12 octobre 2022

Québec- Fin du voyage

    Nous avons ramené du voyage un souvenir encombrant : Chacun un petit Covid, bien enveloppé, bien développé aussi. Les tests passés dès notre retour, n’ont laissé aucun doute ! Jusqu’alors nous l’avions laissé planer, sans vouloir vraiment étayer nos soupçons, de peur de devoir nous offrir une quarantaine à Québec ! Alors ? Où ? Où, dans ce Québec si vaste, où la distanciation est naturelle, voire de rigueur, avons-nous pu attraper ce minuscule virus ? Peut-être est-ce un béluga ou un rorqual qui nous aurait soufflé au nez avant de sonder ? Mais ils étaient un peu loin… Peu importe, de toute façon nous ne le saurons pas, mais les derniers jours du voyage ont été difficiles. Nous avons quand même effectué nos visites, tenu à peu près notre programme… A grand renfort de paracétamol, qui nous a aidés à réprimer sans pitié, les brutales poussées de fièvre destinées à nous laisser au lit. Pas de lit, mais des balades allégées, en évitant les escaliers qui nous laissaient pantelants avec nos jambes de flanelle.


     Nous avons donc sauté le Parc du Mont Saint Anne et le canyon du même nom. Trop d’efforts à fournir… Et nous nous sommes réfugiés au Musée des Beaux Arts de Québec. Nous aimons bien les musées d’art, Françoise surtout ! Mais là, les efforts ont été surtout de ne pas tourner trop vite les talons. La section contemporaine n’offre aucun intérêt, du moins à nos yeux. Des œuvres conceptuelles dont le concept nous a si bien échappé que l’on peut se demander s’il existe vraiment, aucun esthétisme… Bon, je passe !


    Le dernier jour, celui du départ, nous avons passé un peu de temps dans le vieux Québec, qui reste une très jolie et très agréable ville. Il faisait beau, les arbres avaient encore gardé leur parure aux couleurs d’automne, alors qu’ailleurs dans Charlevoix elle commençait à brunir un peu. Le cœur de la vieille ville est petit, nous avons pu le parcourir et le redécouvrir avec plaisir et sans nous épuiser. Nous avions choisi un coûteux parking très proche du centre pour nous économiser. Le château Frontenac perché au dessus du St Laurent reste un impressionnant monument et la promenade en bois, à ses pieds, offre une vue imprenable sur le fleuve. C’était le dernier jour des actions de Grâce, et les rues étaient pleines de familles qui déambulaient tranquillement, faisaient la queue pour s’offrir une glace ou une boisson, où pour entrer dans certains restaurants. Pour l’un d’entre eux au moins, il devait falloir s’armer de patience, car à 11h30 la queue s’étirait déjà au- delà de sa façade !


    Nous avions réservé nos dernières forces pour aller voir la chute Montmorency, très proche de la ville. C’est une haute chute, puissante, que l’on peut apercevoir depuis l’autoroute.  Elle s’est entourée d’un parc national et offre donc des sentiers aménagés et diverses activités plutôt réservées aux gens en forme. Une grande tyrolienne qui passe au-dessus de la cascade m’aurait certainement tenté il n’y a pas si longtemps, mais bon… 

cascade Montmorency

Il faut savoir se montrer raisonnable ! Nous l’avons donc vue depuis les plateformes aménagées et cela nous a bien suffit ! Il fallait ensuite s’attaquer au voyage du retour ! Il a été plutôt éprouvant. Fatigue, poussées de fièvre, courbatures n’aident pas à voyager sereinement… Mais nous avons regagné notre home, sweet home.

    Alors ce voyage, me direz-vous ? Qu’en retenir ?

    Et bien d’abord que le Québec, mais je crois tout le Canada est une magnifique terre de nature. L’espace emplit l’espace. Forêt et eau sont omniprésentes et pour en profiter, pour en profiter vraiment, il faudrait pratiquer des activités au-delà de nos gentilles petites balades. Canotage, kayak, randonnées, pêche, pourquoi pas. Sinon, cette belle nature ne change pas et ne renouvelle pas ses paysages, sans quelque chose à y faire, on finirait par s’en lasser, à moins d’être un invétéré contemplatif !

