Retour à Chalon...
Nous voilà dans nos pénates,
fraîches et mouillées par les queues de tempêtes qui s’abattent sur la France.
Je dois avouer que je retrouve avec un certain plaisir le petit pull, le
parapluie et le ciel gris. Mais oui ! Après ce magnifique circuit marocain,
effectué en grande partie sous le ciel bleu et le soleil implacable, où tout le
monde se désole et attend la pluie avec une ferveur mâtinée de fatalisme, après
d’immenses étendues arides, je ressens le besoin de l’eau, de ses bienfaits.
Donc, la pluie et la grisaille de notre retour me comblent ! Peut-être
m’en lasserai-je aussi… si elle dure trop !
Après la valse des kilomètres nous entrons dans le tourbillon habituel, rythmé par nos activités et les rencontres qu’il faut insérer en un espace temps limité par nos voyages. Que du plaisir, donc, mais qui contraste avec le rythme long du voyage.
En 47 jours, et 23 étapes, nous
avons parcouru environ 8000 km de Chalon à Chalon donc un peu plus de 7000 au
Maroc , un circuit complexe, exhaustif et immersif, le plus souvent sur route et souvent des
routes toutes neuves et parfois sur pistes, plus ou moins bonnes. Les pistes
vont disparaître de l’univers marocain, du moins celles qui sont utiles
localement. Peut-être en laisseront-ils quelques-unes uniquement pour le
plaisir des visiteurs amateurs de 4x4 ?
Nous avons vu des paysages magnifiques et variés, des montagnes, des oasis, des déserts, des côtes rocheuses, des plages de sable. Nous avons vu un pays qui se transforme, qui mute très vite, avec des disparités flagrantes entre les villes et les campagnes, entre le nord et le sud, entre les grandes exploitations agroalimentaires de haute technicité des plaines, et les traditionnelles fermettes de l’Atlas qui survivent misérablement de leurs maigres troupeaux et des quelques terrasses cultivées, arrachées à grand labeur au sol ingrat.
Un pays de contrastes extrêmes, où tout le monde vénère le roi, ses actions, son engagement, mais critique son entourage, l’enrichissement et la corruption qui y règne.
Nous y avons aimé les gens, accueillants, aimables, chaleureux avec qui on bavarde facilement, de tout ou presque tout, il y a quand même des sujets qu’il ne vaut mieux pas aborder quand on est étranger, des questions à éviter… Nous avons bavardé essentiellement avec les hommes, les femmes restent encore souvent confinées à leurs tâches et parlent moins bien le français… sauf dans les villes, bien plus occidentalisées.
Les plaies du Maroc, la mendicité
et le quémandage des enfants et les rabatteurs, sévissent surtout à Marrakech
et dans l’Atlas. S’il est difficile d’en faire totalement abstraction, certains
rabatteurs à Tineghir se sont montrés particulièrement inventifs dans leur
façon de faire et très « collants », on parvient quand même à les
oublier et à profiter des paysages et de la vie intense des souks et des
marchés. Ces plaies sont la conséquence inévitable de l’extrême pauvreté d’une
partie des marocains, exclus de la croissance des villes et des plaines.
En conclusion ce fut un très beau voyage, qui nous a beaucoup plu, un des derniers sans doute que nous puissions faire en voiture, avec la liberté qu’elle apporte, la capacité d’improviser, de suivre ses intuitions, la permission de se perdre et de se tromper…
Un voyage libre, sans contrainte et plutôt confortable ! Certaines étapes ont été longues et fatigantes mais les gîtes à l’arrivée, toujours accueillants et reposants nous réconfortaient. Aucun ennui notable à signaler et un pays à recommander pour ceux qui se lasseraient de la pluie et des nuages…
Nous repartons bientôt, le 7
décembre, pour une tout autre destination : La Patagonie ! Hé, oui, l’été
patagon nous tente ! Si tout va bien, le voyage se prolongera en remontant
la côte ouest de l’Amérique du Sud, mais rien n’est sûr pour l’instant, c’est
un voyage très ouvert ! En tout cas, continuez à nous suivre sur le blog
et n’hésitez pas à diffuser !