteur nous attendent ; A neuf par moto, plus le pilote, plus les acolytes accrochés aux flancs, cela tourne à l’équipée sauvage. Mais on traverse un paysage plutôt bucolique, des prairies où paissent des vaches mélancoliques à cause de leur bosse sans doute, des porcs noirs hauts sur patte. Il y a aussi des enfants souriants et des adultes qui vaquent à leur besogne coutumière. On reprend une autre barque, tout aussi exigüe, et nous voilà partis pour un long périple dans les innombrables lacs, étangs, bras de rivières qui entourent Mompox. Certains sont très peu profonds et se peuplent de ces étranges feuilles envahissantes, des sortes de nénuphars, qui font comme une prairie sur l’eau. De grands hérons, compassés, marchent dignement dans l’eau, ou se tiennent immobiles, dédaigneux ; des vols d’aigrettes, de cormorans et de milliers d’autres oiseaux dont j’ignore le nom sillonnent l’air. On croise parfois des pêcheurs, dans leurs pirogues faite d’un tronc évidé. Ils jettent des filets, mais l’eau est si chaude qu’ils ne doivent pêcher que des poissons déjà pré-cuits ! Le paysage est étrange, de végétation basse, entre terre et marécage, entre terre et eau. Au retour, le soleil baisse à l’horizon. La lumière du crépuscule magnifie la balade. On cherche des caïmans… Mais la chaleur les accable, les rend flegmatiques, ils ne laissent dépasser de l’eau qu’un œil discret, que le nôtre a bien du mal à discerner…















14 février 2024

Villa de Leyva- Barichara

 


Hop ! D’un article à l’autre, nous voilà près de 1000 km plus au nord ! La Colombie est grande !

De San Agustin, un taxi nous a conduit au minuscule aéroport de Pitalito, d’où nous décollons dans l’ATR 400 en direction de Bogota. L’avion vibrant de tous ses turbos nous pose à l’heure, nous sautons dans un taxi pour rejoindre le terminal de bus nord, une heure de route quand même, là, un bus nous emmène directement à Villa de Leyva, notre prochaine étape. Le temps se raccourcissant, nous avons choisi d’enchaîner, et tout s’est très bien passé.

Villa de Leyva, à deux heures de Bogota, est une ville de villégiature où les Bogotanais aisés, viennent en foule passer le week-end. Nous y étions bien sûr, le vendredi soir et le samedi ! Mais cela n’a pas été trop gênant, il faut bien que l’on s’habitue à nouveau à voir du monde ! La ville est très belle, toute blanche, son cœur bat encore au rythme colonial, de belles façades cachant de profond patios, cours et jardins cachés. Les rues pavées de gros galets inconfortables font cahoter les vieux pick-up surchargés des paysans qui montent au marché vendre leur production. Un beau marché, coloré, plein de fruits et légumes que l’on ne retrouve bizarrement dans aucun des plats que l’on nous propose… Peut-être dans les soupes ? Ici les échoppes du marché proposent des saucisses grillées, des abats et de l’agneau… Des spécialités locales. Tentant, mais il est trop tôt ! 

Nous mangerons finalement dans un restaurant qui propose des saucisses « artisanales », mais ce ne sont pas celles du pays, ce sont de simples « wurst » allemandes, à un prix d’Outre-Rhin, accompagnées de … pommes de terre, bien sûr ! Déconvenue… Nous qui voulions changer un peu de nourriture ! Mais Villa de Leyva reste une ville charmante, agréable et tranquille comparée à Bogota. Et elle était une mise en bouche pour l’étape suivante, Barichara…

Encore une ville qui se fait mériter. Un enchaînement de trois bus dans la journée, le deuxième avec deux heures de retard, ce qui nous a contraint à chercher un petit bus local dans un autre terminal. On arrive un peu las dans cette magnifique petite ville. Un tuk-tuk nous emmène à l’hôtel El Zaguan, qui se trouve à … 300 mètres de l’arrêt de bus. Les flemmards ! Mais bon, ça monte, on est vieux, on savait pas, et puis c’est comme ça ! L’hôtel n’attend que nous, nous serons ses seuls clients pour les trois jours de notre séjour. Et pourtant ! C’est une belle maison coloniale, avec un beau patio, des chambres à balcon avec colonnettes ouvragées, une spécialité d’ici, non comestible. C’est spacieux, bien tenu, et la « chica » qui nous sert les petits déjeuners souriante et serviable. Elle n’est là que lorsque c’est nécessaire, le reste du temps on a tout le bâtiment pour nous ! Seul inconvénient, l’eau chaude, très chaude, trop chaude,  ne l’est que durant un temps très limité… Il faut faire vite !

Les autres touristes, il y en a, nous en avons repérés un certain nombre, surtout des français, doivent s’entasser dans les hébergements recommandés par le Routard. Ceux-là sont complets !




Mais je digresse… Barichara est un petit bijou ! Une ville compacte, toute blanche elle aussi, qui s’adosse à une colline, une ville qui s’est immobilisée au XVIIIème siècle. Ses églises de pierre ocre qui s’illuminent au soleil couchant, les rues dallées bordées de façades blanches et d’innombrables lieux cachés, patios et jardins, arrière-cours, tous débordant d’une exubérante végétation tropicale, en font vraiment un lieu magique.

 Depuis le haut de la ville, un sentier, le « Camino Real », rien de moins,  plonge dans le canyon , remonte et longeant la petite montagne nous emmène à Guane, un joli village, tout petit, qui vit d’agriculture et des quelques touristes qui suivent le chemin très caillouteux, jusqu’au bout de ses sept kilomètres. Là encore, essentiellement des français, mais en route, nous avons bavardé avec deux canadiens du New- Brunswick ! Spécialité du village : Des fourmis grillées… Pas mal, mais ça colle un peu au palais ! Retour en bus, nous ne nous sommes pas sentis le courage de remonter les pentes abruptes que nous avions descendues précautionneusement !

La ville est très calme, très sympa. Françoise ce matin, est tombée en arrêt devant une fabrique artisanale de PAPIER ! Miracle des voyages… Nous avions déjà ramené du papier laotien, voilà que le papier colombien va le remplacer, d’autant plus qu’il est trrrès spécial ! Fabriqué à partir de fibres végétales de yucca, d’ananas, d’agave… il va certainement donner lieu à de magnifiques tableaux.


Demain nous quittons ce havre de paix… Enfin, j’espère, car les liaisons en bus pour Bucaramanga m’apparaissent incertaines et compliquées. On verra bien, mais nous n’avons plus beaucoup de jours à perdre, la dernière semaine de voyage est contrainte et déjà programmée…