    Le Nouveau Brunswick, qui mêle habilement paysage de forêts et d’eau douce à celui de l’océan offre davantage de variété, mais moins d’immensité… Ses côtes, variées, nous ont beaucoup plu.


     Enfin, un aspect sur lequel je n’aime pas trop m’étendre, mais le Canada est un pays cher, très cher. L’hébergement, la restauration, la nourriture, les visites, tout y est bien plus cher qu’en France et tout y est payant. Il n’y a guère que l’essence qui soit légèrement moins coûteuse qu’ici, mais c’est largement compensé par l’appétit des voitures locales. La baisse de l’euro face au dollar ne nous a pas servi, il est vrai !

Dans le Charlevoix vue sur le Saint Laurent

     Nous avons apprécié ce voyage, sublimé par les couleurs magnifiques de l’automne, nous avons aimé les gens, mais ça, nous le savions déjà ! Les Québécois sont accueillants, aimables et ont gardé une simplicité dans leur relation à autrui qui paraît tellement naturelle… Chez nous c’est un luxe rare. Une petite anecdote : Je vais payer mon essence à la caisse. La jeune pompiste m’indique une somme qui ne correspond pas à celle de la pompe. Elle regarde mieux, et me dit en s’esclaffant : « Je m’excuse, je me suis trompée de papy ! »


     Tout le monde sait bien qu’un papy peut en cacher un autre ! J’ai bien aimé cette fraîcheur, cette proximité familière. J’aurais pu être son grand-père et elle me traitait comme tel, gentiment, sans se poser de questions ni y mettre beaucoup de forme. Chez nous  une telle phrase serait condamnée, soulèverait des questions, ici, non, elle est simplement naturelle !


     Alors, quand j’aurai assez rajeuni pour canoter sur les rapides des Laurentides, faire du paddle sur les lacs , m’initier au lancer au saumon, et que le cours de l’euro aura regagné au moins … 30% par rapport au dollar, peut-être bien que j’y retournerai !

musée de la marine à Saint Joseph de la Rive

musée de la marine à Saint Joseph de la Rive

arrivée sur Québec ville

 

 

07 octobre 2022

Val Jalbert- Saguenay- Tadoussac

 

Nous sommes dans un très joli petit gîte à Tadoussac, au milieu des bois, avec une connexion limitée au strict minimum, c'est-à-dire rien ! Je profite d’une après-midi repos, pour me lancer dans un des derniers récits de notre voyage. Il partira, quand il partira. Pour demain, et après-demain, nous avons avec beaucoup de difficultés, trouvé un hébergement sur l’île aux Coudres : J’ignore la qualité des communications  dans cet endroit, qui est loin d’être un centre névralgique. C’est le seul endroit qui restait disponible pour le week-end des Actions de Grâce… Le Thanks Giving américain, mais un peu en avance ! Mais que je vous raconte nos derniers jours…



D’abord, je voudrais légèrement corriger mon opinion négative du lac St Jean. Le jour de notre départ, nous avons visité le village du Val Jalbert.


Encore un village musée, qui retrace l’histoire du travail du bois, de la pâte à papier et du haut de ses magnifiques chutes, offre un panorama impressionnant et magnifique sur le lac ! Oui, nous l’avons vu ! De haut et il est immense et bleu… Comme une mer. Le village par lui-même est très intéressant, mais les animations s’étaient déjà repliées en mode hivernal. Les comédiens chargés de faire le boniment dans les maisons bavardaient entre eux et ignoraient bien les quelques touristes qui flânaient de ci-de là.



Ensuite, le Saguenay. C’est un fjord, qui débouche dans le Saint Laurent. Un joli fjord, moins impressionnant que ceux de Norvège, mais dont les flancs boisés s’arrondissent doucement avant de plonger vers l’eau profonde. Nous avons accédé à quelques points de vue en entrant dans le parc national du Saguenay. Aujourd’hui, nous avons parcouru l’autre rive, avec le village de Ste Rose du Nord ( Je ne sais pas s’il existe une Sainte Rose pour chaque point cardinal !).

