06 mai 2022

ITALIA- A nous la Campanie!


Cap au Sud en famille


  
   
 Nous avons décidé de retourner en Campanie, mais cette fois, avec nos petits-enfants, afin de leur faire connaître la ville de Naples et surtout sa région et ses magnifiques sites archéologiques. La période choisie, les vacances scolaires, ne correspondait donc pas à notre choix, mais plutôt à leurs disponibilités. Nous avions déjà beaucoup aimé la région, bien qu’avec des fortunes diverses au point de vue climatique, sa vie foisonnante, la beauté des paysages et des sites romains, la majesté destructrice du Vésuve qui domine la région. Cette fois le printemps éclatait en fragrances de citrons et d’orangers en fleurs, le ciel s’était paré de bleu et la baie de Naples faite belle pour les milliers de touristes qui s’y pressaient.

    De Pompéi, notre base, nous avons, en train ou en excursions avec des agences, exploré la région. Les conditions modernes de voyage imposent, surtout en très haute saison, -nous étions également en période de vacances italiennes-, de programmer, de réserver, d’anticiper, ou d’accepter de payer ! Ce fut le cas, par exemple, pour l’indispensable ascension du Vésuve. Nous avons également utilisé leurs services pour parcourir la côte amalfitaine, une découverte pour nous.

    Initialement prévue avec une voiture louée, la défection du loueur nous a permis finalement de beaucoup mieux profiter du circuit. Circulation difficile sur de petites routes, impossible de s’arrêter, de se garer dans les magnifiques villages de la côte!

     Une dizaine de jours de balades, de visites, de découvertes ou de redécouvertes, nous ont une nouvelle fois enchantés. Décidément la Campanie est et reste une belle région !

Procida. La rue principale


Napoli

    Naples est restée Naples, telle qu’en nos souvenirs. Grouillante de vie, sale et attirante, bruyante et désordonnée, elle recèle des trésors mais ne les offre qu’avec parcimonie. Il faut s’infiltrer en elle, s’y perdre, découvrir les dédales de ruelles du quartier espagnol, ou plonger dans la foule qui déambule sur la via Tribunali, au cœur du Naples historique, pour commencer à l’appréhender. Depuis la gargantuesque Stazione Centrale, il faut affronter le flot incessant de voitures, de scooters, aux klaxons impérieux qui se faufilent, s’arrêtent brusquement, repartent au mépris des lois élémentaires de la circulation. On atteint la « zona pedonale », qui ne l’est que de nom, les ayants droits, les dérogations, exceptions sont aussi nombreuses que la population locale. Les voitures se fraient péniblement un chemin à travers la foule compacte, les scooters louvoient, slaloment leur finalité semblant être de s’arrêter le moins possible et là où eux l’ont décidé !

    Nous ne connaissions pas la Naples souterraine, riche d’une superposition historique rare. Sous l’ensemble conventuel San Lorenzo, on découvre les vestiges d’une ville moyenâgeuse elle-même construite sur une cité romaine, une visite libre très intéressante! Emporté par notre élan, nous avons fait une longue queue pour visiter « l’acquedotto romano » un ensemble souterrain de citernes, aqueducs et, parait-il, un théâtre gréco romain ! 


    Le guide, un napolitain bavard et pressé, nous a emmenés au pas de course, au fil d’un discours dont nous n’avons pas compris un traitre mot, dans le dédale de couloirs, salles et étroits passages. Les nombreux locaux du groupe ont semblé apprécier les explications. Notre connaissance trop sommaire de la langue ne nous a même pas permis de reconnaitre de l’italien dans ce flot de paroles accompagné d’une riche gestuelle. Une caricature de napolitain ! Mais au final une visite décevante !

    Une petite visite au magnifique musée archéologique, nous a permis d’admirer les mosaïques issues des sites romains d’alentours. Elles sont d’une finesse de travail incroyable. Certaines tesselles sont si petites qu’elles devaient certainement être manipulées avec des pinces à épiler ! 




il Vesuvio

    Le vieux fauve à peine assoupi, dresse fièrement sa tête ébréchée au dessus de la plaine napolitaine. Insensible aux milliers de touristes qui escaladent son flanc offert, il les parfume d’un relent de la vapeur soufrée qui s’échappe en volutes de ses multiples narines. Il attend son heure. Elle viendra, quand gonflé de sève, à nouveau explosera le couvercle de roches soigneusement accumulées. Alors les flots de lave couleront, il crachera au ciel toute sa noirceur et ses scories, ensevelira à nouveau une partie du monde à ses pieds et heureux de s’être ébroué, s’assoupira à nouveau pour un instant ou une éternité.

Pour l’instant le monde jeune lève des yeux insouciants sur la montagne qui a déjà beaucoup tué. Le monde n’a rien appris. Il se presse dans les plaines fertiles, déguste en riant le Lacryma Christi que prodigue les vignes de ses flancs, exploite sans vergogne son passé dramatique en accueillant dans un lucratif désordre local les visiteurs avides de se replonger dans la culture romaine.

Le Vésuve attire plus qu’il ne repousse et sous le ciel bleu, du haut de sa crête, la baie de Naples est belle. La ville s’étale à ses pieds, déroule ses quartiers et ses banlieues, englobe Erculano, s’approche de Pompéi, devient immense, toujours grouillante, inconsciente…

Comme tant d’autres, nous l’avons gravi en lente procession et de son dos, d’un côté avons admiré la baie et ses îles, Capri qui s’embrumait, la presqu’île de Sorrente qui s’effiloche et disparait à l’horizon, et de l’autre le cratère endormi, paisible, qui se pare de lichens et d’une maigre végétation.


