06 mars 2022

Lanzarote







 



    A l’initiative de notre amie Joe, qui y a un neveu, nous sommes allés passer une semaine à Lanzarote, dans les Canaries. Une petite escapade, avec chacun un petit-fils pour nous tenir compagnie ! Ce sont les vacances scolaires, il y a beaucoup de monde dans les aéroports, les avions sont pleins de gens qui, comme nous, cherchent à s’évader un peu, à s’évader enfin.

 

    La petite île est surprenante par son paysage : Nous cherchions à fuir le gris, nous arrivons dans le noir ! Les éruptions ont laissé des traces indélébiles, striant la majeure partie de l’île de coulées de lave, figées dans un hérissement anthracite. Rien n’y pousse, rien n’y vit, c’est un désert minéral, hostile. Il y a peu d’oiseaux, presque pas de verdure, un monde de silence et de noirceur. Et puis, on ouvre un peu plus les yeux et alors se dessine le travail de l’homme, un labeur obstiné, opiniâtre pour arracher à cet environnement ingrat de quoi vivre. Entre les stries de lave, le sol, la terre est là, fertile si l’on en prend soin. Les parcelles cultivées sont noires elles aussi, parce qu’on les recouvre de  « picon », un sable grossier fait de minéraux volcaniques concassés. Soigneusement ratissée, cette couche rapportée emmagasine la chaleur de la journée et surtout l’humidité de la nuit. Car l’île est sèche, terriblement aride. Aucun cours d’eau ne l’irrigue, aussi petit soit-il. La seule eau dont elle dispose lui tombe du ciel, parcimonieusement, et depuis peu provient de l’océan grâce à des installations de désalinisation.

 

    On y cultive donc des plantes qui se contentent de peu d’eau, légumes et tubercules, mais surtout de la vigne. Elle est emblématique de l’île, son totem, sa gloire ! Chaque cep est délicatement installé dans un « nid », un creux dans le sol, recouvert de « picon » et protégé par un muret souvent en arc de cercle, dressé en pierres de lave. Pratique coûteuse en travail à la main qui orne le  paysage austère de délicats graphismes, ton sur ton. Quant au vin… Les bourguignons que nous sommes n’y ont pas vraiment trouvé leur compte, il faut bien l’avouer ! Mais vacances obligent, nous l’avons quand même plus que goûté !
 
 
     
    Cette île, nous l’avons sillonnée en voiture, d’est en ouest et du nord au sud. Peu d’endroits ont échappé à notre curiosité. Les stations du sud, très peuplées d’anglais, d’allemands et même de français ne nous attiraient pas malgré leurs plages réputées. Il faut dire que le temps n’incitait pas tout à fait aux longues séances de bronzage et de farniente sur la plage, ni à la baignade. L’eau était encore fraîche, en tout cas un peu trop pour nous !

    Les distances n’y sont pas grandes. Quand on demande à Julien, le neveu de Joe, combien de temps il faut pour aller à tel ou tel endroit, la réponse est invariablement la même : «  Oh ! Environ vingt minutes ! » Le « environ » laisse une marge variable, nous sommes quand même au sud, pas très loin de l’Afrique où nous savons bien que les mesures de temps et de distances sont davantage estimatives que réelles, mais cette approximation s’est révélée assez satisfaisante.

 De la villa où nous habitions, à Tinajo, plutôt au Nord Ouest de l’île, nous avons pu rayonner dans toutes les directions, effectuer des boucles et des circuits et visiter à notre guise.

    Le Parc National des volcans, Parque Nacional de Timanfaya  est certainement une des grandes attractions de l’île. Nous avons effectué la visite en bus, il n’y a pas d’autre moyen, un superbe circuit, très bien fait, qui nous balade entre les multiples cratères et cônes volcaniques qui ont émergé lors de la grande éruption de 1836. Les vues sont spectaculaires entre les champs de lave aux roches hérissées formant un chaos inextricable, les cratères béants, bouches géantes qui semblent encore prêtes à déverser leur salive brûlante, et les cônes ébréchés aux parois fardées de rouge.

