02 février 2022

Bribes

 L’Égypte actuelle

    Il est toujours délicat, pour un voyageur, d’émettre un avis sur la façon dont est gouverné un pays. Il faudrait du temps pour le comprendre et avoir beaucoup plus de témoignages que nous n’en avons eu. De fait, si les avis sont partagés sur le président, ils sont unanimes à déplorer la mainmise militaire, non pas sur la sécurité que tous semblent considérer comme acquise, mais sur l’économie du pays. L’Égypte appartient à son armée ! Tous les projets nouveaux, parfois grandioses, sont menés par l’armée, qu’ils soient agricoles, d’infrastructure ou énergétiques. Cela nous paraît incroyable mais c’est vrai. Elle est le premier agent économique du pays et de très loin. Les gigantesques chantiers d’irrigation et de mise en culture du désert, qui parsèment l’infinité sableuse d’inattendues taches vertes, c’est l’armée ; elle a récupéré les projets de l’ancien régime, les a développés après en avoir exclu les paysans titulaires de concessions et les cultive avec des ouvriers soldats.

    Elle crée des routes disproportionnées, pour son usage, elle gère, elle contrôle, tout, sans cesse et avec son alliée la police elles ont une mainmise totale sur la population et tout particulièrement sur celle qui s’occupe du tourisme. Nos chauffeurs devaient sans cesse se justifier, dire qui ils étaient, où ils allaient, d’où ils venaient.

    Même en tant que touriste, il saute vite aux yeux, que l’Égypte est un état militaire, policier, et que l’on y vit sous contrôle, grâce à la justification sécuritaire. Tous les attributs de la mégalomanie dictatoriale sont là : Culte de la personnalité avec des portraits immenses déclinés à l’infini sur des panneaux gigantesques, parades et cérémonies d’inaugurations dignes des plus grands spectacles hollywoodiens, omniprésence médiatique … Un pays de rêve, où les habitants n’arrivent plus à rêver. Depuis dix ans, leur vie s’est rétrécie, étiolée, ils rêvent d’avant et sont nostalgiques d’une époque révolue. Ils sont très critiques envers eux-mêmes et s’en veulent d’avoir laisser s’établir une situation qu’ils déplorent.

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