Une tranche de
vie ! La dame des motos-taxis.
Nous l’avons rencontrée dans le
bus qui nous menait à Cinkassé et lui avons demandé si elle connaissait un
hôtel dans ce charmant village. Elle nous en a recommandé un et s’est chargée
pour nous, non seulement de l’indiquer aux moto-taxis qui devaient nous y
emmener, mais également de négocier leur prix !
Elle veut obtenir pour nous le
même prix qu’elle aurait obtenu pour elle. Les taximen s’obstinent dans leur
refus, discutent, se font menacer par d’autres s’ils font mine d’accepter. Elle
les renvoie tous, d’autres viennent ou reviennent. Elle crie, menace, propose, ils
s’insurgent, font mine de partir, reviennent. Une dizaine de jeunes
l’entourent, tournent autour… Magnifique, elle ne se laisse pas démonter et
continue à négocier et à leur dire ses vérités. Dans son beau boubou, elle me
fait penser à un matador au milieu de l’arène, qui par la magie des mots et des
gestes règle une sorte de ballet rituel autour d’elle… Finalement elle transige
à un prix un peu plus haut que prévu. Ce
sera 300/300, ils voulaient 1000 par moto !
Nous la remercions
chaleureusement, elle sourit, déplore que l’Afrique ce soit « ça » et
s’en va dignement…
Je me suis demandé, si en France,
une telle scène serait possible… Une personne seule, en face d’une dizaine de
jeunes tentés par la perspective d’un gain, avec des meneurs qui leur dictent leurs
lois ? Il y a eu des cris, des paroles fortes, peut-être quelques termes
injurieux, mais aucun geste de menace, aucune intimidation, aucun signe de
violence. Nous, nous avons peur de nos jeunes, ici, le contrôle sociétal reste
si puissant, la peine d’être exclu de sa famille, de son clan si intolérable,
que le jeune reste à sa place, inféodé à son aîné…
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