Une très belle route, des aperçus sur le fjord, un peu plus fréquents que sur l’autre rive et un joli village dans une anse au bord de l’eau. Pressés par un réservoir vide, nous avons du remonter faire le plein à Saguenay à une cinquantaine de km… J’avais mal compris les explications de notre loueur !








Enfin Tadoussac… On m’avait beaucoup parlé de Tadoussac, un lieu emblématique pour voir les baleines, un centre touristique. J’imaginais bêtement une petite ville, avec des ressources commerciales… Et bien non, on ne risque pas de se perdre à Tadoussac, il y a la rue des Pionniers, où l’on habite, et quelques impasses. Des magasins de souvenirs, quelques auberges, et l’Épicerie. Centre névralgique de la minuscule cité, on y trouve le nécessaire et un peu plus, à condition de ne pas compter ses piastres ! La vie est chère le long du Saguenay ! Sauf notre petit gîte proposé, à un prix très raisonnable et bien équipé, pour faire nous-même notre popote.

Et les baleines, alors ? Nous avons bien sûr sacrifié à l’immanquable croisière. Nous avons choisi pour des raisons de confort le bateau, et non pas le zodiac. Pour ceux qui se proposeraient de venir faire la même chose, je crois que c’est le bon choix. Comme on ne peut plus approcher les cétacés de près, on les voit mieux depuis les ponts supérieurs du bateau, qu’enfoncé dans un zodiac. Et nous en avons vu beaucoup: Des petits rorquals ( 8 tonnes) et des bélugas tout blanc, eux, étant  les hôtes résidentiels de l’estuaire du fjord. Les grosses baleines sont parties, remontées au Nord, et je crois, qu’elles sont, comme les orignaux dissimulées aux touristes ordinaires. Mais la balade était très sympa, les commentaires enthousiastes aussi. Au retour, le proprio nous a emmenés par des petits sentiers nous balader, jusqu’à pointe rouge, d’où nous avons vu, d’un peu loin il est vrai, des rorquals et des bélugas ! Il nous a refait l’histoire ancienne et récente du Québec et bien fait ressentir la dissension encore profonde qui existe entre les « anglais »  et les vrais québécois. Un très bon moment d’échange.

Nous en sommes revenus un peu transis, le temps s’était prolongé…Aujourd’hui, je tousse et ai mal à la gorge : Je vais faire fondre la réserve de paracétamol !




    Nous avons aussi assisté tout au long du trajet aux rassemblements des oies sauvages à l'occasion de pauses pendant leur long voyage vers le sud. En voici quelques photos:










03 octobre 2022

Mauricie et St Jean

 

 

Les parcs nationaux se suivent et se ressemblent…presque ! Après celui du Mont Tremblant, magnifique, nous avons enchaîné avec celui de la Mauricie. Comme le premier, c’est une foule de lacs et de rivières, cachée au milieu d’un océan de forêt. Au niveau du paysage, vous me direz, pas beaucoup de différence et c’est très vrai ! Quelques ondulations de plus, peut-être et il manque La Diable, qui donne un sacré caractère au premier.


 Mais, mais, nous avions grand soleil et quelques jours de plus dans l’automne naissant ont ajouté leurs touches aux couleurs déjà si belles. Nous avons marché dans un tableau de Monet !

Pour nous rendre à Shawinigan, notre base en Mauricie, nous avons emprunté, avec le vague désir de ne pas les rendre, de toutes petites routes, en tout cas les plus petites possible dans ce pays où tout est démesurément grand. Certaines longeaient les parcs, et s’étaient donc libérées de la servitude disgracieuse des fils électriques et offraient de belles vues sur les rivières que l’on suivait. Nous nous sommes arrêtés à St Alexis des Monts. Cela ne vous dit rien ?

 

Vous ne connaissez pas St Alexis des Monts ? Vraiment ? C’est normal, personne ne connait St Alexis des Monts, sauf les rares élus, courageux de surcroît, qui ont eu la chance, ou la persévérance de lire mon livre jusqu’au bout.

