29 février 2020

Entre deux...




Le voyage s’est terminé dans les averses et les grains tropicaux. Le dernier jour nous avons longé la côte Ouest de Basse Terre, mangé un ultime repas créole-fusion, la dernière mode ici en matière de recherche culinaire, sur une jolie terrasse surplombant un petit port. Un peu plus loin une crique qui bénéficiait d'une éclaircie, nous a offert son sable, une petite crique intime,   dans laquelle il a fait bon se baigner. Sur notre peau nous avons emporté dans l’avion ses saveurs salées. La belle île de Guadeloupe nous laissera un excellent souvenir. La gentillesse des gens, la beauté des plages et des côtes, et la richesse de cette végétation, exubérante, colorée, et cette fois, un peu trop humide ! A Chalon un soleil printanier nous attendait. Le monde est un peu à l’envers…

Quelques jours de battement, histoire de revoir la famille, les amis en souffrance dont la pensée ne nous quitte guère, même quand nous sommes à l’autre bout du monde. Quelques jours de  battement avant de repartir nous frotter à la terre d’Afrique. Un petit voyage au Sénégal, dans un village, Warang,  loin des tours opérateurs, mais près du cœur des gens et de la mer… Enfin, nous espérons cela, car pour une fois, nous partons avec un petit groupe, autour d’une association locale, et n’avons que peu de renseignements sur notre destination !

Je vous raconterai cela, probablement à notre retour. Une douzaine de jours, c’est si vite passé… !

En attendant encore quelques photos de la France des Antilles !

19 février 2020

Balades




Tout au long de notre séjour, nous avons effectué de nombreuses balades. Sur Grande Terre, le long des falaises à partir de la Pointe de la Vigie, Porte d’Enfer, ou dans la mangrove autour de Port Louis. Puis sur Marie-Galante, nous avons abandonné parfois notre scooter pour aller explorer des chemins qui n’étaient pas faits pour lui, des sentiers qui menaient de crique en crique,

 de plage en plage. Enfin, à Basse Terre, nous attendaient en principe les plus belles randonnées, tout autour de la Soufrière, dans le parc national, et les grandes chutes d’eau de la Guadeloupe.  Les chutes d’eau effectivement, il y avait ! Pas besoin de s’épuiser, elles nous tombaient droit dessus, où que l’on soit !

Un temps typiquement tropical, me direz-vous… C’est normal, qu’il pleuve. Oui ! Mais jusqu’à un certain point et pas à cette période de l’année ! Les guadeloupéens étaient très surpris de cette abondance de pluie et nous plutôt déçus… car elle nous a conduits à renoncer à certaines balades dont l’emblématique circuit de la Soufrière. Nous étions pourtant partis vaillants et décidés et avons attaqué les premiers contreforts sans trop nous soucier de l’humidité ambiante.
arrivée à la grande faille de la Soufrière
Le chemin d’accès traverse une zone de forêt tropicale, à la riche végétation et aux larges palmes qui atténuent la violence des  averses. Mais sur l’épaule du volcan, à une heure encore du sommet, la végétation s’arrête et l’on se trouve brutalement exposé aux vents et aux grains venus de la mer. Nous avons été trempés jusqu’aux os en quelques minutes et plongés dans un brouillard qui interdisait tout espoir d’un dégagement même partiel. Nous n’avons pas hésité très longtemps avant de faire demi-tour et laissé aux  sportifs et aux jeunes la gloire d’effectuer la rando malgré le temps exécrable. Dépités, nous sommes rentrés nous changer avant de repartir visiter le domaine Vanibel, qui produit du café, et surtout propose une visite guidée agréable qui doit rapporter davantage que la vente de la petite production hors de prix ! Et puis il y a eu les chutes du Carbet…
2ème chute du Carbet
Nous avions prudemment renoncé à la balade de la 1ère chute, réputée difficile, surtout après les pluies. Nous nous sommes donc lancés dans celle de la 2ème bien plus facile. Nous sommes effectivement arrivés au bout, après pas mal d’efforts, bien sûr complètement trempés une fois de plus et avec des chaussures qui ont eu besoin de soins avisés pour recouvrer en partie leur éclat normal. La chute était belle, dommage que l’on ne puisse s’en approcher vraiment, le risque d’éboulement est grand… Le lendemain, on se lance à nouveau, cette fois pour la 3ème chute… Le chemin est encore plus boueux, si c’est possible, on saute de racine en racine pour éviter de poser le pied au sol, on saute un temps, et puis évidemment, le pied finit par glisser. Nos chaussures propres ne le sont plus, elles glissent, dérapent, se maquillent d’une boue rouge. Nous progressons lentement, nous sommes précautionneux et essayons de tenir compte de l’état général de nos jambes vieillissantes, et arrivons enfin à une petite plate forme d’où on aperçoit la cascade. Une corde à nœuds, genre via ferrata, en part un peu en contrebas. Nous observons les passages d’un homme plutôt sportif, puis d’une fille. 
cascade aux écrevisses route de la Traversée
3ème chute du Carbet


