C’est depuis une jolie terrasse
de café à La Rioja, que je commence à écrire cet article… La Rioja…
Encore ?? Quel est ce voyage, où on revient sans cesse de là où on est
parti ? Hé bien, oui, on est de retour à La Rioja !
Mercredi, le 18, nous sommes
repartis de Mendoza, et avons enchainé les bus pour arriver à Villa Union tard
le soir, sous un ciel d’orage menaçant. Là, nous avons enchaîné les
hébergements provisoires, d’abord en arrivant, une nuit dans une
« cabanas » très bien, mais qui ne pouvait nous garder, puis deux
nuits chez les « cabanas » voisines, qui eux aussi ne pouvaient nous
loger davantage. Nous voulions depuis cette base visiter les parcs de Talampaya
et d’Ischigualasto, classés tous deux au patrimoine de l’humanité, des parcs à
ne rater sous aucun prétexte selon les guides.
Villa Union est le village le
plus près de ces deux parcs mais le pays est si grand qu’il y a quand même
quelques heures de route à prévoir pour effectuer le circuit. A l’agence locale
de voyage, on fait la connaissance d’Aline et de Jordi, avec qui, très vite,
nous sympathisons. On va en fait passer les jours suivants ensemble , à
goûter, sans beaucoup de modération, les vins argentins de la région, à
discuter et refaire le monde tard le soir, et bien sûr, à faire ensemble cette
magnifique excursion.
Le vendredi quand le joli Touran
VW de l’agence vient nous prendre, le matin est déjà chaud et des nuages
d’orage se profilent au loin.
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Notre premier guanaco |
On file sur Ischigualasto, le plus loin des
parcs, l’autre site est prévu pour l’après midi. Cette visite est magnifique,
une richesse et une variété de formes géologiques étonnantes…
(Une visite tellement belle, qu’elle
mérite amplement un article et plein de photos pour elle toute seule !)
L’orage éclate à la fin de la visite, le parc
est fermé derrière nous, la piste devenant vite impraticable. On fonce sur
Talampaya et là on apprend que la visite du canyon est suspendue, le rio a
grossi, on ne peut plus passer… On apprend aussi que la route de retour à Villa
Union est coupée, un rio ayant emporté la chaussée provisoire d’une partie de
la route. (Depuis cinq ans, la vraie route a été emportée et on passe à gué, à
côté, le plus souvent à sec, il est vrai !)
Quand on arrive sur les lieux, on
se rend vite compte de l’ampleur des
dégâts !
Des engins sont déjà à l’œuvre, mais on imagine mal pouvoir
passer avant longtemps ! Évidemment, c’est la seule route possible…
Pourtant on va avoir droit à une belle preuve d’efficacité. Le gros bull va et
vient, crée un barrage provisoire, comble les énormes failles de la chaussée,
l’aplanit et trois heures plus tard les premiers véhicules commencent à passer,
un par un. Nous sommes assez loin, malheureusement, et juste au moment de nous
engager, la situation devient trop critique, le barrage menace de céder, nous
sommes à nouveau bloqués. On observe la lente poussée de l’eau, un quart
d’heure plus tard la digue cède, l’eau s’engouffre, arrache tout le travail
effectué… On attend que s’écoule le flux furieux.
Le bull a une roue crevée, il
faut réparer. Un tracto- pelle prend courageusement le relais, amène petit à
petit des collines de sable pour refaire le barrage. Le rio s’apaise enfin.
Tout le monde surveille le ciel, espérant qu’il n’y ait pas d’autre orage. Le
bull reprend son ouvrage et pousse le sable accumulé, le barrage reprend forme,
cette fois un peu plus haut, un peu plus large… Pendant ce temps l’autre engin,
une nouvelle fois, tente de remblayer la chaussée en contrebas. Las, il
s’enlise, menaçant même de verser complètement ! Et bloquant le
passage ! Notre espoir retombe en même temps que lui… Mais le gros bull,
imperturbable et mené de main de maître, poursuit son travail, le barrage
s’élève, s’aplanit, devient route, certes un tantinet incertaine, mais route
quand même !
Encore quelques finitions et nous
sommes les premiers à passer sur cette nouvelle voie ! Ensuite la route
est dégagée,
nous retrouvons nos cabanas où nous fêtons joyeusement cet épisode
avec nos nouveaux amis en vidant quelques bouteilles et commentant abondamment
ce que nous avons vécu !
Le lendemain reste incertain… On
regrette de ne pas avoir pu visiter Talampaya, mais attendre ne sert à rien, on
décide de rejoindre La Rioja, puis Salta aussitôt que possible.
On passe le samedi matin à se
renseigner…A essayer de se renseigner.
Heureusement l’espagnol de Jordi est bien meilleur que le nôtre ! Les bus
du matin ne sont pas passés, la route, les routes sont de nouveau coupées. Évidemment
pas de connexion internet depuis que les premiers orages ont eu lieu, depuis
notre arrivée en fait ! A la gendarmerie, on nous assure, si !
si ! Que la route de la Rioja sera de nouveau ouverte vers 11h00 et que le
bus de l’après-midi pourra passer. Voyant que nous sommes français, le gendarme
aimable nous invite à venir voir les carcasses calcinées des hélicoptères qui
se sont fracassés tout près d’ici ! Un bien triste spectacle que ces tôles
froissées, noircies, qui forment d’étonnamment petits amas...
A 16h 30, comme promis, le bus de
15 heures démarre…Aline et Jordi, qui filent ensuite sur Mendoza et Valparaiso,
le prennent aussi, la route de San Juan, plus courte leur paraissant plus incertaine.
Au passage on voit que le barrage
a été renforcé, le tracto-pelle sorti de sa fâcheuse position et nous arrivons
à la gare routière de La Rioja vers 20h30. On a bien roulé ! On s’achète
des billets pour Salta, départ demain, dimanche soir, on boit un dernier coup
tous ensemble, et après un petit tour en taxi, on arrive à l’hôtel Avenida dans
lequel il reste une chambre ! Ouf ! On ressort, et on se paie un bon
repas de …bœuf ! Bien sûr ! Retour à l’hôtel, où miracle de la
semaine, la connexion fonctionne, un peu de courrier, le blog sera pour le
lendemain.
Aujourd’hui, dimanche, les
journées de voyage qui ne servent à rien, ou si peu… Une journée à attendre, la
visite de la ville se bornant à faire cinq ou six fois le tour de la Place
Centrale, très jolie, très agréable, mais bon… La ville est morte, dimanche
oblige, on passe encore un peu de temps à trouver un restau ouvert, on passe de
café en café et j’en profite pour désankyloser un peu l’ordinateur…
Demain Salta et rencontre avec Luc, un ami d’André et
Lou qui nous ont mis en contact…