29 septembre 2022

Les Laurentides

 


       Voilà ! Nous sommes dans cette belle région tant vantée dans les guides, une région de villégiature pour les citadins de la grande ville. Et de fait, c’est une région magnifique, mais densément peuplée. Le Québec, du moins la partie que nous visitons, a la particularité curieuse d’offrir à la fois des espaces immenses et des maisons de partout ! Les Laurentides offrent des lacs à foison, en pagaille, il y en a  tant et plus : Et bien, il est impossible de les approcher, difficile de les voir même, car ils sont bordés par des propriétés privées qui en interdisent l’accès et en confisquent la vue. Pas de zone publique, de rives protégées. C’est le règne absolu de la propriété ! Sauf dans les parcs et réserves, qu’ils soient nationaux ou régionaux. 

Là, pas de maisons, ni les cohortes de fils électriques disgracieux  qui longent les routes, les traversent, s’étagent le long des poteaux en séries impressionnantes, pour délivrer à chaque habitation nichée dans son enclos de verdure, la précieuse énergie et les bienfaits de la communication.

    Donc pour voir les lacs, les cours d’eau, nous avons parcouru le parc national du Mont Tremblant. Un beau et vaste parc. Il possède un immense réseau de lacs, de torrents, de rivières, de marais et de tourbières. Tout cela s’articule surtout autour de La Diable. C’est le nom de la rivière, et il est féminin ! On aurait pu penser la diablesse, mais non ! Diabolique ou pas, c’est une sacrément belle rivière ! Elle cascade entre les rochers, se faufile de colline en colline, s’échappe en rapides blancs d’écume, de l’étreinte de la forêt. Elle est l’âme du parc, sa colonne vertébrale. Les feuilles qui se mirent dans son eau, sur leurs arbres penchés, se sont maquillées d’automne pour mieux s’admirer. Parées de mille couleurs, des déclinaisons de rouge, d’orangé et de rose en passant par toute la gamme des jaunes flamboyants elles offrent à la rivière un écrin qui la magnifie.


    
Les arbres qui n’ont pas la chance de border son cours se consolent en offrant la même richesse de couleurs aux lacs, aux collines et même aux ruisselets bouillonnants qui sillonnent le parc. Nous y avons passé deux jours, à nous balader, faire de petites marches pour aller voir des chutes, des lacs, des points de vue. Celle de la Corniche, par exemple, après une bonne montée, offre un panorama époustouflant sur le lac Monroe et sur la vallée de la turbulente rivière. L’automne est là, le jour se fatigue vite et les feuillages s’adaptent avant de joncher le sol ; l’automne est là, donc les nuages sont aussi de la partie et jouent les mutins à celui qui versera le plus de courtes averses, sur les infortunés visiteurs. 

Courtes, mais bien drues ! Et suffisamment fréquentes pour que la partie de cache-cache avec elles tourne inéluctablement à notre désavantage… Donc, on se mouille un peu ! Heureusement, le parc offre aussi de magnifiques parcours en voiture, car il est grand, très grand. La route goudronnée du début, là où se regroupent la plupart des circuits  se transforme en piste de terre. Elle commence large, puis finit par une seule voie qui semble être un tunnel dans la forêt. Un tunnel bordé d’eau, gorgé d’eau. 


Il n’y a plus personne. Sur plus d’une heure de trajet nous n’avons croisé qu’une seule voiture… J’aime toujours cette impression d’être seul, isolé, d’être seul maître de son destin, même prisonnier d’une piste détrempée sous de violentes bourrasques tombées du ciel, je ressens  un grand sentiment de liberté. Finalement, la piste rejoint une autre route, puis un autre poste d’entrée, à une cinquantaine de kilomètres de celui par lequel on est entré.

    La météo est aussi incertaine que les averses. Après la pluie, le beau temps ! Mais celui-ci se recule de jour en jour ! Demain, nous quittons les Laurentides pour nous diriger vers le lac St Jean, mais nous faisons étape avant. Nous prenons le temps…

Et maintenant, je vais vous en faire voir de toutes les couleurs. Françoise














26 septembre 2022

Montréal


     Nous avons quitté nos amis Line et Alain et leur belle campagne, pour nous frotter à la grande ville. Montréal nous attendait ! Elle s’était faite belle, teintée de soleil, même si ses frondaisons arboraient encore un beau vert d’été. Les érables hésitent à se colorer de rouge, l’automne n’est pas vraiment là, mais il ne saurait tarder, on annonce des pluies pour bientôt.

    Nous avons laissé le Nouveau- Brunswick juste à temps pour éviter la tempête, paraît-il ! Elle a surtout frappé Terre-Neuve et la Nouvelle Écosse, mais le village de Shediac où nous avons dégusté du homard il y a quelques jours, a été durement touché et la célèbre statue de homard a eu les pattes mouillées !


