Retrouvailles avec une terre d’Afrique.
Dès l’arrivée à Dakar, dans la nuit, il y a cette odeur particulière qui nous
attend, indéfinissable et pourtant reconnaissable. Le Sénégal, pays nouveau
pour nous est différent et pourtant nous nous trouvons en pays de connaissance.
La chaleur bien sûr qui nous assaille, mais aussi les constructions, un
urbanisme inachevé, les échoppes qui bordent les rues, les marchands à la sauvette,
les bougainvillées qui rivalisent de couleurs en s’échappant des murs en
grandes bouffées de couleur. Les couleurs et les odeurs de l’Afrique et aussi
ses menus inconvénients, les coupures d’eau, les « six-mètres »
chaotiques et encombrées ( Ce sont les rues des villes non goudronnées en sable
ou en terre), les tentatives d’arnaque dès l’arrivée, les véhicules hors d’âge,
rafistolés, surchargés dont on se demande toujours s’ils vont être en capacité
de s’arrêter.
Warang est un gros bourg, une
sorte de banlieue chic de la ville de M’Bour où nous sommes hébergés dans une
auberge pas très loin de l’océan. La plage à proximité n’est pas très propre, c’est
un euphémisme, mais, à quelques kilomètres, celle de Nianing, nous a offert une
belle fin d’après-midi. C’est une plage vivante, avec très peu de touristes et
en partie nettoyée. Les grandes pirogues de pêche peintes de couleurs vives vont et viennent et sont tirées
sur le sable à mains d’hommes. Des carrioles à cheval délivrent d’énigmatiques
cargaisons et chargent des filets de pêche aux multiples ravaudages, des
caisses de poissons, puis passent, pressées par on ne sait quelle urgence qui
justifie la cravache et l’air préoccupé du conducteur. Plus loin des groupes de
jeunes se disputent avec passion un malheureux ballon qui entraine bien malgré
lui de véhémentes discussions. Quelques rares baigneurs se rafraichissent dans
les vagues. Encore plus loin, la plage se frange de palmiers et s’abandonne à l’océan
qui inlassable, la couvre de ses offrandes. Des nacres savamment ouvragées, ciselées
et polies par le temps, issues de coquillages géants qu’il couve en son sein,
des restes de verroterie et, pour faire moderne, d’innombrables morceaux de
plastiques multicolores, sacs plastiques, contenants divers aux langues
variées, fragments perdus d’une gigantesque production qui vient s’éterniser
dans les sables de la Petite Côte.
La terre d’Afrique qui souffre de
tant de maux se tisse lentement son linceul de plastique que lui offrent avec
une généreuse indifférence nos grandes sociétés de consommation.
Le marché de M’Bour nous a offert
à nous l’occasion d’une formidable plongée dans le cœur de ce monde. M’Bour est
une grosse ville, et le premier port de pêche du pays. D’innombrables pirogues
de toutes tailles partent chaque jour pour les plus petites, chaque mois pour
les plus grosses traquer leur gibier fuyant et le ramènent dans la foule des acheteurs qui
se pressent, s’avancent dans l’eau jusqu’aux bateaux pour négocier et
repartent, leur fardeau durement acquis fièrement juché sur la tête.
Une foule
grouillante, bigarrée, multicolore s’arrête devant les étals, discute chaque
achat. Il y a des poissons, bien sûr, en tas qui sèchent au soleil, ou à l’unité
sur des journaux ou dans des caisses de plastique, mais aussi des légumes, des
fruits, de la quincaillerie, des cordes, des filets, tout ce qui peut se vendre
ou s’acheter et … du tissu ! Des wax colorés et de beaux bazins qui ont
fait craquer Françoise… et les autres dames du groupe. Il y a de la couture
dans l’air ! Déjà un couturier a été pressenti et est venu prendre des
mesures à l’africaine. Tout dans la tête et dans l’œil !
1 commentaire:
Coucou. C'est avec un grand bonheur que j'ai relu votre blog Sénégal. Oh je m'y voyait encore et j'ai une furieuse envie d'y retourner. Jean as tu pensé d'envoyer l'adresse au groupe Sénégal. Ca vaut le coup d'être lu et relu.
Merci à vous deux pour ce bon moment
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