Pompei


    Pour la troisième fois nous visitons ce site au charme magique. Pour la première fois, nous avons opté pour une visite guidée. Ada, notre guide, nous a montré les récentes découvertes archéologiques. Le site évolue et chaque année se met à jour de nouvelles villas, de nouveaux vestiges. Nous avons ainsi découvert les thermes, un riche ensemble encore enfoui lors de nos précédentes visites et des magasins et tavernes encore enrichies de leurs enseignes, menus, et d’affiches électorales ! Les romains de Pompéi, n’avaient finalement pas une vie si différente de la nôtre, et des préoccupations à peu près semblables. Un de nos petits-fils a fait la remarque qu’il ne leur manquait que le smartphone et internet !

Le charme opère toujours et grâce aux commentaires d’Ada on imagine facilement la vie de l’époque. Les patios et les colonnades des grandes villas s’animent, les rues s’emplissent de romains en toges et en robes, les fresques abimées se rafraichissent et reprennent leurs couleurs, les magnifiques mosaïques, d’un travail prodigieusement fin, se déroulent sous nos sandales… Dans les trattoria, au coin des rues, si étrangement semblables à nos fast- food modernes, on vient manger un en-cas vite fait, se restaurer pendant la pause déjeuner, et parler politique, vie chère et corruption !

On imagine bien aussi, la fin, la catastrophe finale, soudaine, brutale, imprévisible. Des habitants peu inquiets, qui contemplaient le spectacle de l’éruption, se sentant protégés par la distance, et l’explosion, les pluies de cendres et la nuée ardente…  

 

 

Erculano

    Le second site archéologique  le plus connu de la région s’est offert une jeunesse depuis notre première visite. Un musée virtuel très bien fait précède la visite. Il offre de multiples reconstitutions en 3D des villes et bâtiments d’Erculano et de Pompéi. 

 

Certaines sont animées et suffisamment immersives pour que l’on sente revivre ces sites détruits par le volcan. Les étapes de la catastrophe de 79 apr. J-C sont très bien illustrées et permettent de bien comprendre le déroulement de l’éruption.

 Le site est toujours en fouille et de nouveaux bâtiments sont dégagés périodiquement. Nous avons retrouvé, comme à Pompéi, mais mieux conservés grâce à l’enfouissement, les confortables villas à l’atrium décoré de fresques et de mosaïques, les bars, termes et rues pavées aux profondes rainures causées par le passage d’innombrables chars. 

Une deuxième visite enrichie et préparée par la visite du musée et les explications d’Ada notre guide à Pompéi. Du coup, les jeunes et nous-mêmes étions plus en mesure d’apprécier et de comprendre ce que l’on voyait.

 







La côte amalfitaine



    Consacrée une des plus belles côtes d’Italie, d’Europe et pourquoi pas du monde, cette cinquantaine de kilomètres draine un flot impressionnant de visiteurs. Elle offre, comme aux Cinq Terres, des villages colorés qui semblent désespérément s’accrocher aux parois escarpées des montagnes, un littoral découpé riche de végétation, aux criques inaccessibles et aux eaux turquoises.

Mais ici, les villages sont plus gros,  de petites villes pour certains, voués essentiellement au tourisme, les rares terrasses existantes ne sont plus dévolues à la culture. La côte est vraiment très belle, encore sauvage. On la découvre au fil des lacets incessants de la route qui la longe, avec parfois des aperçus vertigineux sur de minuscules plages nichées au fond d’une crique. Prisonniers d’un tour, nous n’avons visité que les principaux villages, Positano, Amalfi, vraiment splendides. Le « duomo » d’Amalfi, avec son cloître caché en son sein, sa basilique magnifiquement décorée, vaut vraiment la visite.

 Nous avons eu un coup de cœur pour la petite ville de Ravello, posée en haut de la falaise, avec ses tours moyenâgeuses, sa place et ses hauts pins maritimes. Plus tranquille, moins escarpée que les précédentes, elle a su, en partie, s’écarter de la mer. Il me faut avouer que nous n’avons pas tenté le long escalier qui descend jusqu’au port…

Ce fut vraiment une belle découverte, j’aimerais y retourner et explorer plus en détail cette trop belle côte. Mais elle est difficile d’accès. Pas de train qui dessert chaque village comme aux Cinq Terres, pas de chemin de randonnée assez facile pour nous… et pas de parking ni d’arrêt possible sur la route pour les voitures ! Le scooter est certainement le meilleur moyen pour la visiter en liberté, mais quand  les « nipoti » auront grandi!

 

Procida

    Dans la baie de Naples, visiter une île fait partie des incontournables. Nous avons jeté notre dévolu sur la petite île de Procida.

 

 Levés tôt, le train nous a amenés à l’heure pour prendre le ferry réservé longtemps à l’avance. En une heure, il nous amène à l’île dont le port nous accueille. C’est un beau village, qui escalade la colline de ses façades colorées.

Les ruelles animées nous amènent dans une crique abritée où nous mangeons près du petit port de pêche. Ensuite nous flânons le long des rues et des quais, avant d’embarquer à nouveau.

Une jolie journée tranquille, dans une île à peine troublée par l’afflux de visiteurs.