12 décembre 2023

Terre de Feu- Ushuaïa

 


Terre de Feu… Quel étrange nom pour une bien étrange terre ! Un émiettement du continent en une multitude d’îles, d’îlots, sous un ciel où s’égrènent sans fin le gris des nuages que ponctuent parfois des taches de bleu.  Une averse, souvent précédée d’un petit coup de vent frais vient rafraîchir le promeneur qui s’est un peu trop équipé pour sa randonnée. Nous terminons notre court séjour à Ushuaïa, quelques jours bien remplis et très vite passés. La maison d’hôtes, Tango B&B, - pour une fois je me permets un peu de pub- nous a magnifiquement accueillis. Outre les chambres sympas et, pour la notre, surchauffée, l’hôtesse s’est chargée de tous les contacts nécessaires pour nos excursions. Super pratique et confortable… Elle s’est chargée aussi du change, pour notre bénéfice mutuel, car en ce moment l’Argentine vit des moments difficiles au niveau financier ! Les cours de change sont multiples, varient chaque jour et simplement pour un touriste il faut jongler entre trois taux de change : L’officiel, qu’il vaut mieux éviter, le taux touriste assez avantageux qui s’applique aux achats par carte, par exemple et enfin, le blue dollar ou euro, le vrai cours officieux, illégal mais pratiqué partout. C’est celui que nous a octroyé Vanesa. De l’officiel au blue, cela multiplie notre pouvoir d’achat par trois ! Ce n’est vraiment pas négligeable ! Une gymnastique comptable difficile mais nécessaire, et qui est bénéfique à nos neurones menacés de sénescence.

Bon… Nos exploits ! Le premier jour, à peine débarqués de notre vingtaine d’heures d’avion et deux jours de voyage, après nous être restaurés, nous sommes allés voir la laguna Esmeralda (Le lac Emeraude). C’est une balade assez longue, du moins pour nous, sur un sentier rocheux et caillouteux qui grimpe vers le cirque ou se repose un mignon petit lac, tout rond, tout vert, tout joli.


Retour un peu tardif, le lit se faisait attendre depuis trop longtemps, pour nos corps épuisés! C’était une erreur, mais nous ne l’avons pas regretté car sinon, nous n’aurions pas vu ce trésor caché. Le lendemain, plus calme, un van nous a emmené au Parc National. Nous avons pris l’attraction touristique locale, le « train du bout du monde », tren del fin del mondo, qui serpente dans une nature qui nous a surpris : Beaucoup de verdure, d’arbres, de forêts, un paysage de bocages entouré de montagnes acérées encore couvertes de neige. Et toujours de l’eau, partout. Des ruisseaux, des rivières qui coulent vives et pures, des lacs transparents et parfois on retrouve le canal de Beagle, d’eau salée, qui relie les deux océans. 

Le train a été construit par les prisonniers du pénitencier qui avait élu domicile dans cet endroit loin de tout, dans un environnement des plus hostiles. Maintenant il balade des touristes du monde entier… Etrange détour de la vie ! Nous avons aussi fait deux petites balades tranquilles le long de la côte. L’une avec le bureau de poste le plus septentrional du monde, encore un joli endroit symbolique et l’autre sur un beau sentier côtier à la végétation pleine d’enseignements pour nos passionnées de plantes.

Nos jambes allaient déjà bien mieux le lendemain, avec une excursion prévue seulement l’après-midi. Nous sommes allés visiter LA ville ! Mais LA ville était fermée, c’était dimanche ! Peu de boutiques, peu de restaurants ouverts où tout le monde se pressait avec des queues qui s’étiraient. Nous nous sommes offert La spécialité locale : Le crabe royal ! Un petit luxe accompagné d’une bonne bouteille de Torrontes. La vie est belle, mais évidemment impossible de régler notre petit problème : Acheter et mettre en fonction une puce locale ! Notre logeuse s’y était essayée sans succès… Curieusement, en Argentine c’est plus compliqué qu’ailleurs ! On ne peut pas activer par internet une puce destinée à un étranger car il faut entrer le numéro de passeport et les lettres ne sont pas admises ! Il faut le faire à l’aéroport ou dans certaine agences…

Nous avons enfin réussi, la veille de notre départ, dans l’agence Claro, après en avoir essayé deux autres, écumé les kiosques de la ville et épuisé, en plus de la mienne, la patience de plusieurs commerçants !

