23 juin 2022

Wadi Ram


 

    Le plus beau désert ! Tous ceux qui l’avaient visité nous en avaient parlé ainsi… Le classement est toujours chose délicate, il est affaire de goût, de circonstances, de moment de vie. Une chose est sûre, c’est, pour nous aussi, un des plus beaux désert que nous ayons vus !

Du sable rouge émergent des monuments de roches aux formes torturées, aux couleurs changeantes. Entre elles des wadis éphémères ont creusé d’étroits sillons ou des gorges profondes, plus loin les formes s’arrondissent, s’estompent dans la chaleur vibrante. C’est magnifique, on ne s’en lasse pas. Là, le sable se fait blanc ou se pare d’or, ici, la montagne s’agenouille et pour mieux se marier avec lui, se teinte de vert.

Le Toy escalade une dune et bascule dans un monde changé et pourtant toujours le même. Les parois verticales plongent leurs racines dans le sable profond pour mieux s’y arrimer, pour retarder leur lent et inévitable effritement. De brutaux éboulements, laissent apparaître de larges pans lisses, blessures anciennes ou récentes, aux sommets en arche, que l’on confond presque dans notre imaginaire avec les tombeaux nabatéens de Petra. Bien avant eux, des hommes sont passés là et ont laissé leurs marques sur les murs,

des pétroglyphes discrets qui ornent les parois d’étroits canyons, les selfies de l’époque où déjà on tendait à se représenter en position glorieuse dans de beaux endroits !

L’époque actuelle a multiplié la tendance, heureusement tous les selfies enregistrés ne hantent pas les flancs des failles dans lesquelles s’insinuent les touristes ! Ce serait des murs d’images identiques ou presque reproduites à l’infini. Car ce désert n’a qu’un seul défaut. Il est si beau, qu’il attire un flot de visiteurs ! On ne peut leur en vouloir, puisqu’on en fait partie ! Mais voilà… Mal protégé, mal géré, il risque fort d’en perdre une partie de son cachet. Chaque falaise, chaque recoin recèle un campement. Ils pénètrent loin en avant, ordonnent leurs tentes noires ou vertes en ordre parfait, dans le genre camp romain, ou pire, leurs demi-sphères blanches à facettes, anticipation de futurs villages martiens.

Le désert du Wadi Rum est zone protégée, inscrite au patrimoine de l’humanité, mais voilà… L’appât du gain facile a gagné même les fiers bédouins, si attachés à leur mode de vie traditionnel. Du moins pour les anciennes générations, car les nouvelles se laissent plus facilement séduire. Ils ont une sorte de droit d’usage, ou de sol, qui fait qu’ils deviennent propriétaires d’un endroit s’ils l’ont utilisé suffisamment longtemps. 



Ainsi, ils mettent en location à des promoteurs leurs parcelles de désert. Ceux-ci y bâtissent des camps, encouragés par des tour-operators sans vergogne qui amènent des clients toujours plus nombreux ravis de passer une nuit ou deux en plein désert.  Certains, assez rares encore, proposent même un confort quasi indécent en ces lieux : Piscine, sanitaires individuels, clim… Pour la clim, il faut bien avouer que la chaleur transforme les tentes en fours bien peu vivables. Le Chapon cuit à l’étouffée n’était pas loin !

    Bien sûr cette grande fréquentation rend les pistes faciles à suivre, difficile de se perdre dans ce désert qui n’est pas très grand. Il y a beaucoup de traces, beaucoup de voitures… En juin, heureusement, la chaleur raréfie le touriste, beaucoup de camps était vides, fermés, et nous avons pu bénéficier d’un VRAI désert. Notre deuxième journée nous a emmenés plus au sud, dans une zone négligée par la foule et pourtant tout aussi belle. Nous n’y avons vu personne !


    Les touristes sont nombreux en haute saison, mais la plaie, l’envahissement vient des … mouches ! Elles, elles sont partout, s’insinuent dans les narines, se collent au bord des paupières, des lèvres, vous bourdonnent sans cesse aux oreilles. Elles forment des dessins changeants sur les nattes, les coussins, et s’effarouchent en volutes bruyantes au moindre geste. Sans préférence, elles passent indifféremment du bédouin local à l’européen énervé, du dromadaire à l’âne. Quand la nuit est tombée, que la chaleur baisse lentement, dans la tente ouverte aux brises nocturnes, le voyageur fatigué cherche le sommeil et soudain, la petite ritournelle exaspérante retentit à ses oreilles, le laissant encore une fois sur le qui-vive… Alors, pour le confort, je prône la moustiquaire ! Peu coûteuse, écologique, ne nécessite ni eau, ni énergie, elle rendrait le repos tellement plus facile et agréable ! C’est simple, non ? Je vais fonder la LAM (Ligue Anti Mouches) et promouvoir la moustiquaire !

Je ne veux pas m’étendre davantage sur ces menus inconvénients, je les bien suffisamment  développés et ils ne nous ont pas empêchés d’apprécier grandement ce très beau lieu. Un lieu à visiter en le protégeant. Le deuxième point fort de notre voyage, avec Petra, ne nous a pas déçus, il fera désormais partie de nos beaux  souvenirs de voyage…






















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