25 juin 2022

fin du voyage.





    Les derniers jours de notre voyage ont présenté moins d’intérêt à nos yeux. Aqaba, le port jordanien sur la Mer Rouge et la seule ouverture du pays sur la mer est une jolie ville, aérée et agrémentée de zones de verdure ce qui est rarissime ici. Nous y  logions dans un hôtel d’un luxe inhabituel pour nous et nous avons donc surtout profité de l’accès à la plage, des piscines et du confort d’une grande chambre climatisée ! Pas de plongée sous-marine, ni de snorkelling, de virée en hors-bord ou en jet ski. Quelques balades en ville nous ont vite convaincus de l’ardeur du soleil dont on ne doutait guère !


    La Mer Morte, ensuite, qui dépérit effectivement. Elle recule d’année en année, se rétrécit, se contracte. Le Jourdain n’est plus ce qu’il était ! Il y règne un soleil de plomb et une chaleur à fondre. Bien sûr, nous nous y sommes baignés. Pas très longtemps, il faut choisir entre la brûlure du sel et celle du soleil ! Mais on y flotte d’une manière remarquable ! Impossible de nager ou de s’enfoncer dans l’eau, on devient bouchon. 


En sortant de cette saumure, on se précipite vers les douches généreusement mise à disposition pour se rincer, tenter de se dessaler. Las ! L’eau est brulante, impossible de tenir sous le jet chétif. On attendra le retour à l’hôtel pour piquer une tête dans la piscine dont l’eau est douce et à une température qui nous convient parfaitement.

    Au final, la Jordanie nous a beaucoup plu. Elle ne souffre pas vraiment de la comparaison avec des pays plus prestigieux, comme l’Egypte, grâce à Pétra, un site vraiment exceptionnel, et à son beau désert le Wadi Rum. Les découvertes des premiers jours, des sites gréco-romains et des forteresses croisées, apportent aussi une diversité attrayante. Pour ceux que la symbolique religieuse attire, le pays recèle aussi de multiples attraits : Nous avons renoncé à aller à Nabathie, l’endroit du baptême du Christ… pour nous complètement inintéressant, il n’y  a rien à voir que le triste filet d’eau qu’est devenue la rivière sacrée, mais d’autres s’y pressent pour aussi se faire baptiser !

    C’est un pays tranquille, sûr, accueillant. On y vit beaucoup du tourisme, certes, mais on s’y sent bien, sans être jamais agressé, ni constamment sollicité. Au centre d’une région en constant conflit, ce petit pays a réussi le miracle de rester un havre de paix.

Nous allons rester tranquilles pendant l’été, sagement à la maison ou pas très loin, le temps de se remettre l’un et l’autre des interventions chirurgicales que nous devons subir… Les voyageurs vieillissent ! Mais dès la mi-septembre, si le corps médical ne nous l’interdit pas formellement, et si nos corps nous le permettent, nous avons le projet de partir au Québec, un joli pays que nous avons déjà parcouru bien trop rapidement et que nous aimerions découvrir à notre rythme…

A bientôt, j’espère !

 

 

23 juin 2022

Wadi Ram


 

    Le plus beau désert ! Tous ceux qui l’avaient visité nous en avaient parlé ainsi… Le classement est toujours chose délicate, il est affaire de goût, de circonstances, de moment de vie. Une chose est sûre, c’est, pour nous aussi, un des plus beaux désert que nous ayons vus !

Du sable rouge émergent des monuments de roches aux formes torturées, aux couleurs changeantes. Entre elles des wadis éphémères ont creusé d’étroits sillons ou des gorges profondes, plus loin les formes s’arrondissent, s’estompent dans la chaleur vibrante. C’est magnifique, on ne s’en lasse pas. Là, le sable se fait blanc ou se pare d’or, ici, la montagne s’agenouille et pour mieux se marier avec lui, se teinte de vert.

Le Toy escalade une dune et bascule dans un monde changé et pourtant toujours le même. Les parois verticales plongent leurs racines dans le sable profond pour mieux s’y arrimer, pour retarder leur lent et inévitable effritement. De brutaux éboulements, laissent apparaître de larges pans lisses, blessures anciennes ou récentes, aux sommets en arche, que l’on confond presque dans notre imaginaire avec les tombeaux nabatéens de Petra. Bien avant eux, des hommes sont passés là et ont laissé leurs marques sur les murs,

des pétroglyphes discrets qui ornent les parois d’étroits canyons, les selfies de l’époque où déjà on tendait à se représenter en position glorieuse dans de beaux endroits !