Tous deux finissent la descente en glissade sur les fesses. La remontée d’une jeune femme finit de nous convaincre qu’il vaut mieux renoncer… Si près du but et après une telle galère, c’est rageant. Mais bon, on s’en retourne cahin- caha et l’on se change à la voiture, cette fois nous avions prévu !

Finalement, la plus belle excursion fut sur Basse Terre : celle le long du littoral de Trois Rivières. Il faisait beau, les vues sur l’océan et les Saintes étaient magnifiques !

15 février 2020

Les Saintes






  Des saintes, il en est que certains honorent, que certains prient et adorent, mais je suis mécréant et ne fais point cela. Celles que j’ai découvertes,  je les ai aimées, simplement, admirées, car elles sont belles. Des Saintes sur lesquelles flâner, se reposer, des Saintes à parcourir… Des Saintes comme je les aime, sans miracle, ni mystère, sans béatification pontificale…


Imaginez, un bijou finement ciselé, de roches argent et de sable blond, avec une couverte d’émeraude, posé sur un lit de turquoise…C’est cela les Saintes. Des fragments d’îles, qui se découpent, s’enchevêtrent, se superposent en îlots, en criques, en collines et en plages et se découpent sur l’océan.

Les Saintes, il faut les espérer : Se lever et aller chercher le ferry en gardant l’œil fixé au ciel. Le vent va-t-il souffler les nuages qui traînent et les envoyer se déverser sur la Soufrière qui en a l’habitude ou bien les Saintes vont-elles continuer à se draper dans des voiles de pluies et de grisailles ? La réponse n’apparait qu’au bout du voyage et elle n’est pas définitive.

 Les Saintes sont changeantes, s’habillent et se déshabillent pour un rien, pour un souffle, pour un rayon de soleil.

Les Saintes, il faut les mériter : La traversée n’est pas longue depuis Trois Rivières, mais une houle bien formée fatigue le bateau en plein travers et nombre de ses passagers se taisent soudainement puis pâlissent, verdissent, avant de se répandre en sacs et lamentations.

Les Saintes, il faut les voir : Nous avons choisi nos pieds, un mode de locomotion bien pratique pour de courtes distances, négligeant les hordes de vélos électriques ou pas (surtout électriques !), de scooters électriques ou pas (surtout thermiques !), de voiturettes électriques ou pas !


Nos pieds, étant pour l’instant dépourvus d’assistance, le concept de CAE (Chaussures à Assistance Électrique) n’étant pas encore répandu, ne nous ont pas autorisés à explorer toute l’île, pourtant de taille raisonnable. De l’adorable port de Terre de Haut, nous avons gravi la colline jusqu’au Fort Napoléon qui offre, en plus de ses murailles qui n’ont jamais servi, une vue imprenable, comme le fort, circulaire, et magnifique sur l’ensemble de l’île. De là, on admire pleinement l’anse de Terre de Haut, avec son petit pain de sucre, l’îlot des Cabrits qui la ferme en partie, Terre de Bas qui se profile en arrière plan, et des criques aux couleurs changeantes, toute une palette de verts et de bleus qui se mêlent, s’épanouissent et disparaissent au gré des rayons de soleil, du vent et des nuages qui passent.