    La grande ville, nous ne l’avions qu’effleurée à notre premier voyage. Cette fois, avec nos amis qui la connaissaient déjà, nous l’avons explorée plus en détail, même s’il nous reste suffisamment à  voir pour une prochaine fois !

    Le Québec est vaste et sa plus grande ville étale ses quatre millions d’habitants sans se préoccuper de la surface utilisée. Comme dans le pays, les distances sont longues et les pieds s’useraient vite à l’arpenter s’il n’y avait le métro pour tenter de les économiser.


    Notre hôtel, situé au pied du Mont Royal, nous a tout de suite offert la perspective alléchante de grimper au belvédère qui le domine. Un long escalier, parcimonieusement entrecoupé de morceaux de chemin, nous l’a fait atteindre. Belle mise en jambes, après des heures d’autoroute ! De là-haut, il est vrai, la vue sur la ville est magnifique. Le soleil était de la partie et faisait oublier le petit vent frisquet.



    Nous avons ensuite parcouru le vieux Montréal, ses façades anciennes et ses beaux bâtiments et longé le Saint Laurent, l’âme depuis toujours de la ville. Un tout nouveau musée, la Pointe à Callière retrace l’occupation des lieux, depuis les tribus autochtones jusqu’à nos jours. Il est intéressant, très didactique, il explique davantage qu’il ne montre, mais utilise des technologies de pointe pour accrocher son public.



    Nous avons aussi au cours de nos pérégrinations, exploré le quartier de la petite Italie, autour du marché Jean Talon. Françoise l’avait noté dans ses premiers désirs de visite, car il était classé architecture art déco,

un style auquel elle ne peut résister. Mais les voûtes en béton des années trente ne lui ont guère rappelé les plus belles réalisations de cette époque, et nous nous sommes contentés d’admirer fruits et légumes à la parade, si soigneusement rangés et alignés qu’ils en deviennent presque des œuvres d’art !

   


     Le quartier du plateau du Mont Royal, à ne pas confondre avec le mont lui-même, nous a davantage plu. Il est vivant, animé, et de nombreuses rues s’ornent de tableaux muraux, le « street art » est une autre des passions de Françoise ! Au coin des rues, dans des retraits de murs, en enseigne pour des magasins, de jolies fresques se découvrent, de style varié mais plutôt sages, quand même.


    Le Québec est sage, peuplé de gens sages… Il y manque peut-être un brin d’exubérance ou de folie, des peintures de Valparaiso par exemple !   Les rues de ce quartier sont bordées de maisons très british, avec jardinet, demi sous- sol surmonté de deux niveaux. Il y a des arbres partout et des nuées d’écureuils. Et puis on aborde les boulevards, les avenues et tout s’anime. Il y a du monde qui vit, qui parle, qui rit dans plein de langues car la ville est très cosmopolite. On y parle encore le français, assez souvent, mais je pense que l’anglais va bientôt dominer, si ce n’est déjà fait. C’est la langue des nouveaux arrivants, qui viennent du monde entier.

 


   Dans le quartier de l’hôtel, le chic centre-ville, avec ses hauts gratte-ciel, les seuls de la ville, nous avons visité le Musée des Beaux-Arts… Le coup de Cœur de notre dernière journée ! Un musée immense et richement doté dont nous n’avons visité que la partie qui nous intéressait. Le département d’art moderne, dans un bâtiment tout neuf et splendide nous a ravis, à la fois par sa présentation et par la richesse des collections. Une muséographie qui soigne et met en valeur les œuvres présentées, une lumière parfaite… Tout bien quoi !

    Le deuxième bâtiment que nous avons visité présentait des œuvres d’artistes québécois et inuit. Là aussi, la mise en valeur des œuvres a rendu sa visite très intéressante même si les collections semblaient à priori présenter moins d’intérêt. Le rapport établi, par exemple avec l’histoire de la région, permet de bien comprendre les liens entre l’art et les principes directeurs de la  société, politique et religion.


    Nous avons conduit nos amis Myriam et Alain à l’aéroport. Bizarrement, il s’est mis à tomber quelques gouttes, le ciel se mouille de les voir partir. Nous, nous allons nous diriger vers les Laurentides, une région proche, montagneuse, très jolie pour les balades et randonnées nous a-t-on dit. Mais les prévisions météo, si elles se réalisent, vont peut-être nous obliger à nous cantonner à d’autres activités, plus pantouflardes ! On vous le dira bientôt !





































23 septembre 2022

Bribes

 

Parcs et commodités.