Je reviens à notre après-midi, c’était un joli tour en 4x4, vers le lac Escondido, puis le Fagnano. Une piste, très délicate par moment nous a fait plonger vers le lac, par la forêt.  Au bout de la piste qui longeait le lac, parfois en disparaissant dedans, (bon véhicule obligatoire !) nous avons été régalés d’un pique-nique asado délicieux. Une belle excursion, à réserver à ceux qui aiment être secoués le long de chemins improbables.

Enfin, pour finir, l’excursion incontournable : Le tour en bateau sur le canal de Beagle !

La foule se presse au port, des queues s’étirent devant les cabanes des agences qui proposent à peu près toutes les mêmes prestations, puis devant l’entrée du port pour se répartir ensuite dans les différents navires. Le nombre de bateaux en mer simultanément est limité, ce qui est bien, mais évidemment les grands catamarans sont pratiquement pleins. J’étais, il faut bien l’avouer, un brin sceptique sur ce que l’on pouvait voir dans ces conditions, mais finalement le spectacle était au rendez-vous. D’abord le paysage bien sûr, qui défile lentement, la ville, les montagnes, Olivia suivie des Cinque Hernanos, des pics acérés, de l’autre côté, le Chili, ennemi héréditaire, avec la petite bourgade de Puerto Williams, le VILLAGE le plus au sud, à ne pas confondre avec Ushuaïa, la VILLE la plus au sud, mais qui est quand même, un poil de lion de mer plus au nord que sa trop petite rivale chilienne !

Des lions de mer nous en avons vu, beaucoup, qui semblent se prélasser à vie ; ils émettent parfois une sorte de rugissement rauque et retombent vite dans leur léthargie… Des colonies de cormorans, nombreuses, bruyantes avec quelques autres oiseaux dont je n’ai pas compris le nom… Le haut-parleur du bateau dans lequel s’escrimait une courageuse guide en espagnol et en anglais était souvent couvert par les conversations locales, par exemple les trois charmantes argentines assises en face de nous qui se sont chargées d’émettre un brouillage continuel des explications. Donc nous avons vu des oiseaux, le dernier phare avant le pôle sud, un petit phare assez décrépit mais qui a eu le privilège d’être là, d’être la dernière lumière dans le sud. Enfin, nous avons vu des pingouins… Plein de pingouins ! Pour être franc, je les imaginais plus grands ! C’est petit, un pingouin mais très rigolo avec son dandinement plein de dignité. Et la cerise sur le gâteau, quatre baleines joueuses que nous avons suivies pour notre plus grand plaisir.

Nous avons découvert une région surprenante, très différente de ce que nous avions imaginé… Elle nous a beaucoup plu ! La beauté des paysages, nimbés d’une lumière changeante avec le temps, alliée à la gentillesse des gens et à la qualité de l’accueil nous ont conquis ! Malgré leurs problèmes, les argentins savent se montrer chaleureux et prévenants.

Demain nous repartons un peu plus au nord, à Calafate, le pays des glaciers. Un saut de quelques heures en avion, là-bas, une voiture nous attend… Nous vous raconterons nos découvertes et nos impressions, promis ! Et patience, c’est la vertu première des voyageurs et de ceux qui les accompagnent, même de loin !






































1 commentaire:

Nicole Champmartin a dit…

Merci Jean et Francoise pour ces photos et ce reportage du bout du monde
(Chili et Argentine m'ont toujours fait rêver!!)
Merci de ces partages et bonne continuation et bon debut d'année 2024!!
On vous embrasse