Pour ceux qui l’ignorait, oui, j’ai écrit un livre que j’essaie de publier, sans succès … Mais c’est une autre histoire. Dans ce récit, j’avais imaginé ce village, simplement repéré sur la carte, comme un coin perdu au bout du monde, au bout de la route. Il m’a déçu ! C’est un joli bourg, plus peuplé que je ne le pensais, et pas si perdu que ça puisqu’il compte plusieurs pourvoiries de classe ! Les pourvoiries sont des hébergements qui offrent des possibilités de chasse et de pêche aux amateurs assez fortunés pour se les offrir ! Il va me falloir modifier certains passages !

On a quitté Shawinigan par la grande route toute droite qui monte au lac St Jean. Petit arrêt à La Tuque, ville de naissance du chanteur Félix Leclerc, conseillé par la gentille libraire de Shawinigan, pour visiter rapidement le parc des chutes de la petite rivière Bostonnais.


    
    La ville vivait des industries liées aux barrages hydroélectriques qui parsèment la région, et avant, du commerce des peaux et fourrures…



On arrive au lac St Jean,

 tout auréolé des discours des uns et des autres. On l’aperçoit, immense, quand on arrive du haut de Chambord. On l’aperçoit ensuite, par moment, grâce à la voie de chemin de fer qui le longe et le protège des constructions. Ensuite, plus de lac… Disparu. Le lendemain, après avoir visité le zoo de St Félicien, une belle attraction dont je vous reparlerai plus tard, on a décidé de faire le tour du lac. De sources multiples et différentes, c’était une des choses à faire dans la région. Nous l’avons faite… Plus de 200 kilomètres, sans voir le lac ! Nous avons essayé ! Nous avons quitté la route, avons tenté des chemins, des pistes, en vain.


    Une fois, nous sommes arrivés tout au bout d’une pointe, la pointe Racine, vers Dolbeau-Mistassini… Jusqu’au bout, un mur infranchissable de propriétés empêchait toute vue sur la rivière ou le lac… Avons repris la route, la plus grande, et avons retrouvé un peu le lac, au même endroit que la veille, derrière la ligne de chemin de fer. Si vous venez dans la région, n’écoutez pas le conseil de faire le tour du lac ! Vous ne le verrez pas ! Ce n’est pas un conseil d’ami, mais au contraire celui de gens déçus qui veulent faire partager leur déception… ou qui n’osent pas dire qu’ils sont déçus ! Ça existe !

Bon, le zoo de St Félicien, le zoo sauvage de St Félicien. Une merveille de zoo ! Relativement peu d’espèces, boréales, uniquement, mais de la zone boréale mondiale. Le Canada est bien représenté, bien sûr, mais aussi l’Asie avec un tigre de l’Amour, des yacks… et le Japon avec des macaques ! C’est l’espace qui est déterminant, et les investissements qui vont avec. Les enclos sont tellement vastes, qu’ils donnent une impression de liberté. Presque. En tout cas aux humains qui cherchent à voir les animaux. Eux, longent les bords et creusent des sentiers de ronde… En particulier le fameux tigre, mais aussi les lynx. Les grands prédateurs sont toujours plus avides d’espace et de liberté. Une zone, la plus vaste, se visite dans un petit train. Les animaux y sont en semi-liberté dans un espace qui est proche du naturel.

 Ours, cervidés, loups … presque à les toucher ! Ce zoo, reste un zoo, mais en est l’ultime aboutissement, ou tout est mis en œuvre à la fois pour la sauvegarde et le confort des animaux, mais aussi, pour le plaisir des visiteurs, car il offre une foule de services, d’informations, de distractions pour enfants dont feraient bien de s’inspirer nombre d’autres zoos du monde entier. Mais il faut un espace tel, qu’il serait impossible en France, par exemple, de proposer un tel endroit.

Demain, après avoir visité le village de Val Jalbert, un must paraît-il, nous descendons le Saguenay et nous dirigeons sur Tadoussac. On vous dira la prochaine fois, si les baleines étaient au rendez-vous que nous leur avions fixé…