08 octobre 2018

Retour



la plus grande réserve d'eau du Maroc Dayet Aaoua

     Le voyage continuait… Mais entaché de tellement d’incertitudes, de sentiments contradictoires, d’hésitations qu’il nous devenait impossible de le poursuivre sereinement, d’en « profiter ». Les nouvelles de ma mère, hospitalisée en soins intensifs, nous préoccupaient trop, nous avons donc décidé d’interrompre ce voyage pourtant bien commencé et de revenir à Chalon le plus rapidement possible. Depuis Azrou, dernière étape où la proximité relative d’une autoroute nous permettait de rentrer rapidement, nous avons effectué notre retour en deux jours et demi et nous voilà maintenant, à pied d’œuvre, pour assumer nôtre rôle…

Ce voyage a été interrompu, seulement interrompu, bien que pour une durée indéterminée, car le bref aperçu du Maroc que nous avons eu, nous a suffi pour nous convaincre d’y retourner toujours avec notre voiture, et de terminer, voire compléter le circuit que nous avions concocté. Nous aurons alors, j’espère, tout le loisir de faire des nouvelles connaissances, d’admirer de beaux paysages, des villages cachés, de renouer avec nos amis d’Agadir à qui, et j’en suis désolé, nous avons dû faire faux bond, et, peut-être, de partager des moments de ce voyage avec d’autres qui nous y rejoindront…

Nous vous préviendrons, bien sûr, de la reprise du blog, qui lui aussi s’interrompt de manière intempestive et qui reprendra en de meilleures circonstances…

Et pour terminer, quelques ultimes photos… Et une note heureuse, aux dernières nouvelles, l'état de ma vieille maman s'est stabilisé!
Cultures intensives  près de Ifrane (oignons)
Région d'Azrou

05 octobre 2018

Fès et le Djbel Tazzeka

Fès
Fès
Fès
Parc du D'bel Tazzeka
   Ce matin, nous avons quitté Fès, une très belle ville dans laquelle nous avons passé deux journées intenses. Une médina immense, où on peut errer à loisir si on en a le temps. Les médinas sont des quartiers anciens où rues et ruelles s’entremêlent, étroites, tortueuses, sombres, inextricables.

 Des passages couverts, des portes, des cours qui soudain se ferment, ou au contraire s’ouvrent sur un souk, plus rarement sur un ilot de verdure perdu, comme égaré dans ce glacis de murs, de venelles et d’impasses. Bref, les médinas sont la hantise des gens pressés, de ceux qui ont peur de s’égarer, de faire demi-tour, de chercher leur chemin. A Fès, nous nous sommes passés de guide, nous nous sommes égarés, puis retrouvés et avons visité, finalement, ou vu, tout ce que nous voulions. Une medersa, école coranique, un superbe fondouk, sorte de caravansérail réhabilité en musée du bois et bien sûr une des célèbres tanneries. Nous avons choisi la plus petite, peut-être moins touristique, mais sans doute plus authentique, et là, nous n’avons pas pu échapper aux démarcheurs. Monter sur les terrasses en passant par les magasins, bien sûr… Il le fallait, et nous n’aurions pas trouvé seuls. Donc pas de regret, d’autant plus que nous nous sommes achetés de superbes babouches, faites main, les miennes en peau de dromadaire ! Un peu chères, les babouches, mais le soutien de l’artisanat berbère n’a pas de prix !

 Donc l’Adidas berbère va me permettre de courir par monts et par vaux, garantie kilométrage illimité m’a assuré le vendeur. Je n’en demandais pas tant ! Et puis il y a les murailles, les palais impériaux, de grandes avenues plantées d'arbres majestueux et de beaux jardins ombragés, et évidemment, les rues touristiques bondées de monde et de vendeurs de tout ce qui se fabrique au Maroc, et ailleurs ! Comme partout, ce qui n’est pas cher, vient du lointain est…

D’ailleurs, nous n’avons pas échappé non plus aux cars de chinois… Le Maroc s’ouvre, la manne européenne ne suffit plus aux appétits aiguisés des jeunes générations, alors vive les chinois ! Pour l’instant ils se cantonnent aux grandes villes et aux sites bien répertoriés. 
Quand nous avons quitté Fès la grande, par de petites routes, nous avons aussi abandonné le monde.

