Nous voilà de retour dans une
France bouleversée par l’épidémie. Au Sénégal, encore très peu touché, on
suivait les actualités de loin, avec une pointe d’incrédulité, en voyant la
psychose gagner. Mais une fois ici, la réalité nous a rattrapés et nous sommes,
comme tous, plongés dans le tourbillon et,
peut-être, la contagion…
J’espère vraiment que l’épidémie
épargnera l’Afrique car là-bas, elle se propagera encore plus vite et rien ne
pourra l’endiguer. L’état sanitaire du pays laisse à désirer, c’est le moins
que l’on puisse dire, les structures sont insuffisantes, mal équipées, pas du
tout préparées et la population joyeusement indisciplinée.
Nous avons quitté Warang un peu à
reculons … Au cours de ce séjour, nous avons tissé des liens amicaux avec
notre petit groupe improvisé et avec la population locale, avec la famille qui
nous accueillait et avec ce pays chaleureux. Un séjour un peu trop court pour
s’imprégner vraiment, mais qui nous a permis de découvrir une partie de ses points
d’intérêts et de nous frotter à sa culture.
Nous avons eu quelques beaux
moments de convivialité, avec la visite de l’école des Cajoutiers,
la première
structure au Sénégal à proposer des
classes pour les enfants sourds et trisomiques, avec celle du centre de formation pour handicapés de Mbour qui les prépare à des métiers locaux et
enfin un superbe spectacle offert par la
troupe mixte issue de ce centre, danses et percussions. Khadim, notre hôte
organisateur, avant d’être Givrotin, en fut un membre éminent, c’est un
excellent percussionniste, réputé dans le pays.
Un spectacle étonnant, qui
parvient à faire oublier le handicap grâce à la virtuosité des danseurs et à
leur formidable énergie. Je n’imaginais pas que l’on puisse danser avec des
béquilles, ils nous l’ont prouvé !
Et dépouillés de leurs béquilles, ils
nous ont fait au sol des numéros de hip-hop endiablés, sur les genoux, les
épaules, la tête et le dos, entourés par les danseurs valides qui, en transe,
se déchaînaient au rythme effréné des tambours.
Dans les derniers jours nous
avons aussi fait une excursion à l’île aux coquillages. Un curieux petit
village bâti sur une montagne de coquillages accumulés au fil du temps. Très
touristique, très organisé, il se niche au bord d’une lagune aux eaux d’un vert
limpide qui abrite les trois ilots qui le composent. Sur le plus grand, le
village, surtout composé d’une rue où se succèdent les vendeurs d’objets
« artisanaux »,
un autre que nous avons également visité car on y
accède par une passerelle en bois est le cimetière mixte duquel on a une vue
imprenable sur la lagune.
Une sympathique excursion qui
avait été précédée par une petite virée en brousse, parmi les baobabs
majestueux qui commencent tout juste à mettre leurs premières feuilles, et les
villages perdus, d’où sortent comme par magie des nuées d’enfants curieux. Je
ne voudrais pas oublier la découverte inattendue d’une magnifique église
moderne,
à l’architecture élégante et d’une réelle beauté. Sa structure
rappelle celle des coquillages emblématiques du pays et diffuse une belle
lumière intérieure.
Il nous reste assez de choses à
voir et à explorer dans ce pays pour justifier un autre séjour, le grand delta
avec ses forêts et ses mangroves, la Casamance en dessous de la Gambie, et la
vie africaine, trépidante et nonchalante à la fois, avec ses incertitudes, ses
à peu-près, ses failles et ses richesses.
Nous verrons cela, peut-être, plus
tard, je ne sais quand… Quand nous serons sortis du confinement ! Inch
Allah !