L’époque actuelle a multiplié la tendance, heureusement tous les selfies enregistrés ne hantent pas les flancs des failles dans lesquelles s’insinuent les touristes ! Ce serait des murs d’images identiques ou presque reproduites à l’infini. Car ce désert n’a qu’un seul défaut. Il est si beau, qu’il attire un flot de visiteurs ! On ne peut leur en vouloir, puisqu’on en fait partie ! Mais voilà… Mal protégé, mal géré, il risque fort d’en perdre une partie de son cachet. Chaque falaise, chaque recoin recèle un campement. Ils pénètrent loin en avant, ordonnent leurs tentes noires ou vertes en ordre parfait, dans le genre camp romain, ou pire, leurs demi-sphères blanches à facettes, anticipation de futurs villages martiens.

Le désert du Wadi Rum est zone protégée, inscrite au patrimoine de l’humanité, mais voilà… L’appât du gain facile a gagné même les fiers bédouins, si attachés à leur mode de vie traditionnel. Du moins pour les anciennes générations, car les nouvelles se laissent plus facilement séduire. Ils ont une sorte de droit d’usage, ou de sol, qui fait qu’ils deviennent propriétaires d’un endroit s’ils l’ont utilisé suffisamment longtemps. 



Ainsi, ils mettent en location à des promoteurs leurs parcelles de désert. Ceux-ci y bâtissent des camps, encouragés par des tour-operators sans vergogne qui amènent des clients toujours plus nombreux ravis de passer une nuit ou deux en plein désert.  Certains, assez rares encore, proposent même un confort quasi indécent en ces lieux : Piscine, sanitaires individuels, clim… Pour la clim, il faut bien avouer que la chaleur transforme les tentes en fours bien peu vivables. Le Chapon cuit à l’étouffée n’était pas loin !

    Bien sûr cette grande fréquentation rend les pistes faciles à suivre, difficile de se perdre dans ce désert qui n’est pas très grand. Il y a beaucoup de traces, beaucoup de voitures… En juin, heureusement, la chaleur raréfie le touriste, beaucoup de camps était vides, fermés, et nous avons pu bénéficier d’un VRAI désert. Notre deuxième journée nous a emmenés plus au sud, dans une zone négligée par la foule et pourtant tout aussi belle. Nous n’y avons vu personne !


    Les touristes sont nombreux en haute saison, mais la plaie, l’envahissement vient des … mouches ! Elles, elles sont partout, s’insinuent dans les narines, se collent au bord des paupières, des lèvres, vous bourdonnent sans cesse aux oreilles. Elles forment des dessins changeants sur les nattes, les coussins, et s’effarouchent en volutes bruyantes au moindre geste. Sans préférence, elles passent indifféremment du bédouin local à l’européen énervé, du dromadaire à l’âne. Quand la nuit est tombée, que la chaleur baisse lentement, dans la tente ouverte aux brises nocturnes, le voyageur fatigué cherche le sommeil et soudain, la petite ritournelle exaspérante retentit à ses oreilles, le laissant encore une fois sur le qui-vive… Alors, pour le confort, je prône la moustiquaire ! Peu coûteuse, écologique, ne nécessite ni eau, ni énergie, elle rendrait le repos tellement plus facile et agréable ! C’est simple, non ? Je vais fonder la LAM (Ligue Anti Mouches) et promouvoir la moustiquaire !

Je ne veux pas m’étendre davantage sur ces menus inconvénients, je les bien suffisamment  développés et ils ne nous ont pas empêchés d’apprécier grandement ce très beau lieu. Un lieu à visiter en le protégeant. Le deuxième point fort de notre voyage, avec Petra, ne nous a pas déçus, il fera désormais partie de nos beaux  souvenirs de voyage…






















21 juin 2022

 


    
    Petra, on a tous en tête l’image emblématique du grand tombeau, « Le trésor » et bien l’instant le plus  sublime c’est quand on le découvre, soudainement, au sortir du sinueux canyon qui y mène. 
    La place devant s’encombre brutalement d’une petite foule de dromadaires, d’ânes et de leurs conducteurs qui vous sollicitent. Mais les visiteurs n’ont d’yeux pour l’instant que pour la merveille qui se dresse devant eux.

