Le plateau de
Giseh… C’est LE site emblématique de l’Égypte, avec ses trois pyramides gardées
par l’impassible sphinx, avec la phrase de Napoléon : « Soldats, du
haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent »… Et bien oui, nous
y étions .

Au grand
désespoir de toute la petite population qui en vit, nous étions presque seuls
sur l’immense site. Les chameliers tournaient en rond, les calèches aux chevaux
fatigués restaient garées dans un coin et les vendeurs de pacotille palabraient
avec les gardes et la police qui se tournaient les pouces. Mais pour nous, quel
plaisir ! Le ciel était bleu, les immenses monuments se découpaient dans
le ciel, couronnés par un cercle de rapaces. Ils devaient trouver de bons courants
ascendants grâce au petit vent frisquet qui nous avait fait garder nos blousons.
Majestueux, imposants, c’était l’effet souhaité par les pharaons constructeurs,
effet réussi, même 45 siècles plus tard… Oui, je crois que Napoléon s’était
trompé, ou il avait arrondi, mais il est vrai que l’on n’en est plus à quelques
centaines d’années près ! Khéops, Kephren et Mykérinos… Nul ne sait plus
ce qu’ils ont fait ou pas fait de leur vivant, c’est leur passage dans la mort
qui a marqué le paysage pour une presque éternité. Au pied de ces monuments,
quand on regarde les énormes blocs qui les constituent, pour certains amenés de
fort loin au prix d’efforts considérables et d’une grande ingéniosité, on se
dit que la mégalomanie de certains de nos dirigeants passés ou présents est
bien dérisoire comparée à cette foi capable, réellement, de déplacer des
montagnes ! Le sphinx, lui, m’a par contre un peu déçu… Et oui, d’abord il
est tout petit comparé aux pyramides. Même s’il est une ou peut-être la plus grande
statue jamais réalisée. Et puis il a la pelade… Cela arrive parfois aux très
vieux lions, il paraît. Pelade que l’on soigne par un très laid cataplasme de
petites pierres de parement, complètement déplacé, et qui, de plus a nécessité
la mise en place d’un échafaudage sur tout un flanc de la vieille bête. Bon, il
reste mystérieux, énigmatique et
fortement symbolique. D’ailleurs on l’a quand même pris en photo, non mais !


Au Caire, nous
sommes aussi allés à la rencontre d’un peu de monde. Les sites touristiques
étant désertés, il nous a fallu nous balader dans le vieux Caire pour voir du
monde. Et là, il y en avait ! Au milieu de l’incessante circulation,
bruyante, chaotique, anarchique, les gens vivent, commercent, sourient,
discutent fort et osent même traverser les rues ! La sharia El Mouiz,
artère principale du vieux Caire islamique, s’orne de multiples mosquées,
certaines façades sont magnifiques, de toutes les époques, des madrasas, un
hammam, et beaucoup de wakala, qui étaient dans le temps, des sortes de
fontaines publiques où l’on pouvait venir puiser l’eau. Cette balade nous a tellement plus que l’on a
déprogrammé certaines des visites d’Alexandrie pour pouvoir la prolonger, par
exemple dans le quartier copte qui est lui aussi très intéressant, d’après les
guides.
La journée s’est terminée par la visite d’une partie du Musée Egyptien.
Le vieux. Car il y en a un neuf ! Mais il n’est pas encore ouvert… Depuis
2015, cela traîne, on ne sait pourquoi… Problème de bakchich ? Problème
technique ? Il ne faut pas se moquer, chez nous aussi, certains grands chantiers
ont pris beaucoup de retard ! En tout cas, ce musée, un peu poussiéreux, à
l’ancienne, recèle des trésors, des merveilles. Les anciens égyptiens ne
savaient pas seulement entasser d’énormes blocs de pierre, ils étaient aussi
capables et ô combien, de travailler dans la finesse, dans la sublime
délicatesse. Des gravures, des bijoux, des parures, des décors de sarcophages d’un
travail admirable. Nous y avons passé un long moment. Il y a même, exposé, une
partie du trésor de Toutankhamon, que nous n’avions pas eu l’occasion d’admirer
à Paris ! Le reste est déjà installé dans le nouveau musée ou en voie de
déménagement.
La visite d’Alexandrie,
le lendemain, ne nous laissera pas d’impérissables souvenirs. Est-ce la pluie
qui nous a contrariés, ou, plutôt, la pauvreté relative des sites ? Des
catacombes romaines assez communes, un théâtre romain étriqué, une colonne de
Pompée plantée au milieu d’un champ de ruines, un fort du XIVème siècle…. Seule
la nouvelle bibliothèque Alexandrina nous a ravis. Elle a à peine vingt ans et
se pare de tout l’éclat architectural de sa jeunesse. Un magnifique ouvrage
moderne, dû à des architectes norvégiens qui ont su allier magnifique modernité,
sobriété des matériaux et symbolique des ères passées.
Du coup, nous
allons repartir un peu plus vite d’Alexandrie, et gagner une journée de plus au
Caire !
La suite prochainement…A bientôt

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