24 janvier 2022

Coup de foudre à Abou Simbel




 


    Jeudi, le 20, notre dahabeyha a accosté et nous avons pris une calèche, pour nous rendre au temple de Kom Ombo. Un beau temple ptomélaïque, dont les gravures font, une fois de plus état des connaissances étendues des anciens égyptiens, en médecine cette fois, et observation astronomique. La précision de leur calendrier est stupéfiante pour l’époque ! Quant au temple dédié, à Sekmet, le dieu crocodile, un mauvais dieu, et à son frère dont j’ai oublié le nom, gentil, pour contrebalancer l’influence néfaste du premier.


J’avoue n’avoir pas envie d’approfondir vraiment mes connaissances sur les 4500 dieux du panthéon égyptien ! Leur généalogie compliquée, qui a visiblement inspirée celle des pharaons, à moins que ce ne soit l’inverse, m’émeut moins que les traces de vie laissées par ces graveurs infatigables qui notaient tout sur leurs murs de titans.

    Cela s’est révélé encore vrai à Philae, un temple que l’Unesco a sauvé de la montée des eaux après la mise en service du grand barrage, dans les années 60. Il est sur une île, comme à l’origine, mais celle-là lui garde les pieds au sec.

    Et puis il y a eu Abou Simbel…


Il mérite mille fois le grand détour qu’il impose ! Situé au sud du lac Nasser, dans le pays nubien, c’est lui aussi un temple transplanté, déconstruit et remonté à l’identique un peu plus loin. Notre découverte de cette merveille a commencé le soir, grâce à un spectacle sons et lumières. La mise en valeur de la colossale façade par les jeux de lumière est parfaitement réussie. La scénographie raconte la vie et l’œuvre de Ramses II, qui l’avait lui-même déjà largement mise en scène. Mais les gravures qui défilent sur la façade racontent une épopée digne d’un grand film. 

    Cette épopée a été en partie inventée par le pharaon lui-même, qui maîtrisait parfaitement les médias et les réseaux sociaux.  Il a ainsi réussi à transformer sa défaite face aux hittites en une victoire grâce à des procédés pour le moins douteux. Le bon peuple de l’époque n’y a vu que du feu, mais nous on sait la vérité, grâce aux tablettes du roi hittite qui, non mais, tenait lui aussi à graver son histoire pour la postérité ! Malgré cette hagiographie un peu lourde du pharaon le plus connu du monde, le spectacle est magnifique, et ne donne qu’une envie, celle de revenir le plus vite possible pour une vraie visite ! Ce que nous avons fait dès l’aube, histoire de voir le soleil levant éclairer la façade. 


    C’est vrai que les colosses impassibles changent de couleur au fil de la montée du soleil dans les cieux. Ils passent du rose pâle, au rose, puis à l’orangé… Quand on passe entre eux, pour se faufiler à l’intérieur, on se sent minuscule, dérisoire, comme écrasé par la puissance et la magnificence de ce roi mégalomane. Et l’intérieur est à l’aune de l’extérieur ! Il n’en reste que les gravures magnifiques, les peintures ont presque entièrement disparu ainsi que l’or qui couvrait à profusion certaines statues pillé au début du XIXème siècle par un soi disant archéologue italien dont je tairai le nom pour ne pas être accusé de médisance!


    Le temple de son épouse préférée, Néfertari, (oui, oui, pour ceux qui nous suivent attentivement, c’est son tombeau qui est le plus beau de la vallée des Reines !) est plus petit, bien plus petit, mais très beau aussi. 


Le roi y figure quand même en bonne place, je dirai même dans les meilleures places, il avait vraiment le chic pour se mettre en avant celui-là ! Il se voulait l’égal du dieu Amon Ra, ce qui n’était pas rien !

    Nous avons flâné dans ces temples, comme réticents à l’idée d’en sortir, puis ensuite sur l’immense esplanade, fascinés par cette grandeur. Abou Simbel, il faut s’en arracher, s’en détacher… Ce lieu restera un des grands temps forts de notre voyage.

    J’ajoute que les conditions étaient parfaites : Nous avions, enfin, retrouvé des températures un peu plus clémentes et pas plus d’une dizaine de visiteurs s’éparpillaient sur le site ! Il faut dire que l’heure était très matinale et que la plupart des touristes arrivent plus tard dans la matinée.

    Grâce à cette somptueuse visite, j’ai été guéri d’une certaine lassitude hiéroglyphique qui commençait à me gagner. Oui, visite après visite, l’acculturation gagne et avec elle, l’accoutumance… « Ah ! oui ! Encore un temple ptolémaïque… » « Décidément ils sont moins beaux que ceux de la XVIIIème dynastie… » Et ce Ramses, qui se fourre partout. » Tiens, en parlant de lui, le dernier temple que l’on a visité, lors de notre retour à Assouan, le temple Kalabsha, de l’époque carrément romaine, avec des gravures de facture grossière, est flanqué d’un petit édifice dû à Ramses lui-même, encore tout jeune, 17 ans, il revient victorieux d’une campagne militaire et offre à son père Sethi 1er, le récit de son épopée dans ce petit recoin taillé dans la roche… Début XIXème dynastie, c’est quand même très beau !


    Un jour, peut-être, je me lancerai à vous raconter tout ce que nous a raconté Mohamed…Mais je n’en suis pas capable ! Il nous fait vivre ces fresques comme des livres d’images avec les commentaires écrit pour ceux qui les déchiffrent. C’est, je crois ce qui m’a le plus étonné dans ce voyage. Cette propension qu’avaient les anciens égyptiens à tout raconter, à se raconter, et le fabuleux témoignage qu’ils ont gravé, pendant des millénaires, sur leurs murs de pierre tout le long du Nil.

    Demain, nous quittons Assouan, regagnons le Caire, avant de vivre la dernière partie de notre voyage, une courte excursion dans le désert. Trois jours, deux nuits, c’est moins que ce que j’espérais, mais c’est bien quand même. Peu de chance de blog pendant ce temps, ne rêvez pas !

 
                     Notre dernier article se fera, comme souvent, à notre retour…


    A bientôt !



















2 commentaires:

Marie a dit…


Merci à vous 2 de nous faire profiter de ce voyage hors du temps. Sans doute l'un des plus enrichissant et dépaysant.
Quelle époustouflante culture.

Profitez bien. Ne prenez pas froid!!! Ce serait dommage. Gros bisous.
Marie

Marie a dit…


Il est parfois surprenant de voir ce qu'on trouve dans le désert... des bergers avec des portables par exemple ..(et du réseau!). La vie moderne. C'est très déstabilisant.