Des heures de conduite en ne croisant que quelques pick-up locaux… Des heures de conduite sans avancer beaucoup, car ces petites routes sont lentes, très lentes. Magnifiques, elles sinuent de col en col, parmi les forêts de cèdres, de chênes verts et de chênes liège. La traversée du Jbel Tazzeka, qui est aussi un parc naturel nous a enchantés.

 L’eau des oueds emplit des fonds de vallées fermées par des barrages et de beaux lacs bleus se reflètent dans le ciel… Ou peut-être est-ce l’inverse, je ne sais plus bien !  

C’aurait vraiment pu être une journée magnifique, une vraie journée de voyage… Mais  d’inquiétantes nouvelles de France nous sont parvenues : Ma maman va mal… On ne sait pas encore vraiment à quel point. Bien sûr, nous savions qu’il y avait un risque, nous étions sur un fil. Le fil se tend un peu plus… Pour l’instant le voyage continue…

02 octobre 2018

Nos premières visites

Volubilis

     Déjà une semaine que nous sommes partis ! Le temps passe très vite, et pourtant le Maroc est un pays où nous prenons notre temps. Nous avons passé trois nuits à Meknès, au cœur de la médina, dans un entrelacs de ruelles, où la peur de s’égarer tient finalement plus du fantasme que de la réalité. 
fronton de porte sculpté

Ruelle de la médina
Quelques points de repères, une placette, un jardin, une fontaine dont l’eau ne coule plus depuis longtemps, et le tour est joué. Les fontaines ne coulent plus depuis que les français, sous le protectorat ont installé l’eau courante dans les maisons… Du coup les fontaines n’avaient plus lieu d’être ! Nous logions en famille, une vraie famille, pas des chambres d’hôtes… et en avons retiré une impression mitigée. Un accueil certes plutôt sympathique, mais un échange très limité. Ce n’est pas ce qu’ils recherchent en nous accueillant, mais plutôt un complément de revenu. Car ce sont des gens très, très modestes. Leur Riad, il n’est pas à eux, ils le louent, il n’est pas retapé par des français ou des espagnols, pour des touristes, il est délabré, vétuste,  partagé entre plusieurs occupants… Le rez-de-chaussée comporte un petit patio à ciel ouvert qui sert de salon et qu’il faut bâcher de plastique quand s’annonce l’orage. Notre chambre, c’est celle du couple. L’homme est parti ailleurs le temps de notre séjour, la femme dort sur un divan.
devant chez elle

notre hôtesse dans sa cuisine
  La salle de bain, il y en a une, est commune aux deux familles de ce niveau. Il y règne une promiscuité de voisinage qui ne nous a pas permis de comprendre qui était qui. Un voisin ? De la famille ? Une sœur, un neveu? Bref, ce n’est pas un lieu de villégiature d’un grand confort, pas très enrichissant sur le plan de l’échange culturel mais une vue sur les conditions de vie des marocains modestes ! 





   De là, nous avons visité un très beau site romain, qui porte un bien joli nom, Volubilis. 


De superbes mosaïques, bien conservées, pavent les tricliniums des riads de l’époque. On a escaladé la colline de la ville sainte de Moulay Idriss, où il n’y a pas grand-chose à voir, les trésors architecturaux des mosquées et mausolées étant interdits aux non- musulmans. 
 Et puis, bien sûr on a visité aussi Meknès, ville ceinte de remparts, avec une cité impériale dans laquelle on marche interminablement le long de hauts murs crénelés avant de visiter d’immenses et impressionnants greniers et des écuries qui devaient l’être encore plus avant de s’écrouler ! 
Porte Bâb el Mansour

place  El Hédi
Douze mille chevaux, parait-il y tenaient dedans ! Les carrosses des mille et une nuits emportés dans une majestueuse cavalcade. On revient vers la médina par la grande porte qui donne sur la place El Hedim, une place animée, le cœur de la ville. D’une terrasse, en sirotant un délicieux jus d’orange, on observe le manège de tous ces vendeurs de vent, bonimenteurs en tout genre. Dresseurs de chevaux, de singes, de serpents,  s’affrontent à la flûte, au tambour et surtout à la sono reine du décibel. Sur les terrasses on sirote longuement du café, du thé à la menthe ou des jus de fruits pressés. Une pastilla dans un petit restau, nommé, on ne l’invente pas, les mille et une nuits et tout va bien. On peut rentrer dans notre résidence « cour des miracles » où R’kia, notre hôtesse, nous a mijoté un couscous poulet.


