12 février 2020

Basse-Terre


 
   
 Depuis quelques jours nous découvrons Basse-Terre, l’autre Guadeloupe. C’est étrange, comme à quelques dizaines de kilomètres près, le climat, la végétation, le littoral, tout peut changer ! 
Ici, c’est une terre d’eau et de lave, recouverte d’une foisonnante végétation. Le terme, « luxuriante » s’y applique à merveille, il a été inventé pour elle. Depuis notre gîte, situé tout au sud, à Trois Rivières, nous commençons à explorer les environs. Son jardin tropical, riche de centaines de fleurs, d’arbustes, de plantes aromatiques aux senteurs inconnues chez nous, d’arbres qui poussent tout seuls, nous inviterait à rester au calme sur la terrasse, à contempler l’océan et les îles des Saintes qui se parent d’écharpes de brume, mais nous sommes quand même sortis de ce drôle de nid pour aller voir en dehors. La côte est magnifique. Qu’on la longe en voiture sur les petites routes en corniche, ou surtout le long des petits sentiers littoraux elle nous offre des vues à couper le souffle. Ici, point de belle plage au sable fin, mais des anses de galets enserrées de pointes de lave noire, où les vagues se fracassent en embruns miroitant au soleil. L’écrin de verdure, foisonnant, exubérant, se referme et pousse jusqu’à l’extrême bord ses palmes paresseuses, frissonnées par le vent. Le vent incessant, c’est lui que l’on entend, qui fait chanter les feuilles et crisser les bois, c’est lui qui chaque nuit amène les nuages de pluie et les dissipe au matin en brumes  et vapeurs.

Nous marchons le long des sentiers étroits et abrupts. Ils plongent soudainement dans une crique dissimulée et remontent en escaliers de roche parmi les racines géantes des figuiers maudits, des fromagers, entre des bouquets de bananiers, de palmiers et d’étranges plantes qui se parent de fleurs que l’on croirait inventées par un peintre fou. Une vasque d’eau douce, à l’issue d’un ruisseau qui cascade jusqu’à l’océan, avec, sur son bord, une pierre gravée. Là, une femme Arawak accouche dans l’eau d’un enfant millénaire. Le temps a passé, les Arawaks ont disparu, supplantés par les Caraïbes, eux- mêmes remplacés par les européens, et leurs esclaves noirs… Mais le pétroglyphe demeure et la silhouette filiforme de l’indienne invite à l’humilité, les civilisations passent, les peuples se succèdent, les cultures évoluent et pourtant l’humanité  ne change guère.


       A Trois Rivières, nous avons visité le parc archéologique et botanique. Bien modeste au plan archéologique en regard de ce que nous avons en métropole, les roches gravées ne sont pas aussi spectaculaires que Lascaux, Chauvet et autres grands sites de l’art rupestre. C’est vrai, mais elles sont le témoin d’une identité disparue et ont pour elles de se situer dans un lieu somptueux. 
La partie botanique du parc, avec un guide loquace et compétent nous a émerveillés. Nous avons fait connaissance avec de multiples arbres, plantes, dont nous avons aussitôt oublié les noms, nous avons goûté, senti, et nous sommes même teintés les doigts au roukou, la plante qui colore en rouge, apaise les morsures du soleil et des insectes et dont s’enduisaient les Caraïbes quand Christophe Colomb les a découverts. Ils furent depuis lors, les « Peaux-rouges »… et le sont restés dans les westerns, même si la peau du Sioux ou du Comanche était loin d’être rouge !

Dans la semaine qui vient, nous allons tenter d’explorer La Soufrière et ses alentours, les chutes du Carbet, et autres balades attirantes. Une petite visite aux Saintes aussi, qui sont juste en face de notre terrasse. A l’heure du Ti- punch, elles se nimbent de rose et de rouge, au gré des nuages qui les coiffent. Notre programme dépend de la météo d’abord, de nos jambes ensuite… On vous en reparlera, en images peut-être, si vous êtes sages et si les caprices d’Orange nous en laissent la possibilité !





1 commentaire:

sesti a dit…

Coucou les amish,
Les photos sont superbes et donnent envie de vous rejoindre... Et ta prose est toujours aussi belle Jean! Profitez bien, le temps passe vite. Bisous à vous deux. J&J