Depuis quelques jours nous
découvrons Basse-Terre, l’autre Guadeloupe. C’est étrange, comme à quelques
dizaines de kilomètres près, le climat, la végétation, le littoral, tout peut
changer !
Ici, c’est une terre d’eau et de lave, recouverte d’une foisonnante
végétation. Le terme, « luxuriante » s’y applique à merveille,
il a été inventé pour elle. Depuis notre gîte, situé tout au sud, à Trois
Rivières, nous commençons à explorer les environs. Son jardin tropical, riche
de centaines de fleurs, d’arbustes, de plantes aromatiques aux senteurs
inconnues chez nous, d’arbres qui poussent tout seuls, nous inviterait à rester
au calme sur la terrasse, à contempler l’océan et les îles des Saintes qui se
parent d’écharpes de brume, mais nous sommes quand même sortis de ce drôle de
nid pour aller voir en dehors. La côte est magnifique. Qu’on la longe en
voiture sur les petites routes en corniche, ou surtout le long des petits
sentiers littoraux elle nous offre des vues à couper le souffle. Ici, point de
belle plage au sable fin, mais des anses de galets enserrées de pointes de lave
noire, où les vagues se fracassent en embruns miroitant au soleil. L’écrin de
verdure, foisonnant, exubérant, se referme et pousse jusqu’à l’extrême bord ses
palmes paresseuses, frissonnées par le vent. Le vent incessant, c’est lui que
l’on entend, qui fait chanter les feuilles et crisser les bois, c’est lui qui
chaque nuit amène les nuages de pluie et les dissipe au matin en brumes et vapeurs.
Nous marchons le long des
sentiers étroits et abrupts. Ils plongent soudainement dans une crique
dissimulée et remontent en escaliers de roche parmi les racines géantes des
figuiers maudits, des fromagers, entre des bouquets de bananiers, de palmiers
et d’étranges plantes qui se parent de fleurs que l’on croirait inventées par
un peintre fou. Une vasque d’eau douce, à l’issue d’un ruisseau qui cascade
jusqu’à l’océan, avec, sur son bord, une pierre gravée. Là, une femme Arawak
accouche dans l’eau d’un enfant millénaire. Le temps a passé, les Arawaks ont disparu,
supplantés par les Caraïbes, eux- mêmes remplacés par les européens, et leurs
esclaves noirs… Mais le pétroglyphe demeure et la silhouette filiforme de
l’indienne invite à l’humilité, les civilisations passent, les peuples se
succèdent, les cultures évoluent et pourtant l’humanité ne change guère.
A Trois Rivières, nous avons
visité le parc archéologique et botanique. Bien modeste au plan archéologique
en regard de ce que nous avons en métropole, les roches gravées ne sont pas
aussi spectaculaires que Lascaux, Chauvet et autres grands sites de l’art
rupestre. C’est vrai, mais elles sont le témoin d’une identité disparue et ont
pour elles de se situer dans un lieu somptueux.
La partie botanique du parc,
avec un guide loquace et compétent nous a émerveillés. Nous avons fait
connaissance avec de multiples arbres, plantes, dont nous avons aussitôt oublié
les noms, nous avons goûté, senti, et nous sommes même teintés les doigts au
roukou, la plante qui colore en rouge, apaise les morsures du soleil et des
insectes et dont s’enduisaient les Caraïbes quand Christophe Colomb les a
découverts. Ils furent depuis lors, les « Peaux-rouges »… et le sont
restés dans les westerns, même si la peau du Sioux ou du Comanche était loin
d’être rouge !
Dans la semaine qui vient, nous
allons tenter d’explorer La Soufrière et ses alentours, les chutes du Carbet,
et autres balades attirantes. Une petite visite aux Saintes aussi, qui sont
juste en face de notre terrasse. A l’heure du Ti- punch, elles se nimbent de
rose et de rouge, au gré des nuages qui les coiffent. Notre programme dépend de
la météo d’abord, de nos jambes ensuite… On vous en reparlera, en images
peut-être, si vous êtes sages et si les caprices d’Orange nous en laissent la
possibilité !
1 commentaire:
Coucou les amish,
Les photos sont superbes et donnent envie de vous rejoindre... Et ta prose est toujours aussi belle Jean! Profitez bien, le temps passe vite. Bisous à vous deux. J&J
Enregistrer un commentaire