La plage de Pompierre nous a accueillis plus tard pour une baignade d’eau et de soleil. L’eau était là, mais de soleil point, il se fait parfois timide et se cache bêtement derrière un nuage. Mais on le devine, on sait bien qu’il est là, il ferait mieux de se montrer, on l’incite en lui montrant nos peaux encore pâles, qui auraient besoin de lui, de ses rayons. Il en pointe un, encore un peu diffus, puis se rétracte, se tourne ailleurs. Tant pis… On se rhabille et on rejoint l’embarcadère pour un retour légèrement plus rapide et moins chahuté.

Bribes...


A propos des guadeloupéens…

Les mises en garde avaient fleuri, parfois contradictoires: Ils ne sont pas accueillants, ils ne nous aiment pas, nous les « métros », attention aux arnaques, à la nourriture trop épicée juste pour les « métros », attention, attention… Vous feriez mieux d’aller en Martinique, eux au moins sont sympas, hospitaliers et tout et tout…

Notre séjour, malheureusement, tire à sa fin. Tous les guadeloupéens que nous avons rencontrés, avec qui nous avons eu à faire, se sont montrés, gentils, accueillants, hospitaliers, aimables, serviables. Aucun n’a essayé de nous arnaquer, de nous faire payer davantage que le prix déjà élevé figurant sur l’affichage réglementaire.

 Bien sûr, nous ne les avons pas tous rencontrés, bien sûr, il y en a certainement des malhonnêtes, des acrimonieux, des plaisantins de mauvais goût, des injurieux de nature, des mécontents, des envieux. Bien sûr, mais ceux-là, même en terre paisible de Bourgogne, dans la ville on ne peut plus paisible de Chalon sur Saône, on en rencontre, il y en a, si, si ! J’en ai vu !

Bien sûr, nous n’avons pas traîné dans les bas- fonds de Pointe à Pitre, nous n’avions rien à y faire, nous n’avons pas fréquenté les bars interlopes, les boîtes de nuit louches, les hôtels sordides, ce n’est pas notre style. Nous n’avons pas, non plus, mégoté, pinaillé sur des détails qui ne vont pas, ergoté, chicané  et tenté de faire baisser un prix fixé, nous n’avons pas critiqué, donné des conseils, émis de jugement, ce n’est pas notre genre. Je crois simplement que comme en beaucoup d’autres endroits, les gens sont d’abord aimables avec ceux qui le sont…

12 février 2020

Basse-Terre


 
   
 Depuis quelques jours nous découvrons Basse-Terre, l’autre Guadeloupe. C’est étrange, comme à quelques dizaines de kilomètres près, le climat, la végétation, le littoral, tout peut changer ! 
Ici, c’est une terre d’eau et de lave, recouverte d’une foisonnante végétation. Le terme, « luxuriante » s’y applique à merveille, il a été inventé pour elle. Depuis notre gîte, situé tout au sud, à Trois Rivières, nous commençons à explorer les environs. Son jardin tropical, riche de centaines de fleurs, d’arbustes, de plantes aromatiques aux senteurs inconnues chez nous, d’arbres qui poussent tout seuls, nous inviterait à rester au calme sur la terrasse, à contempler l’océan et les îles des Saintes qui se parent d’écharpes de brume, mais nous sommes quand même sortis de ce drôle de nid pour aller voir en dehors. La côte est magnifique. Qu’on la longe en voiture sur les petites routes en corniche, ou surtout le long des petits sentiers littoraux elle nous offre des vues à couper le souffle. Ici, point de belle plage au sable fin, mais des anses de galets enserrées de pointes de lave noire, où les vagues se fracassent en embruns miroitant au soleil. L’écrin de verdure, foisonnant, exubérant, se referme et pousse jusqu’à l’extrême bord ses palmes paresseuses, frissonnées par le vent. Le vent incessant, c’est lui que l’on entend, qui fait chanter les feuilles et crisser les bois, c’est lui qui chaque nuit amène les nuages de pluie et les dissipe au matin en brumes  et vapeurs.

