Excursion au Nazinga… et péripéties !
Hé, oui ! Nous terminons le
récit de ce voyage depuis chez nous, rentrés hier soir… La France est froide et
grise, trop propre, trop confortable, trop prévisible. Le soleil et la
poussière vont certainement nous manquer,
mais plus encore le côté aléatoire du voyage, ce temps qui se suspend
pour une durée indéterminée et qui reprend, lentement…
Mais que je vous raconte nos
derniers jours là- bas, ils ont été riches en émotion, en péripéties…
Donc, jeudi, on part pour Tiébélé
et le Nazinga, deux destinations bukinabées
encore inconnues de nous. Nous
les avions jusqu’alors écartées parce que trop touristiques, donc coûteuses,
mais bon, on ne peut toujours suivre les chemins à l’écart !
Le véhicule loué par l’entremise
de Bounty nous attend à 7 heures devant la maison. Un gros Toyota, fièrement campé sur des pneus
usés jusqu’à la corde avec un jeune chauffeur ghanéen, qui a été, paraît-il, recommandé
au loueur, son chauffeur habituel n’étant pas disponible. Mais il n’y a, même
pas un problème, suivant l’expression consacrée ici, il parle anglais, et nous,
n’est- ce- pas, on se débrouille en
anglais !
On part, le chauffeur ne connaît
pas la ville, ne connaît pas gauche-droite en français, et je lui apprends left-right
en anglais par signes. En fait il ne parle que l’ashanti, sa langue guinéenne,
avec une dizaine de mots français ou anglais. Et vous, vous connaissez
l’ashanti ? Quelqu’un qui parle ashanti ? Non, n’est ce pas, et même
là-bas, c’est une langue peu usitée ! Jean-Paul qui se débrouille dans pas
mal d’idiomes locaux reste coi ! La communication va être difficile et
limitée…
Première panne |
Encore une vingtaine de
km, refumée !
Deuxième panne |
Le chauffeur ne veut
pas s’arrêter, on est dans une zone réputée dangereuse à cause des coupeurs de
route. On continue jusqu’à un poste de
police, c’est solide les Toy, et on attend un peu, on remet de l’eau… On arrive
au ralenti à Pô, petite ville carrefour pour Tiébélé. On s’arrête, le chauffeur
entreprend de vidanger le circuit de refroidissement. On attend patiemment… Dommage, il n’y a pas
d’ombre. Enfin, tant pis !
Tiébélé : C’est un village
typique gourounsi,
bien conservé, et un des plus touristiques du pays. Il était
réputé pour sa nuée de guides,
faux-guides, ex- guides et solliciteurs en tout genre qui assaillaient les
voyageurs à leur arrivée et dont il était impossible de se défaire sans verser
dîme sur dîme ! Il n’y a plus guère de voyageurs, tout ce petit monde a dû
se reconvertir, nous nous acquittons seulement des taxes d’entrée et du prix du
guide local, Jean-Paul veille au grain aussi. Le guide nous explique la
« cosmogonie » gourounsi, village animiste, des traditions et
coutumes qui soi-disant perdurent, et l’on visite les cases au système élaboré
de « coupe-tête » anti-visiteur ! Elles sont savamment et
joliment décorées, c’est effectivement un des plus beaux villages typiques du
pays !
Il aurait pu faire partie des
sites du patrimoine de l’humanité de l’Unesco, mais la récente électrification,
que les fils du roi n’ont pas su refuser,
a fait capoter le dossier !
En route pour le parc de
Nazinga ! Apparemment la voiture ne chauffe plus, il faut dire que hors
goudron notre valeureux ghanéen roule très lentement. Une cinquantaine de km,
d’une piste peu roulante nous emmène au ranch du Nazinga. On a mis 3 heures
pour les parcourir, et avec le retard accumulé dans la journée, il est bien
trop tard pour effectuer le circuit du soir… On verra les animaux demain matin…
Le ranch du Nazinga est une
structure touristique, implantée dans une réserve d’animaux en pleine brousse
sauvage. La réserve semble être une délégation de pouvoir public à une
entreprise privée, nos questions sur son statut ont reçu des réponses floues,
contradictoires… En fait, personne ne sait !
Au petit matin, en route !
