06 mars 2020

Warang




Retrouvailles avec une terre d’Afrique. Dès l’arrivée à Dakar, dans la nuit, il y a cette odeur particulière qui nous attend, indéfinissable et pourtant reconnaissable. Le Sénégal, pays nouveau pour nous est différent et pourtant nous nous trouvons en pays de connaissance. La chaleur bien sûr qui nous assaille, mais aussi les constructions, un urbanisme inachevé, les échoppes qui bordent les rues, les marchands à la sauvette, les bougainvillées qui rivalisent de couleurs en s’échappant des murs en grandes bouffées de couleur. Les couleurs et les odeurs de l’Afrique et aussi ses menus inconvénients, les coupures d’eau, les « six-mètres » chaotiques et encombrées ( Ce sont les rues des villes non goudronnées en sable ou en terre), les tentatives d’arnaque dès l’arrivée, les véhicules hors d’âge, rafistolés, surchargés dont on se demande toujours s’ils vont être en capacité de s’arrêter.


Warang est un gros bourg, une sorte de banlieue chic de la ville de M’Bour où nous sommes hébergés dans une auberge pas très loin de l’océan. La plage à proximité n’est pas très propre, c’est un euphémisme, mais, à quelques kilomètres, celle de Nianing, nous a offert une belle fin d’après-midi. C’est une plage vivante, avec très peu de touristes et en partie nettoyée. Les grandes pirogues de pêche peintes de  couleurs vives vont et viennent et sont tirées sur le sable à mains d’hommes. Des carrioles à cheval délivrent d’énigmatiques cargaisons et chargent des filets de pêche aux multiples ravaudages, des caisses de poissons, puis passent, pressées par on ne sait quelle urgence qui justifie la cravache et l’air préoccupé du conducteur. Plus loin des groupes de jeunes se disputent avec passion un malheureux ballon qui entraine bien malgré lui de véhémentes discussions. Quelques rares baigneurs se rafraichissent dans les vagues. Encore plus loin, la plage se frange de palmiers et s’abandonne à l’océan qui inlassable, la couvre de ses offrandes. Des nacres savamment ouvragées, ciselées et polies par le temps, issues de coquillages géants qu’il couve en son sein, des restes de verroterie et, pour faire moderne, d’innombrables morceaux de plastiques multicolores, sacs plastiques, contenants divers aux langues variées, fragments perdus d’une gigantesque production qui vient s’éterniser dans les sables de la Petite Côte.


La terre d’Afrique qui souffre de tant de maux se tisse lentement son linceul de plastique que lui offrent avec une généreuse indifférence nos grandes sociétés de consommation.

Le marché de M’Bour nous a offert à nous l’occasion d’une formidable plongée dans le cœur de ce monde. M’Bour est une grosse ville, et le premier port de pêche du pays. D’innombrables pirogues de toutes tailles partent chaque jour pour les plus petites, chaque mois pour les plus grosses traquer leur gibier fuyant  et le ramènent dans la foule des acheteurs qui se pressent, s’avancent dans l’eau jusqu’aux bateaux pour négocier et repartent, leur fardeau durement acquis fièrement juché sur la tête.

 Une foule grouillante, bigarrée, multicolore s’arrête devant les étals, discute chaque achat. Il y a des poissons, bien sûr, en tas qui sèchent au soleil, ou à l’unité sur des journaux ou dans des caisses de plastique, mais aussi des légumes, des fruits, de la quincaillerie, des cordes, des filets, tout ce qui peut se vendre ou s’acheter et … du tissu ! Des wax colorés et de beaux bazins qui ont fait craquer Françoise… et les autres dames du groupe. Il y a de la couture dans l’air ! Déjà un couturier a été pressenti et est venu prendre des mesures à l’africaine. Tout dans la tête et dans l’œil !






1 commentaire:

PRUD'HOMME Dominique a dit…

Coucou. C'est avec un grand bonheur que j'ai relu votre blog Sénégal. Oh je m'y voyait encore et j'ai une furieuse envie d'y retourner. Jean as tu pensé d'envoyer l'adresse au groupe Sénégal. Ca vaut le coup d'être lu et relu.
Merci à vous deux pour ce bon moment