19 février 2024

Carthagène et Mompox

 


Carthagène des Indes… LA ville emblématique de la côte caraïbe, la ville touristique par excellence ! Nous y sommes arrivés hier depuis Mompox, au terme d’un long trajet en bus, plus long que prévu, qui nous a amené dans la belle ville, la nuit largement tombée. Puis grâce à un taxi partagé avec une jeune française rencontrée dans le bus, nous avons atteint notre gîte, une chambre dans l’appartement d’une dame très gentille. Notre grand désir d’une douche et d’un peu de calme après les six heures de musique colombienne du bus fut déçu : La ville souffre d’une coupure généralisée d’eau depuis le matin, et le magasin bar d’en face a fait la fiesta jusqu’à une heure du matin !

Le lendemain, on s’organise. Avec le colocataire slovène, on va au supermarché tout proche chercher des bidons d’eau. Les gens n’ont pas encore pris la mesure du problème et pensent que l’eau va être rétablie sous peu, mais je n’y crois pas et préfère prendre quelques précautions. Ensuite, nous partons nous balader dans la ville, vraiment très belle et vraiment très touristique. Il y a énormément de groupes, énormément d’américains qui font énormément grimper les prix. Les tarifs, ici, n’ont rien à voir avec le reste de la Colombie ! Nous nous promenons longuement dans les rues animées, sans cesse sollicités par des revendeurs de bijoux, de rosaires, de chapeaux, de lunettes, de sacs, de boissons, de nourriture, ou des gens qui n’ont rien à vendre mais qui font simplement la manche. En général, ils n’insistent pas, sauf si on a l’air intéressé, alors, ils se transforment en un essaim gluant : Sur une terrasse, où nous buvions une boisson un peu trop sucrée pour être désaltérante, une tablée d’américains, à côté de nous, après un premier achat d’une babiole souvenir, s’est vu assiégée par une nuée de propositions aussi variées qu’inutiles !

Mais cette ville, très métissée, possède une atmosphère particulière, et malgré les importuns, elle se laisse visiter avec grand plaisir. Il y a de la musique, de la danse, et de belles façades coloniales aux balcons de bois. Il y a des couleurs et du soleil, du soleil et l’Atlantique des Caraïbes… Mais nous n’irons pas explorer les plages, celles qui sont proches sont sales et surpeuplées (on pourrait peut-être dire surpeuplées donc sales ?) et nous n’avons ni le temps, ni la motivation pour aller plus loin dans la journée qui nous reste. Donc demain, notre dernier jour de voyage, nous resterons à Carthagène.



Nous avons acheté suffisamment de bouteilles et de bidons d’eau, avant qu’ils ne soient en rupture de stock, pour laver  notre sueur! Car la logeuse vient d’apprendre que l’eau ne reviendra pas avant mardi… Je m’en doutais un peu, mais elle, non ! Je sais, je suis un grand pessimiste, mais malheureusement, j’ai parfois, non ! souvent, raison ! Notre prochaine vraie douche sera donc à la maison, à moins qu’il n’y ait aussi des coupures d’eau à Chalon ?

Mompox...



La  magnifique petite cité s’alanguit dans une torpeur moite, le long du Rio Magdalena, bien assagi depuis San Agustin. Les touristes déambulent à pas lents sur la promenade ombragée et s’arrêtent boire un café ou une limonade glacée avant de replonger pour un temps dans le hammam naturel de Mompox. Les habitants, eux, circulent à moto, les plus pauvres à vélo, les plus riches en voiture. Mais le quartier historique, classé au patrimoine mondial, avec ses églises et ses maisons colorées qui tranchent sur le blanc général, se veut piéton…

Presque, car les deux roues s’y faufilent ! Les européens y retrouvent avec plaisir des terrasses, presque inconnues ailleurs en Colombie, c’est une ambiance de vacances, où la chaleur incite au farniente. D’ailleurs, il n’y a rien à faire à Mompox… Juste flâner un peu, se  balader dans les rues calmes, négocier un souvenir… Et puis faire un tour en bateau sur le fleuve. Ce que nous avions l’intention de faire. L’offre n’est pas pléthorique, à la mesure du nombre de touristes je suppose. Donc, nous sommes inscrits pour LE tour de l’après-midi.
On s’entasse à une bonne vingtaine sur une barque, serrés comme des sardines en boîte, histoire de baigner dans une transpiration commune. Au bout d’une demi-heure de navigation sur le Magdanela, enfin, un de ses bras, car il s’est déjà divisé, on accoste sur une berge boueuse. En haut, des motos triporteur nous attendent ; A neuf par moto, plus le pilote, plus les acolytes accrochés aux flancs, cela tourne à l’équipée sauvage. Mais on traverse un paysage plutôt bucolique, des prairies où paissent des vaches mélancoliques à cause de leur bosse sans doute, des porcs noirs hauts sur patte. Il y a aussi des enfants souriants et des adultes qui vaquent à leur besogne coutumière. On reprend une autre barque, tout aussi exigüe, et nous voilà partis pour un long périple dans les innombrables lacs, étangs, bras de rivières qui entourent Mompox. Certains sont très peu profonds et se peuplent de ces étranges feuilles envahissantes, des sortes de nénuphars, qui font comme une prairie sur l’eau. De grands hérons, compassés, marchent dignement dans l’eau, ou se tiennent immobiles, dédaigneux ; des vols d’aigrettes, de cormorans et de milliers d’autres oiseaux dont j’ignore le nom sillonnent l’air. On croise parfois des pêcheurs, dans leurs pirogues faite d’un tronc évidé. Ils jettent des filets, mais l’eau est si chaude qu’ils ne doivent pêcher que des poissons déjà pré-cuits ! Le paysage est étrange, de végétation basse, entre terre et marécage, entre terre et eau. Au retour, le soleil baisse à l’horizon. La lumière du crépuscule magnifie la balade. On cherche des caïmans… Mais la chaleur les accable, les rend flegmatiques, ils ne laissent dépasser de l’eau qu’un œil discret, que le nôtre a bien du mal à discerner…















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