On embarque un pisteur et l’on emprunte des pistes de brousse, le soleil se
lève, c’est magnifique… On voit plein d’animaux, des antilopes aux noms variés,
des oiseaux rutilants aux couleurs flashies, des phacochères se dissimulant
dans les hautes herbes, des babouins très occupés à leurs tâches domestiques,
mais les éléphants se font attendre…
On tourne et retourne, on croise une autre
voiture, eux n’ont plus n’ont pas encore vu d’éléphants. On insiste et
chouette ! Au bord de la rivière, du côté opposé à nous, une petite harde
se bouscule.
On descend du véhicule pour
mieux voir, on se place pour prendre les photos, quand un grand barrissement
nous fait sursauter. Deux jeunes éléphants n’avaient pas suivi le troupeau et
foncent le rejoindre ! Ils sont effrayés, nous préférons nous écarter et
les laisser passer !
Cette fois nous aurons des
souvenirs à montrer ! (Nous avions déjà vu des éléphants à Boromo. Ils
avaient envahi un campement vide et comme ils n’étaient pas chez eux nous
avions pu les approcher de très près. Malheureusement le vol de notre appareil
photo nous avait empêché de faire
partager ensuite ce moment magique !)
On repart du Nazinga. Comme on
doit aller à Bobo Dioulasso récupérer Bounty, Jean-Paul nous a concocté une
sortie de l’autre côté du parc… En théorie c’est simple, il suffit de connaître
les pistes ! Dans la pratique, ça a
été plus compliqué, bien sûr !
On s’est enfoncé sur une piste de
chasse qui s’est perdue dans la brousse. Demi- tour, le Toy peine dans les
hautes herbes, une autre piste, d’autres pistes, quelques heures plus tard,
enfin, quelques traces d’habitations, on trouve quelqu’un qui nous renseigne
vaguement. Oui, la route, enfin, la piste elle est par là… On avance. Une moto
vient à notre rencontre, c’est Timothée, un des pisteurs du Nazinga, un
« ami » de Jean-Paul. Il nous dit que l’on se trompe, nous fait faire
demi-tour, nous raccompagne à un carrefour une dizaine de km plus loin et nous
fait prendre une piste que l’on avait jusqu’alors évitée, elle ne partait pas
dans la bonne direction. Mais c’est la bonne, sûr, sûr, d’ailleurs, plus loin,
on doit rencontrer des clients à lui, qui sont en panne, alors si on peut
leur dire qu’ils attendent… Le
« Timothée » nous utilise pour faire ses commissions ! La piste
est longue, longue et difficile. Une moto peut passer, mais le Toy est
large ! Notre chauffeur s’en sort quand même, lentement, très lentement.
Jean-Paul essaie de lui demander d’accélérer, on ne voudrait pas être pris par
la nuit. On sort enfin, on trouve les clients en panne, on leur dit d’attendre,
là-dessus, les motos arrivent ! Bien plus rapides que nous ! On
repart… Pas loin !
Deux kilomètres et craaaac !
Un grand bruit, la voiture s’affaisse sur sa droite… Rotule de suspension
cassée, bras de direction tordus…
Je diagnostique l’irréparable à court terme.
Mais le chauffeur n’est pas de cet avis. Il tente l’impossible, démonte la
roue. Avertis par téléphone, ouf, ici, il passe, les motos du Nazinga, viennent
à notre rescousse. On nous emmène au village proche, pour attendre… Le
chauffeur trouve un soudeur, un meccano avec quelques outils, repart… Nous on
attend, à l’ombre d’un grand néré. L’après-midi s’éternise…
Il faut prendre une décision ! On
appelle Jean-Paul, on lui demande de venir nous rejoindre, que l’on va partir
pour Léo, la ville la plus proche, en moto et abandonner là la voiture. La fin
du voyage sera écourtée, se fera en bus, on abandonne Bobo et Bounty, tout le
monde se retrouvera à Ouaga le samedi. On rejoint donc Léo, de nuit, en moto,
on y dort après une douche plus que nécessaire dans une auberge bien propre et
le lendemain matin un car nous ramène à Ouaga. Bounty, désolé de nos
mésaventures et s’en sentant un peu coupable, nous y rejoint dans l’après-midi.
Quelques heures à épiloguer sur les voitures, les loueurs, le chauffeur
ashanti, les mœurs commerciales burkinabées et notre avion nous attend. Air
Algérie nous ramène en heure et temps voulus, avec nos bagages jusqu’à Lyon.
Mais si ! Mais si !