Au Canada, comme aux USA, l’accès aux parcs nationaux ou provinciaux est payant. Une somme modique pour les premiers, plus élevée pour les seconds. Mais en échange de cette obole vous évoluez dans un site aménagé. Aménagé pour le plaisir et le confort des visiteurs et aussi, pour la préservation et la conservation du site. Ainsi les sentiers, desquels on est prié de pas sortir, sont souvent construits avec plancher de caillebottis, rambardes en bois et escaliers. Des terrasses s’avancent pour mieux apprécier les points de vue et de multiples panneaux explicatifs jalonnent le parcours.  Très pédagogique, certes, mais néanmoins confortable ! Et je m’en voudrais de ne pas mentionner l’existence de toilettes, un lieu d’aisance inconnu en France, mais ici reconnu d’utilité publique. Il y en a partout, parfois même là où l’on n’ose pas les attendre ! Sur un cheminement de bois au-dessus d’une zone humide, une terrasse en décrochement abrite deux toilettes sèches, évidemment, dans chaque parking un bâtiment en dur vous permet de vous soulager dans des conditions plus luxueuses et de vous laver à l’eau chaude, et là où vraiment c’est trop compliqué techniquement, on trouve des toilettes mobiles, de chantier, plus rustiques mais parfois bien utiles !

Tout est toujours impeccable, et les rangers qui vous accueillent efficaces et serviables… Un autre monde !  Une autre conception des réserves naturelles. Chez nous, c’est un statut et des interdictions, souvent mal respectées. Ici, le statut crée d’abord une obligation d’aménagement…

Circulez ! Y a rien à voir, j’vous dis !

22 septembre 2022

Nouveau Brunswick- la baie de Fundi


 

    Notre tour du Nouveau Brunswick se poursuit très agréablement. Par une journée de grand beau temps, nous avons visité le Fundy National Park. Encore un très bel endroit, avec des sentiers très aménagés et d’autres beaucoup moins. La balade jusqu’au cap Matthews a mis à l’épreuve vieux genoux et hanches neuves, qui ne s’en sont pas trop mal sortis. Le sentier épouse la côte, monte et descend et offre, dans les trouées de végétation, de magnifiques aperçus sur la mer, le littoral très découpé et, au loin, les falaises de la Nouvelle Écosse. Le tout sous un ciel incroyablement bleu qui défiait les prévisions météo.





Un autre défi récurrent, lancé par Myriam, était d’observer un phénomène particulier en baie de Fundy, dû aux très fortes marées et à la configuration des estuaires : Un mascaret ( et non pas camaret comme je l'ai écrit par erreur grave dans ma première version) à Moncton sur la rivière Petitcodiak et un « reversing falls » un courant qui s’inverse à St John… Le "camaret" s’est fait discret, il ne voulait pas faire de vagues, ce n’est pas le moment quand on porte un tel nom dans un pays où tous les villages ont des saints à leur patronyme…  et nous avons raté de peu l’inversion de courant, à cause d’un demi-tour imposé par une erreur de navigation ! Pas de chance donc pour les phénomènes de marée.

Le lendemain du grand ciel bleu, la météo s’est rattrapée. Le soir, le ciel s’était chargé et au matin, à notre réveil, il tombait des cordes. Une « heavy rain » qui nous a poursuivis toute la journée. Le seul hôtel qui n’offrait pas le petit déjeuner était celui de ce jour, évidemment. Nous sommes allés le prendre à pied, très mauvaise idée, et la traversée de la jolie petite ville de St Andrews nous a mouillés jusqu’aux os.  Après cette expérience, et nos valises n’étant pas inépuisables en vêtements secs, nous sommes restés à l’abri, de la voiture surtout, d’un musée-aquarium dans les environs et d’un autre musée, d’art celui-ci, à Fredericton. Du premier, très pédagogique, je ne garderai pas un souvenir émerveillé. Le second par contre, nous a très agréablement surpris. Un très beau bâtiment moderne, une muséographie agréable et un contenu varié et intéressant. Le clou de l’exposition est une œuvre de Dali, mais l’ensemble mérite le détour. Si vous vous trouvez à Fredericton un jour de pluie, pensez-y , le musée est une bonne alternative au pub!



Nous avons aussi visité le pendant anglais du village acadien. C’est un village « loyaliste » reconstitué. Les loyalistes sont les habitants des futurs USA qui ont fui leur pays à l’indépendance pour rester fidèles à la couronne britannique. Le Canada a été leur terre d’accueil, la couronne leur a octroyé de bonnes terres dont ils ont chassé les acadiens… Vous suivez ?  Tout cela pour dire que ce village est très réussi, les demeures de plus belle facture, plus grandes que chez les acadiens, même si nous n’avons pas très bien compris certains commentaires en anglais ! Le site choisi, sur la rivière St Jean oups !!! Saint John est magnifique, d’ailleurs cette rivière est magnifique tout au long et son nom n’est pour rien dans mon appréciation





        J’ai été étonné par la reconstitution de la scierie et du moulin à sarrasin. La sophistication des mécanismes entraînés par la grande roue à aube ou une turbine, au début du XIXème siècle, montre bien la supériorité technique des anglais à cette époque.    

