Carthagène des
Indes… LA ville emblématique de la côte caraïbe, la ville touristique par excellence !
Nous y sommes arrivés hier depuis Mompox, au terme d’un long trajet en bus,
plus long que prévu, qui nous a amené dans la belle ville, la nuit largement
tombée. Puis grâce à un taxi partagé avec une jeune française rencontrée dans
le bus, nous avons atteint notre gîte, une chambre dans l’appartement d’une
dame très gentille. Notre grand désir d’une douche et d’un peu de calme après
les six heures de musique colombienne du bus fut déçu : La ville souffre d’une
coupure généralisée d’eau depuis le matin, et le magasin bar d’en face a fait
la fiesta jusqu’à une heure du matin !

Le lendemain, on s’organise. Avec
le colocataire slovène, on va au supermarché tout proche chercher des bidons d’eau.
Les gens n’ont pas encore pris la mesure du problème et pensent que l’eau va
être rétablie sous peu, mais je n’y crois pas et préfère prendre quelques
précautions. Ensuite, nous partons nous balader dans la ville, vraiment très
belle et vraiment très touristique. Il y a énormément de groupes, énormément d’américains
qui font énormément grimper les prix. Les tarifs, ici, n’ont rien à voir avec
le reste de la Colombie ! Nous nous promenons longuement dans les rues
animées, sans cesse sollicités par des revendeurs de bijoux, de rosaires, de
chapeaux, de lunettes, de sacs, de boissons, de nourriture, ou des gens qui n’ont
rien à vendre mais qui font simplement la manche. En général, ils n’insistent
pas, sauf si on a l’air intéressé, alors, ils se transforment en un essaim gluant :
Sur une terrasse, où nous buvions une boisson un peu trop sucrée pour être
désaltérante, une tablée d’américains, à côté de nous, après un premier achat d’une
babiole souvenir, s’est vu assiégée par une nuée de propositions aussi variées
qu’inutiles !
Mais cette
ville, très métissée, possède une atmosphère particulière, et malgré les
importuns, elle se laisse visiter avec grand plaisir. Il y a de la musique, de
la danse, et de belles façades coloniales aux balcons de bois. Il y a des
couleurs et du soleil, du soleil et l’Atlantique des Caraïbes… Mais nous n’irons
pas explorer les plages, celles qui sont proches sont sales et surpeuplées (on
pourrait peut-être dire surpeuplées donc sales ?) et nous n’avons ni le
temps, ni la motivation pour aller plus loin dans la journée qui nous reste.
Donc demain, notre dernier jour de voyage, nous resterons à Carthagène.
Nous
avons acheté suffisamment de bouteilles et de bidons d’eau, avant qu’ils ne
soient en rupture de stock, pour laver notre sueur! Car la logeuse vient
d’apprendre que l’eau ne reviendra pas avant mardi… Je m’en doutais un peu,
mais elle, non ! Je sais, je suis un grand pessimiste, mais
malheureusement, j’ai parfois, non ! souvent, raison ! Notre
prochaine vraie douche sera donc à la maison, à moins qu’il n’y ait aussi des
coupures d’eau à Chalon ?
Mompox...
La magnifique petite cité s’alanguit dans une
torpeur moite, le long du Rio Magdalena, bien assagi depuis San Agustin. Les
touristes déambulent à pas lents sur la promenade ombragée et s’arrêtent boire
un café ou une limonade glacée avant de replonger pour un temps dans le hammam
naturel de Mompox. Les habitants, eux, circulent à moto, les plus pauvres à
vélo, les plus riches en voiture. Mais le quartier historique, classé au
patrimoine mondial, avec ses églises et ses maisons colorées qui tranchent sur
le blanc général, se veut piéton…
Presque, car les deux roues s’y
faufilent ! Les européens y retrouvent avec plaisir des terrasses, presque
inconnues ailleurs en Colombie, c’est une ambiance de vacances, où la chaleur
incite au farniente. D’ailleurs, il n’y a rien à faire à Mompox… Juste flâner
un peu, se
balader dans les rues calmes,
négocier un souvenir… Et puis faire un tour en bateau sur le fleuve. Ce que
nous avions l’intention de faire. L’offre n’est pas pléthorique, à la mesure du
nombre de touristes je suppose. Donc, nous sommes inscrits pour LE tour de
l’après-midi.
On s’entasse à une bonne vingtaine sur une barque, serrés comme
des sardines en boîte, histoire de baigner dans une transpiration commune. Au
bout d’une demi-heure de navigation sur le Magdanela, enfin, un de ses bras,
car il s’est déjà divisé, on accoste sur une berge boueuse. En haut, des motos
triporteur nous attendent ; A neuf par moto, plus le pilote, plus les
acolytes accrochés aux flancs, cela tourne à l’équipée sauvage. Mais on
traverse un paysage plutôt bucolique, des prairies où paissent des vaches
mélancoliques à cause de leur bosse sans doute, des porcs noirs hauts sur
patte. Il y a aussi des enfants souriants et des adultes qui vaquent à leur
besogne coutumière. On reprend une autre barque, tout aussi exigüe, et nous
voilà partis pour un long périple dans les innombrables lacs, étangs, bras de
rivières qui entourent Mompox. Certains sont très peu profonds et se peuplent
de ces étranges feuilles envahissantes, des sortes de nénuphars, qui font comme
une prairie sur l’eau. De grands hérons, compassés, marchent dignement dans
l’eau, ou se tiennent immobiles, dédaigneux ; des vols d’aigrettes, de
cormorans et de milliers d’autres oiseaux dont j’ignore le nom sillonnent
l’air. On croise parfois des pêcheurs, dans leurs pirogues faite d’un tronc
évidé. Ils jettent des filets, mais l’eau est si chaude qu’ils ne doivent
pêcher que des poissons déjà pré-cuits ! Le paysage est étrange, de
végétation basse, entre terre et marécage, entre terre et eau. Au retour, le
soleil baisse à l’horizon. La lumière du crépuscule magnifie la balade. On
cherche des caïmans… Mais la chaleur les accable, les rend flegmatiques, ils ne
laissent dépasser de l’eau qu’un œil discret, que le nôtre a bien du mal à
discerner…

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