    On écoute gentiment notre guide qui nous raconte les nabatéens, habiles constructeurs de Petra, la ville secrète, la ville cachée. Petra se révèle petit à petit, ensemble complexe, un bijou composé de multiples petits diamants enchâssés dans une sublime monture.


    Le premier joaillier est la nature, qui a composé cet amphithéâtre de grès, veiné d’incroyables couleurs. Certaines portions semblent peintes par un artiste virtuose de la palette et de l’abstraction colorée. Du « street art » avant l’heure, dont les nabatéens ont profité. Déco gratuite pour leurs tombeaux et temples, ce qui n’enlève rien à leur mérite à eux, les architectes de la cité. Ils l’ont faite belle et grande, destinée à montrer leur pouvoir, leur richesse. Les nomades qu’ils étaient, caravaniers commerçants, sont devenus de redoutables négociants,
 et ont forcément attiré les convoitises des royaumes voisins. Guerres et conflits, dont j’ignore les détails, ont conduit à leur disparition, absorbés, je crois, par l’empire romain. En fait rien n’a changé dans la région !


    

Ce joyau, nous l’avons visité en deux jours, deux journées pleines d’escaliers, de chemins pentus et caillouteux et de refus polis aux incessantes invitations à :

          - Monter sur un cheval, sur un âne ou un dromadaire

-        - Acheter une babiole d’origine asiatique pour un dinar ou cinq suivant l’objet.

-    - Boire un thé, ou un café, prélude éventuel à un possible achat

         - Acheter une bouteille d’eau, ou deux, c’est encore mieux.

-       - Acheter un caillou veiné. Un dinar. Vu le nombre de cailloux qui trainent, c’est plutôt une aumône au gamin vendeur et donc complètement exclu de notre philosophie.

-        - Monter dans une voiturette électrique… Nous avons cédé le premier jour, malgré le prix exorbitant, pour économiser les derniers kilomètres à mes jambes exténuées. 

Et j’en oublie certainement… Les bédouins, chassés de leur habitat de Petra, y ont gardé droit de commerce, ce qui ne participe malheureusement ni à la beauté du site, ni à son authenticité, encore moins à sa propreté.

 Car pour un site classé à l’Unesco, et il le mérite amplement, les décharges de plastiques et autres déchets, devraient être plus sévèrement contrôlées.Au cours de ces deux journées, nous avons vu tous les principaux centres d’intérêt et même un peu plus, comme la magnifique balade du deuxième jour au Haut lieu des sacrifices, le point culminant de la cité. On y a une vue admirable sur toute la ville. 
Un circuit très mal indiqué nous ramène au petit restau du fond, là où nous avons déjà mangé la veille. Il descend acrobatiquement au fond d’une vallée, où l’on se trouve face à face, inopinément, avec de belles façades de tombeaux, ou une citerne maçonnée et le temple de son gardien. Il remonte, redescend avant qu’une chaise bienvenue propose à nos pieds endoloris un repos bien mérité.
Quelques kébabs plus tard, on se retrouve à remonter péniblement, le long, trop long chemin principal, jusqu’à l’entrée. Les Quatre kilomètres semblent interminables et les tentations d’emprunter un « taxi » de plus en plus pressantes. Mais nous avons résisté !

    Petra est classé dans les merveilles du monde et je la classe dans mes merveilles personnelles, à côté du Macchu Pichu pour la formidable symbiose réalisée entre le paysage naturel et l’ingéniosité humaine. D’autres sites, magnifiques aussi, ne révèlent que l’un ou l’autre de ces aspects.



18 juin 2022

la Jordanie




    Depuis quelques jours nous sommes en Jordanie, un pays que nous nous étions promis de visiter depuis longtemps. Depuis, qu’un vieil ami, grand voyageur, nous avait raconté sa découverte de Petra, en venant du désert ! Depuis, comme partout ailleurs, les choses ont bien changé en Jordanie et le tourisme s’y est grandement développé, mais nous sommes un peu hors saison et les sites que nous visitons sont plutôt tranquilles. En effet avant de découvrir Petra et la Wadi Rum, nous avons sillonné le nord depuis la capitale Amman et avons apprécié tout ce que nous avons vu.

    Une journée a été consacrée aux châteaux du désert, le Kasr Al Kharrana puis un peu plus loin le Kasr Amra, plus célèbre

.