Nous marchons le long des sentiers étroits et abrupts. Ils plongent soudainement dans une crique dissimulée et remontent en escaliers de roche parmi les racines géantes des figuiers maudits, des fromagers, entre des bouquets de bananiers, de palmiers et d’étranges plantes qui se parent de fleurs que l’on croirait inventées par un peintre fou. Une vasque d’eau douce, à l’issue d’un ruisseau qui cascade jusqu’à l’océan, avec, sur son bord, une pierre gravée. Là, une femme Arawak accouche dans l’eau d’un enfant millénaire. Le temps a passé, les Arawaks ont disparu, supplantés par les Caraïbes, eux- mêmes remplacés par les européens, et leurs esclaves noirs… Mais le pétroglyphe demeure et la silhouette filiforme de l’indienne invite à l’humilité, les civilisations passent, les peuples se succèdent, les cultures évoluent et pourtant l’humanité  ne change guère.


       A Trois Rivières, nous avons visité le parc archéologique et botanique. Bien modeste au plan archéologique en regard de ce que nous avons en métropole, les roches gravées ne sont pas aussi spectaculaires que Lascaux, Chauvet et autres grands sites de l’art rupestre. C’est vrai, mais elles sont le témoin d’une identité disparue et ont pour elles de se situer dans un lieu somptueux. 
La partie botanique du parc, avec un guide loquace et compétent nous a émerveillés. Nous avons fait connaissance avec de multiples arbres, plantes, dont nous avons aussitôt oublié les noms, nous avons goûté, senti, et nous sommes même teintés les doigts au roukou, la plante qui colore en rouge, apaise les morsures du soleil et des insectes et dont s’enduisaient les Caraïbes quand Christophe Colomb les a découverts. Ils furent depuis lors, les « Peaux-rouges »… et le sont restés dans les westerns, même si la peau du Sioux ou du Comanche était loin d’être rouge !

Dans la semaine qui vient, nous allons tenter d’explorer La Soufrière et ses alentours, les chutes du Carbet, et autres balades attirantes. Une petite visite aux Saintes aussi, qui sont juste en face de notre terrasse. A l’heure du Ti- punch, elles se nimbent de rose et de rouge, au gré des nuages qui les coiffent. Notre programme dépend de la météo d’abord, de nos jambes ensuite… On vous en reparlera, en images peut-être, si vous êtes sages et si les caprices d’Orange nous en laissent la possibilité !





10 février 2020

Marie Galante




      Ce matin déjà, quand nous avons quitté tôt notre premier gîte, il m’a semblé que quelques gouttes étoilaient le pare-brise. Probablement de l’eau, je n’avais pas consommé de Ti- punch sur le capot de la Clio. Sur le quai de la gare maritime la chose s’est confirmée : Il pleuvait ! 

Le bateau qui nous emmène à Marie-Galante, tape dans les vagues qui se sont creusées et soulève de grands jets d’embruns. Son dos ruisselle et les hublots noyés  ne laissent passer qu’un vague aperçu des lourds nuages noirs qui avancent front bas, droit devant nous. Le quai de Grand Bourg nous accueille avec un répit, le temps de poser nos bagages à l’hôtel Pistache et de récupérer le scooter de location. Un engin classique, à roues, dépourvu d’hélice… S’il pleut trop on pourra toujours écoper avec les casques !

 Notre première journée se passe entre éclaircies et averses. Dans la région de Saint Louis, des visions de plages merveilleuses qui se brouillent soudain sous une pluie serrée, une balade sur un joli chemin, au cœur de la mangrove, dans une végétation dense et dans un silence profond. Il y a très peu d’animaux, quelques oiseaux discrets, et deux touristes esseulés…




    Un retour au soleil, qui nous permet de sécher, le scooter est un excellent sèche-linge mobile, et de visiter les ruines d’une ancienne sucrerie…visite qui ne restera pas gravée dans le marbre, à peine dans les briques de construction de la cheminée, pourtant remarquable d’après les panneaux explicatifs !

On s’installe à l’hôtel, dans une chambre superbe qui nous offre enfin une remarquable connexion internet. Par contre il n’y a pas d’eau chaude, le système solaire est en panne… (On s’en était presque douté !) et la terrasse noyée sous les déluges intermittents.

 Mais le plaisir d’alimenter le blog et de correspondre avec la lointaine métropole vaut largement ces menus inconvénients.