 

A l’horizon, pas très loin,  l’océan  qui, d’un coup, à figé les ardeurs volcaniques et la lave bouillonnante en ces rocs étranges qui peuplent le littoral de créatures fantomatiques.

Il y a énormément de randonnées à effectuer, des longues et des courtes au milieu de ces paysages. Nous n’en avons fait que deux, courtes, à la portée de nos jambes fatiguées, autour de deux petits volcans de la même zone. On marche sur des chemins tracés et recouverts de « picon » ce petit granulé noir qui entre dans les chaussures et transforme vite la balade en chemin de croix si l’on ne s’arrête pas pour évacuer ces intrus piquants. El Volcàn El Cuervo et la Montana Colorada nous ont donné un bel aperçu des paysages que l’on peut voir pendant ces marches. Je crains qu’ils ne soient ensuite très répétitifs, en tout cas trop pour nous et pour nos ados pas toujours faciles à motiver

    LE personnage célèbre, incontournable de l’île est l’artiste César Manrique. Peintre, architecte, sculpteur, sa grande œuvre reste la promotion de l’île et encore davantage de lui-même.

 Après les volcans, il est le phénomène dont la marque est la plus présente à Lanzarote. Il a le monopole de l’art et de la culture ! Son nom est partout, ses photos aussi, chaque rond-point propose une de ses œuvres, tous les sites artistiques de l’île lui sont dédiés et les institutions qu’il a créées contrôlent culturellement mais aussi en grand partie l’économie de l’île. 

     Ce jour là il pleuvait, nous en avons profité pour visiter son ancienne maison, devenue fondation et musée, intéressante au point de vue architectural car elle utilise des cavités naturelles (bulles d’air emprisonnées dans la lave) mais beaucoup trop à sa gloire. Un musée d’art moderne dans un vieux fort à Arrecife, exposant quelques unes de ses œuvres et d’autres, d’artistes locaux qu’il a promus…  A son actif, il a protégé l’île des promoteurs, des grandes barres d’hôtel, du tourisme intensif, en faisant interdire constructions en hauteur, et en protégeant certaines zones naturelles. Du coup, les villages se sont démesurément étendus couvrant une bonne partie de l’île d’une multitude de petites maisons blanches… Le culte de la personnalité qui continue à l’entourer ainsi que la mainmise de sa fondation sur le fonctionnement politique de l’île nous ont un peu terni les aspects positifs de son action. Dommage. La mégalomanie finit toujours en boomerang.


    Les côtes, sculptées par le volcanisme sont caractéristiques. Noires et se hérissant comme un chat qui fait le gros dos avant de mettre une patte dans l’eau quand les coulées en fusion sont entrées dans l’océan, s’adoucissant en plage de sable blond parfois, de sable noir ailleurs comme pour ne pas trancher dans cet harmonie de gris foncé.

 L’océan se fragmente

en de jolis bassins familiaux, aux belles eaux vertes, dans lesquels jouent les enfants sur la côte est  et se fracasse en beaux rouleaux sur les plages de la côte ouest pour le plus grand plaisir des surfeurs. Nos jeunes se sont essayés avec joie, merci Julien, à cette pratique toute nouvelle pour eux. Ils en ont retiré grand plaisir et moultes courbatures !

    Une belle semaine dans cette étrange contrée. Sans une pratique assidue de la plage ou d’un sport elle ne mérite pas davantage, mais on peut facilement élargir son horizon aux autres îles des Canaries, qui paraît-il, sont plus vertes et plus variées…

   
Quant à nous, notre prochain départ est fixé au 20 avril : Direction Naples et le Vésuve. C’est l’année chaude, l’année volcanique chez nous ! Avec plein de petits-enfants comme accompagnateurs bénévoles, trois pour nous, un pour Joe, ça va vraiment chauffer ! A bientôt…



 













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