 A part le fait qu’ils soient situés dans le désert, en plein désert à l’époque, ce qui est étrange, je les ai trouvés … plutôt petits ! En fait c’était plutôt un caravansérail pour le premier, et un pavillon de chasse et de plaisir pour le second orné de fresques non équivoques. Nous avions aussi programmé la visite d’une réserve, celle de Shaumari. A oublier ! Une balade dans un véhicule type safari pour nous montrer des oryx derrière des grillages ! Certes, c’est pour les réintroduire, mais sur le papier la visite proposait bien davantage… Journée de mise en bouche donc…

    Le lendemain, nous avons eu un coup de cœur, un vrai coup de coeur pour le site gréco-romain de Jerash. 


Pour les amateurs de ruines que nous sommes, celles-là étaient si belles qu’elles n’en étaient presque plus ! Il restera un des plus beaux sites que nous connaissons et après réflexion, nous en connaissons beaucoup !




    
Nous avons enchaîné avec une forteresse croisée, tout au nord du pays, à Ajloun.
Là encore, d’impressionnants restes, surtout beaucoup de souterrains, qu’un vieux guide nous a fait parcourir en nous parlant dans un anglais incertain et étrangement chuinté. Nous allons nous rendre compte que beaucoup de jordaniens le parlent ainsi… Cette visite nous a beaucoup rappelé celle du krak des chevaliers, il y a bien longtemps, en Syrie. Les croisés ont jalonné leur parcours de ces énormes forteresses ce qui ne les a pas empêchés d’être boutés hors des lieux saints sans coup férir, par Saladin le grand ! Et puis un autre site gréco-romain, celui d’Umm Qais, duquel on peut voir le lac Tibériade en Israël, et l’Irak de l’autre côté…

 On est au cœur d’une région étrange, bouleversée par des décennies de conflits et qui n’arrive pas à régler ses problèmes. Pourtant comme nous le disait un des guides, nous sommes tous le même peuple et toutes ces frontières sont artificielles.

    Ensuite, nous avons quitté Amman, sans l’avoir beaucoup visité, mais je crois qu’elle n’offre que peu d’intérêt. C’est une grande ville sans âme, qui grandit, grandit et a largement dépassé ses collines originelles pour envahir le désert environnant. A part la forteresse qui se dresse depuis belle lurette au sommet de l’une d’elles, rien n’est vraiment ancien dans cette ville. La grande mosquée date de 1989 !

    J’aurais dû, mais je ne l’ai pas fait, voir, ou revoir les fondements de la religion chrétienne avant l’étape suivante. On a parcouru des hauts lieux religieux, comme le mont Nebo, dont je n’avais jamais entendu parler… Et vous, chers lecteurs ?



Mais il y a eu aussi des paysages de désert magnifiques, 

des aperçus vertigineux sur la Mer Morte, un wadi aux sources chaudes Ma’ In (c’est finalement moins étonnant que dans certains autres pays !) et une arrivée dans les montagnes de la réserve naturelle de Dana un très beau site, aux profondes vallées, avec une chambre d’hôtel accrochée à la paroi qui offrait une vue imprenable sur le précipice qui s’ouvrait à nos pieds.

    Début de voyage prometteur, n’est ce pas ? Il  nous a déjà offert une variété de paysages et de sites que je n’aurais pas crue possible pour un si petit pays. Sans compter quelques jolies rencontres aussi, car les gens y sont accueillants et facilement  causant, mais notre niveau d’arabe est si bas qu’il n’aide guère ! Par exemple, lors de notre balade autour de Dana, accompagnée par un guide bédouin, nous avons rencontré un vieux berger édenté, (il était un peu plus âgé que nous, ce qui n’est pas peu dire !) qui, tout en bavardant, s’est fait soigner par Françoise une vilaine coupure à un doigt. Désinfection et pansement correct ont remplacé le bout de plastique entortillé autour de sa blessure ! Il nous a raconté qu’il s’était arraché lui-même les dents, avec une ficelle, chaque fois qu’elles le faisaient souffrir ! Un vrai dur à cuire avec  une bonne tête ! Et une vie à l’ancienne, que beaucoup semblent regretter. Notre chauffeur, Naïm, qui sert un peu de  guide aussi, et qui parle un français qui ne comprend pas tout, essaie de persuader sa femme du bonheur qu’elle aurait à devenir bédouine au fin fonds du désert. Elle ne me semble pas prête à franchir le pas, elle qui s’est prise d’amour pour Amman, la grande ville occidentalisée…