la médersa de Meknès
Meknès
On a définitivement abandonné le régime poulet-frites de nos débuts, trop répétitif à notre goût, pour décliner le poulet avec d’autres accompagnements : Poulet- tajine, poulet- pastilla, poulet- couscous, poulet-brochettes, poulet tout court… Peut-être bientôt aurons-nous un peu d’agneau ?

Nous avons renoué aussi avec le confort d’internet… grâce à une puce marocaine. C’est pas cher et ça marche bien. Ici, Orange ne se consomme que pressée dans un grand verre, pour le réseau, à éviter ! Waze nous a guidé jusqu’à notre hôtel de Fez, réservé hier par téléphone ! Une vaste et  belle chambre, malheureusement libre qu’une seule nuit. Demain il nous faudra déménager ailleurs pour terminer la visite de cette superbe  grande ville. L’aperçu d’aujourd’hui nous a beaucoup plu. 
Riad de la colombe blanche à Moulay Idriss

Bribes...

...L'acrobate
         La place El-Hedim, à Meknès est parait-il une miniature de la bien plus célèbre place Jemaa-el-Fna à Marrakech. Mais il y a là aussi, toute une foule d’amuseurs, montreurs de singes, dresseurs de serpents, diseuses de bonne aventure, vendeurs de tout et de rien à consommer sur place. Un « acrobate » s’installe… Il vérifie son emplacement, minutieusement, commence par brancher une sono nasillarde, mais puissante et monte un piédestal branlant perché sur quatre tubes à la solidité douteuse…  Le chaland est rare, capté par de multiples autres causes. Alors il commence son numéro… de bateleur. Il parle à son sac, le cajole, fait mine de l’ouvrir mais se ravise, crie des injonctions, psalmodie des incantations, chuchote des imprécations. Il s’avance se recule, pose son micro et remet de la musique, puis revient à son sac. Un gamin, attiré par son manège s’arrête et attend, puis un autre et un autre encore. Quelques passants se demandent ce qu’attendent les enfants et s’arrêtent à leur tour. L’homme continue à parler, tourne autour du sac, fait reculer les spectateurs trop proches, comme si un terrible danger pouvait en surgir brusquement. Que peut bien contenir ce sac ? Tout le monde se le demande, quel animal va en bondir et se percher sur le piédestal ? L’homme parle et parle encore, le cercle autour de lui, grandit, s’épaissit. Il fait applaudir à l’avance ce qu’il va faire. Grandiose, il ôte son maillot, apparait en débardeur et effectue fièrement quelques roues et un saut de mains. Torse gonflé il fait le tour de la piste, se fait applaudir à nouveau et recommence son discours. Il a abandonné son sac… Mais se dirige vers lui, l’ouvre et en sort une vieille chaussure et un maillot déchiré. Les gens rient de leur bévue, ils se sont fait attraper par le boniment qui continue inlassablement. L’acrobate justifie son appellation par quelques équilibres précaires sur son perchoir, deux ou trois tours circassiens et harangue à nouveau ses spectateurs. Il demande des sous pour continuer, il en obtient un peu et fait maintenant entrer deux jeunes gens sur la piste… Son numéro va continuer. Sans nous, car, perchés confortablement sur une terrasse qui domine la place, nous avons bien compris qu’il ne va rien se passer, rien sinon, cet incomparable boniment qui réussit à ravir la foule juste avec des mots. Des mots qui ne nous touchent guère, nous n’y comprenons rien. Mais le spectacle était là, sur la place, un acrobate virtuose, virtuose de la langue !