L’avance automatique de la bille de bois à découper, grâce à un engrenage en bois et à un système d’échappement à cliquet est une petite merveille d’ingéniosité. Tout en bois et corde ! Breveté Léonard de Vinci… Mais je n’ai jamais entendu parler de tels mécanismes et automatismes en France à cette époque…


Notre tour de cette région va bientôt s’achever, nous allons gagner Montréal après avoir dit bonjour à la famille d’Alain et passé une soirée chez Line. A bientôt donc, de la grande ville ou un peu après… Suivant mon humeur ou mon inspiration !






















19 septembre 2022

Nouveau Brunswick

 

Depuis quelques jours, nous visitons le Nouveau Brunswick, une jolie province maritime, toute imprégnée de l’histoire des acadiens dont elle fut la patrie, ainsi que celle des Mic-Macs les premiers occupants. On y parle un français mâtiné d’anglais à l’accent encore plus prononcé qu’au Québec, mais l’anglophonie gagne et les deux tiers des habitants ne parlent plus le français.…

C’est un pays de terre et d’eau, aux paysages calmes. Les rivières se font lacs ou s’élargissent démesurément en estuaires aux allures de mers. Elles portent des noms chantants, la Matapedia, la Restigouche ou la Miramichi et se retrouvent dans la baie des Chaleurs, bien mal nommée en ce qui nous concerne : Il n’y faisait pas chaud et il soufflait un vent à décourager les maringouins et à envoler les « tuques » mal arrimées sur les têtes des visiteurs. Pas de mauvaise surprise cette fois, nous nous attendions à rencontrer ce temps et nos valises sont pourvues en conséquence.




Notre Toyota Highlander avale en grand confort les kilomètres de belle asphalte des routes canadiennes, toutes droites, avec un appétit que l’on peut qualifier de raisonnable. D’étape en étape, nous côtoyons les baies et les golfes, traversons des zones agricoles aux vastes fermes hérissées de silos, et nous enivrons du calme des forêts sans fin, qui commencent tout juste, très parcimonieusement, à se parer de couleurs automnales. 




Cela nous rappelle un peu l’Irlande, en plus vaste, en plus grand, ou la Carélie, avec plus de monde, car ici, l’habitat est très dispersé, les maisons occupent chacune un espace sans commune mesure avec notre vision européenne des choses. Chacune dispose d’une pelouse méticuleusement entretenue, à l’anglaise, de jardins et d’espaces boisés. Très loin de nos lotissements de banlieues et des carrés d’herbes jaunies par la sécheresse surtout cette année !





Le début de notre périple nous a fait longer l’estuaire du Saint Laurent, qui s’élargit encore et encore. Le vent souffle, fort, et ses eaux boueuses s’agitent et s’enflent  en « demoiselles du vent » comme dit joliment notre amie Line pour parler des vagues et paraissent rouges ou roses au gré des rayons de soleil qui les illuminent.



Nous visitons de petits parcs nationaux ou régionaux. Ils sont très intéressants et agréables à s’y balader. Nous avons également passé de belles heures dans le musée en plein air du « village historique acadien ».


    Des reconstitutions de maisons de différentes époques, mais surtout, dans chaque maison ou atelier, des personnages qui racontent leur histoire, l’histoire de ceux qui ont habité la maison à l’époque considérée. Certains sont si passionnants que l’on en oublie qu’il faut avancer

 A 17h30, fin de la visite, il nous faut abandonner la visite d’une partie des maisons du XXème siècle. Dommage ! Mais si d’aventure, vous venez dans le coin de Caraquet, prenez le temps de faire la visite !


Le Kouchibouguac National Park , bien aménagé avec ses promenades en plancher de bois, nous a permis de nous familiariser avec les oiseaux et les paysages côtiers.

Le site des Hopewell Rocks, un parc régional, est vraiment particulier. La balade le long de la côte et sur la plage à marée basse, permet d’admirer des sortes de cheminées de fée, coiffées d’un bonnet végétal de pins et d’arbustes, dont la base est noyée à marée haute sous plusieurs mètres d’eau. Le travail de l’érosion sur ces falaises est vraiment spectaculaire et la promenade sur la plage, pleine de belles surprises.

Dans les jours à venir, nous allons continuer de découvrir le Nouveau Brunswick, une région décidément pleine de charme. A bientôt !